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«Nous avons réussi!»
Blue Origin a lancé sa nouvelle fusée massive pour son premier vol d'essai jeudi, envoyant un prototype de satellite en orbite à des milliers de kilomètres au-dessus de la Terre.
Nommée d'après le premier Américain à avoir orbité autour de la Terre, la fusée New Glenn a décollé de Floride, s'élevant depuis la même plateforme que celle utilisée pour lancer les engins spatiaux Mariner et Pioneer de la NASA il y a un demi-siècle.
Fruit d'années de travail et d'un important financement du fondateur d'Amazon, Jeff Bezos, la fusée de 98 mètres (320 pieds) transporte une plateforme expérimentale conçue pour accueillir des satellites ou les placer sur leurs orbites respectives.
Les sept moteurs principaux ont été allumés au moment du décollage et la fusée a traversé le ciel avant l'aube, pour le plus grand plaisir des spectateurs massés sur les plages avoisinantes. Les employés de l'entreprise se sont mis à applaudir à tout rompre lorsque l'engin a réussi à atteindre son orbite 13 minutes plus tard, un exploit qui a été salué par Elon Musk, le patron de SpaceX.
M. Bezos a pris part à l'action depuis le centre de contrôle de la mission, les bras croisés, en regardant New Glenn s'envoler à travers une rangée de fenêtres.
«Nous avons réussi! Orbital», a écrit Dave Limp, PDG de Blue Origin, par l'intermédiaire de X.
We did it! Orbital. Great night for Team Blue. On to spring and trying again on the landing. (Here is another view!) pic.twitter.com/3AZGfkXQvB
— Dave Limp (@davill) January 16, 2025
Pour ce test, le satellite devait rester à l'intérieur du deuxième étage pendant qu'il tournait autour de la Terre. La mission devait durer six heures, le deuxième étage étant ensuite placé en condition de sécurité pour rester sur une orbite haute, hors de portée, conformément aux pratiques de la NASA visant à réduire au minimum les déchets spatiaux.
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Le premier étage a manqué son atterrissage sur une barge dans l'Atlantique quelques minutes après le décollage afin de pouvoir être recyclé, mais la société a souligné que l'objectif le plus important était que le satellite test atteigne son orbite. Bezos a déclaré avant le vol qu'il était «un peu fou» d'essayer de faire atterrir le booster du premier coup.
«C'est une excellente soirée pour l'équipe bleue. Au printemps, nous essaierons à nouveau de faire atterrir le booster», a expliqué M. Limp.
New Glenn devait s'envoler avant l'aube lundi, mais l'accumulation de glace dans des conduites critiques a entraîné un retard. La fusée est conçue pour transporter des engins spatiaux et éventuellement des astronautes en orbite et sur la Lune.
Fondée il y a 25 ans par Bezos, Blue Origin a lancé des passagers payants à la frontière de l'espace depuis 2021, y compris lui-même. Les courts trajets depuis le Texas utilisent des fusées plus petites qui portent le nom du premier Américain dans l'espace, Alan Shepard. New Glenn, qui rend hommage à John Glenn, est cinq fois plus grande.
Blue Origin a investi plus d'un milliard de dollars dans le site de lancement de New Glenn, en reconstruisant l'historique complexe 36 de la station spatiale de Cap Canaveral. L'aire de lancement se trouve à 14 kilomètres des centres de contrôle et de l'usine de fusées de la société, à l'extérieur des portes du Centre spatial Kennedy de la NASA.
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Blue Origin prévoit six à huit vols de New Glenn cette année, si tout se passe bien, le prochain étant prévu pour le printemps.
Lors d'une entrevue donnée en fin de semaine, M. Bezos a refusé de divulguer son investissement personnel dans le programme. Il a déclaré qu'il ne voyait pas Blue Origin en concurrence avec SpaceX de Musk, qui domine depuis longtemps le marché des lancements de fusées.
«Il y a de la place pour de nombreux gagnants», a affirmé M. Bezos dimanche soir depuis l'usine de fusées, ajoutant qu'il s'agissait du «tout début de cette nouvelle phase de l'ère spatiale, où nous allons tous travailler ensemble en tant qu'industrie [...] pour réduire le coût de l'accès à l'espace».
New Glenn est la dernière d'une série de nouvelles fusées de grande taille lancées ces dernières années, notamment Vulcan de United Launch Alliance, Ariane 6 améliorée par l'Europe et le Space Launch System (SLS) de la NASA, le successeur de la Saturn V de l'agence spatiale pour l'envoi d'astronautes sur la lune.
La plus grande fusée de toutes, d'une hauteur d'environ 123 mètres, est la fusée Starship de SpaceX. Musk a déclaré que le septième vol d'essai de la fusée complète pourrait avoir lieu plus tard jeudi depuis le Texas. Il espère répéter ce qu'il a réussi en octobre, à savoir attraper le suramplificateur de retour sur la rampe de lancement à l'aide de bras mécaniques géants.
Starship est le vaisseau que la NASA prévoit d'utiliser pour faire atterrir des astronautes sur la Lune dans le courant de la décennie. Lors des deux premiers alunissages prévus dans le cadre du programme Artemis de l'agence spatiale, qui fait suite aux missions Apollo des années 1960 et 1970, les équipages descendront de l'orbite lunaire jusqu'à la surface à bord de vaisseaux spatiaux.
L'atterrisseur de Blue Origin, baptisé Blue Moon, fera ses débuts lors du troisième contact des astronautes avec la Lune.
L'administrateur de la NASA, Bill Nelson, a insisté sur la concurrence entre les atterrisseurs lunaires, à l'instar de la stratégie consistant à confier à deux entreprises le transport des astronautes vers et depuis la Station spatiale internationale. Bill Nelson quittera ses fonctions lorsque le président élu Donald Trump entrera en fonction lundi.
Ce dernier a confié la direction de la NASA au milliardaire de la technologie Jared Isaacman. M. Isaacman, qui s'est déjà envolé deux fois en orbite à bord de ses propres vols SpaceX financés par des fonds privés, doit être approuvé par le Sénat.
Les débuts de New Glenn étaient censés permettre à la NASA d'envoyer deux vaisseaux spatiaux vers Mars. Mais l'agence spatiale les a retirés du vol prévu en octobre dernier lorsqu'il est devenu évident que la fusée ne serait pas prête à temps. Ils voleront tout de même à bord d'une fusée New Glenn, mais pas avant le printemps au plus tôt. Les deux petits engins spatiaux, baptisés Escapade, sont destinés à étudier l'atmosphère et l'environnement magnétique martiens en orbite autour de la planète rouge.