Début du contenu principal.
Comment est-ce possible?
Un «pourcentage élevé» de personnes affirmant n’avoir jamais contracté la COVID-19 présenteraient tout de même des symptômes caractéristiques de la COVID longue, rapporte une étude réalisée par un professeur à la Faculté de médecine de l’Université Laval.
Publiées dans la revue Nature Communications, les données indiquent que près de 21% des personnes étudiées qui s’étaient présentées à l’urgence pour des problèmes de santé non liés à une infection respiratoire et qui ne croyaient jamais avoir eu la COVID-19 avaient bel et bien l’un des symptômes de la COVID longue. Comment est-ce possible?
À voir également - Une nouvelle clinique pour traiter la COVID longue
«Il y a une mince possibilité qu’une partie de ces personnes aient eu une COVID-19 asymptomatique dans les mois qui ont suivi leur visite à l’urgence, mentionne l’auteur de l’étude Patrick Archambault par voie de communiqué. Par contre, je crois que ce résultat démontre surtout le manque de spécificité de la définition de la COVID longue. Le résultat est qu’il y a possiblement un surdiagnostic de cette maladie.»
Le professeur Archambault soutient que cette étude tente de prouver que des patients auraient pu se faire faussement attribuer un diagnostic de COVID longue, ce qui pourrait avoir un impact considérable chez certaines personnes.
«D’une part, les personnes dont les symptômes sont faussement attribués à la COVID longue pourraient ne pas recevoir le traitement qui conviendrait à leur condition, déplore-t-il. D’autre part, le surdiagnostic de la COVID longue peut nuire aux efforts visant à mieux comprendre et à mieux traiter cette maladie.»
L’étude a analysé 6723 patients qui s’étaient présentés à l’urgence dans 33 centres hospitaliers participants à l’étude entre le 18 octobre 2020 et le 28 février 2022.
Ces patients ont été divisés en deux groupes; un premier composé de 3933 sujets ayant eu un test positif à la COVID au cours des 14 jours précédant leur visite, au moment de leur visite ou dans les 14 jours suivants la visite à l’hôpital.
«Les 2790 autres sujets, qui formaient le groupe témoin, avaient eux aussi été soumis à un test de COVID-19 pendant cette période, mais le résultat était négatif», peut-on lire.
«De plus, ils ont rapporté ne pas avoir eu un résultat positif au test de COVID-19 pendant toute la durée de leur participation à l’étude, soit entre 6 et 12 mois», explique M. Archambault.
L’étude révèle que 39% des personnes du groupe COVID-19 répondaient aux critères diagnostiques de la COVID longue. «Des médecins qui auraient examiné ces personnes auraient pu conclure, sur la base de la définition de l’OMS, qu’elles avaient la COVID longue», lance le chercheur.
Le communiqué rappelle que les symptômes de la COVID longue sont la distorsion du goût, la perte de l’odorat, la toux persistante, des étourdissements, des douleurs, des troubles du sommeil, des difficultés à se concentrer, des problèmes de mémoire, un essoufflement ou encore une fatigue disproportionnée après un effort physique.
«Ces symptômes doivent être nouvellement apparus après une infection confirmée ou soupçonnée à la COVID-19, ils doivent être encore présents trois mois après l’infection, ils doivent durer depuis au moins deux mois et ne pas être attribuables à une autre condition», ajoute Patrick Archambault.
Le professeur soutient que «d’ici à ce qu’on dispose de biomarqueurs valides pour la COVID longue, il faut continuer de tester, pendant la phase aiguë de la maladie, tous les patients et patientes chez qui on soupçonne une COVID-19».
«On éviterait ainsi d’inclure parmi ceux et celles souffrant de COVID longue des personnes qui n’ont pas eu la COVID-19.»