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Politique

Poilievre veut sortir de l'ombre de Donald Trump en mettant «Le Canada d'abord»

Le conservateur a parlé du chef libéral Mark Carney comme d'un conseiller politique de Justin Trudeau et qu'un «libéral demeure un libéral».

Le chef conservateur Pierre Poilievre à la conférence de presse signalant le lancement de sa campagne électorale en vue de l'élection du 28 avril, le dimanche 23 mars à Gatineau.
Le chef conservateur Pierre Poilievre à la conférence de presse signalant le lancement de sa campagne électorale en vue de l'élection du 28 avril, le dimanche 23 mars à Gatineau.
/ La Presse canadienne

Brisant la tradition, le chef conservateur Pierre Poilievre est sorti des blocs dimanche avant-midi avant même que le premier ministre Mark Carney n’ait donné le signal de départ de la campagne électorale en se rendant chez la gouverneure générale pour dissoudre le parlement.

Cela ne l’a toutefois pas permis d’échapper à l’ombre de Donald Trump qui plane non seulement au-dessus de la campagne électorale, mais aussi de la manière dont lui-même fait campagne. 

Plusieurs questions des journalistes portaient d’ailleurs sur la façon dont il entend se défaire de cette image voulant qu’il ait des affinités avec le président américain, lui qui promet de réduire les taxes et impôts, de couper le nombre de fonctionnaires, d’exploiter les ressources naturelles et de réduire l’aide internationale du Canada, entre autres.

Associer les libéraux à Trump

«Je suis Canadien», a-t-il d’abord répondu avant d’affirmer qu’il veut «le contraire (de ce que) veut Donald Trump». Il a poursuivi en cherchant à associer les libéraux au président américain, soutenant que celui-ci «veut par exemple imposer des tarifs à nos entreprises, des taxes sur les entreprises canadiennes. Ce sont les libéraux qui veulent faire pareil, les libéraux qui veulent taxer nos entreprises en même temps que Donald Trump fait la même chose.»

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Il a pourtant répété à l’occasion de son lancement de campagne, dont le slogan sera «Le Canada d'abord pour faire changement», ses intentions de «couper les taxes et impôts» et «libérer les ressources naturelles», des thèmes chers au président américain. Il a ainsi promis d’enlever les plafonds sur la production pétrolière, de construire un pipeline est-ouest pour offrir le pétrole canadien aux Européens afin de réduire leur dépendance envers la Russie tout en réduisant la dépendance du Canada face au marché américain.

Il s’est toutefois montré prudent lorsqu’on lui a demandé s’il respecte Donald Trump: «Il faut travailler dans un esprit de respect avec n'importe quel président des États-Unis. Évidemment, les Américains achètent à peu près 75 % de nos produits. Nous sommes leur voisin. Je ne respecte pas le traitement qu'il a (fait subir) à notre pays et je réitère qu'on peut être à la fois respectueux, mais ferme et fort et je serai les trois.»

Reconnaissant que les Canadiens éprouvent de l’inquiétude, de la colère et de l’anxiété face aux propos belliqueux et annexionnistes de Donald Trump, il a dit partager ces sentiments tout en précisant qu’il fallait transformer ceux-ci en action. «Nous ne serons jamais un État américain», a-t-il affirmé avec force, affirmant que «nous ne cherchons pas la chicane, mais nous serons prêts si elle vient à nous.»

«Un libéral reste un libéral»

Les propos du chef conservateur ne laissent par ailleurs aucun doute sur sa stratégie d’associer Mark Carney au règne libéral de Justin Trudeau, qualifiant l’actuel premier ministre – non sans fondement – de conseiller économique de Justin Trudeau. «Un libéral reste un libéral», a-t-il martelé.

Il a parlé d'une «décennie perdue des libéraux» et a dit vouloir un Canada «fort, autonome et souverain pour tenir tête aux Américains».

Pierre Poilievre s’est présenté avec son épouse et ses deux enfants sous un soleil radieux sur le balcon du Musée des civilisations à Gatineau et a d’abord prononcé son allocution en français avec, derrière lui, la bibliothèque du Parlement, de l’autre côté de la rivière des Outaouais, autant de choix stratégiques pour le chef conservateur dont la formation a du mal à occuper l’espace politique au Québec.

Voies ensoleillées, version Poilievre

Pour le reste, M. Poilievre s’est concentré à répéter son message, qui n’est pas sans rappeler le discours des «voies ensoleillées» que Justin Trudeau avait lui-même emprunté à Sir Wilfrid Laurier après sa première élection en 2015. Il faudra donc s’habituer à entendre le chef conservateur répéter sa volonté d’offrir aux Canadiens «une belle maison», dans «un quartier sécuritaire», «protégé par nos braves soldats».

Cette formule, que le chef conservateur avance depuis un certain temps déjà, s’associe à sa promesse d’exempter les nouvelles maisons de la taxe sur les produits et services (TPS), de construire des logements et restreindre l’immigration dans l’espoir d’augmenter l’offre, réduire la demande et ultimement voir le prix des loyers diminuer.

Et bien que le tout premier geste du premier ministre Carney fut d’abolir la taxe carbone, Pierre Poilievre promet quand même toujours de l’abolir à son tour, accusant Mark Carney de l’avoir tout simplement cachée pour la durée de la campagne électorale, puisque la loi qui l’a introduite est toujours en vigueur.