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Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes a qualifié les mises à pied de «tactique d’intimidation».
Le syndicat représentant les travailleurs de Postes Canada affirme que la société de la Couronne a mis à pied des employés en grève alors que le débrayage de plus de 55 000 travailleurs approche de la barre des deux semaines.
Dans un avis aux membres publié lundi, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) a qualifié les mises à pied de «tactique d’intimidation» et a déclaré qu'il examinait la situation.
La porte-parole de Postes Canada, Lisa Liu, a confirmé les mises à pied, affirmant qu'elles étaient temporaires.
Elle a déclaré que l'organisation avait informé les employés que les conventions collectives n'étaient plus en vigueur et que leurs conditions d'emploi avaient maintenant changé, conformément au Code canadien du travail – en référence à la section du code qui couvre les avis de lock-out.
L'impact sur l'entreprise a été considérable «avant et pendant cette grève», a affirmé Mme Liu, faisant valoir que Postes Canada a «pris des mesures pour ajuster ses opérations».
Ni le syndicat ni Postes Canada n'ont fourni de détails sur l'ampleur des mises à pied.
Plus tôt en novembre, Postes Canada a publié un avis de lock-out, mais a déclaré qu'elle n'avait pas l'intention de mettre en lock-out les employés, affirmant plutôt que l'avis permettrait à l'entreprise d'apporter des changements à ses activités afin de répondre aux effets d'une grève.
Des experts du travail jugent inusitée la décision de Postes Canada de procéder à des mises à pied.
«Étant donné que les travailleurs ne sont pas payés pendant qu'ils sont en grève, on ne sait pas pourquoi (Postes Canada) agit ainsi», a indiqué l'avocate en droit du travail et de l'emploi Deborah Hudson.
Mme Hudson a fait valoir que le Code canadien du travail protège les travailleurs contre les mises à pied en raison de leur participation à une grève.
«Si les mises à pied se poursuivent, elles entraîneront certainement des poursuites judiciaires de la part du syndicat», a-t-elle affirmé, comme des griefs ou une plainte pour pratique déloyale dans les relations de travail.
Dans ce cas, Postes Canada devra prouver qu'elle a mis à pied des travailleurs pour un motif sans lien avec la grève, a-t-elle noté.
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À première vue, Postes Canada semble enfreindre cet article du Code du travail, a affirmé David J. Doorey, professeur de droit du travail et de l'emploi à l'Université York, dans un courriel.
«Par conséquent, si le STTP conteste les mises à pied, Postes Canada aura besoin de preuves solides pour persuader la commission des relations de travail que les mises à pied ne sont absolument pas liées au fait que les travailleurs ont fait la grève. Il serait intéressant d'entendre cet argument», a-t-il déclaré.
Mme Liu a fait valoir que la grève a essentiellement mis fin aux activités de Postes Canada jusqu'à nouvel ordre. Le fait que les conventions collectives ne soient pas actuellement en vigueur «permet à Postes Canada d'ajuster ses activités en fonction de ses réalités opérationnelles et de ses besoins commerciaux», a-t-elle déclaré.
Mme Hudson a indiqué que l'organisation pourrait avoir décidé de procéder à des mises à pied en prévision de la fin de la grève, en anticipant des volumes considérablement plus faibles à court terme puisque d'autres transporteurs ont pris en charge les livraisons du Vendredi fou.
«Peut-être qu'ils anticipent une baisse de la charge de travail», a-t-elle noté.
La question est: «Sont-ils en mesure de prouver que cela justifie ou non ces mises à pied?»
Les grévistes ont un droit garanti de reprendre leur travail à la fin de la grève, a indiqué M. Doorey, «à moins que ces emplois n'existent plus».
«Il se peut qu'un manque de travail à ce moment-là entraîne le licenciement de certains employés, au moins temporairement, mais ce n'est qu'une hypothèse à ce stade», a-t-il soutenu.
Postes Canada a déclaré avoir dû renoncer à la livraison de millions de colis en raison de la grève.
L'un des principaux enjeux des négociations a été l'extension des livraisons de colis le week-end, mais le syndicat et Postes Canada ne s'entendent pas sur la manière de procéder.
Postes Canada a eu du mal à concurrencer les autres fournisseurs de services de livraison et a affiché une perte avant impôts de 315 millions $ au troisième trimestre. Elle a présenté les livraisons de fin de semaine comme un moyen d'augmenter ses revenus.
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La fin de la grève n'est pas en vue. Le ministre fédéral du Travail, Steven MacKinnon, a déclaré mercredi que le médiateur nommé par Ottawa n'aboutissait à rien, les parties étant trop éloignées sur des questions cruciales. Les pourparlers de médiation ont été temporairement suspendus et le gouvernement n'a pas l'intention d'intervenir.
M. MacKinnon a indiqué qu'il avait convoqué les deux parties à son bureau à Ottawa. Il a toutefois affirmé qu'une directive pour un arbitrage exécutoire n'était «pas dans les plans».
Le porte-parole Phil Rogers a indiqué, jeudi, que Postes Canada «envisageait ses options pour faire avancer les négociations avec une plus grande urgence et restait déterminée à négocier de nouvelles conventions collectives».
Entre-temps, la présidente du syndicat, Jan Simpson, a fait valoir, mercredi, dans une déclaration écrite, que le STTP se battait pour un service de qualité et de bons emplois à long terme.