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C'est ce qu'a constaté le vérificateur général par intérim, Alain Fortin.
Des millions de Québécois ne bénéficient pas d'un accès à un service de premiers répondants et près de la moitié des interventions des ambulanciers auprès de cette population prennent plus de 10 minutes à effectuer.
Il s’agit ici d’un des constats faits par le vérificateur général par intérim, Alain Fortin, qui s’est notamment penché sur la question des services ambulanciers au Québec.
«Une réponse rapide aux appels très urgents permet de diminuer les décès et de réduire la période et les dépenses d’hospitalisation, ainsi que les risques de séquelles à long terme», précise-t-on dans le rapport tout en ajoutant qu'une intervention de plus de 10 minutes auprès d'une personne en arrêt cardiorespiratoire rend ses chances de survie presque «nulles».
Or, avance le VG, 45 % des appels «très urgents» dans les municipalités non desservis par les services de premiers répondants, les ambulanciers ont pris plus de 10 minutes avant d'arriver auprès du patient.
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M. Fortin souligne que «les services ambulanciers gagneraient en efficacité si le temps passé dans les urgences était réduit, et si le recours à des modes alternatifs de services était plus répandu».
Entre 2020 et 2024, les ambulanciers du Québec ont passé en moyenne la moitié du temps de leurs interventions dans les urgences à attendre que leur patient soit pris en charge et à remettre en état leur véhicule.
Pour près du quart de ces interventions, le temps passé à l'urgence dépassait une heure.
Deux des trois établissements audités par le vérificateur ont en outre effectué un nombre «nettement insuffisant» de vérifications sur la qualité des interventions réalisées par les ambulanciers, peut-on lire dans le rapport.
Le VG souligne aussi qu'un élargissement des services de transports alternatifs et de la paramédicine permettrait «de ne pas monopoliser des ambulances pour des cas non urgents».
Bien que la loi le prévoie depuis 2002, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) n’a toujours pas adopté de règlement pour encadrer le transport alternatif.
Les partis d'opposition à l'Assemblée nationale n'ont pas tardé à dénoncer un «fouillis». En mêlée de presse, le député Vincent Marissal, de Québec solidaire, a martelé qu'une vie à Trois-Pistoles était tout aussi importante qu'une vie en milieu urbain.
«Il y a des gens au Québec qui n'ont pas de services. (...) Ça fait des années que ça dure. Ça n'intéresse pas le gouvernement. Je ne sais pas combien de fois j'en ai parlé au ministre de la Santé Christian Dubé. C'est la dernière de ses priorités», a-t-il affirmé.
Selon M. Marissal, le Plan d'action gouvernemental du système préhospitalier d'urgence, qui vise à augmenter à 80 % la part de la population québécoise couverte par un service de premiers répondants d'ici 2028, est «un échec sur toute la ligne».
«On est très, très loin des résultats, a-t-il souligné. Ce qu'on dit, c'est: "T'habites en région, t'as pas de premiers répondants, il n'y a pas de temps pour aller te chercher. Si tu tombes malade, (...) bonne chance". C'est ça qu'on dit aux gens.»
Le chef libéral intérimaire Marc Tanguay a quant à lui relevé le fait que le ministère de la Santé n'a pas de cibles pour les temps de réponse dans les cas «très urgents». Pourtant, des cibles existent pour les cas «non urgents» et «urgents».
À la période des questions jeudi, le premier ministre François Legault a avancé que la cible pour les cas `très urgents' était de huit minutes, une information aussitôt contredite par le vérificateur.
«On va dans la bonne direction, a déclaré M. Legault. Mais on comprend, Mme la Présidente, puis les Québécois peuvent comprendre qu'avec la grandeur du territoire à couvrir, on ne peut pas avoir une ambulance à chaque coin de rue au Québec.»
«Il n'a pas de cible», a tranché Alain Fortin, qui rappelle que le gouvernement a confié à l'Institut national d'excellence en santé et en services sociaux (INESSS) le mandat de lui en recommander une d'ici 2026.
Dans un communiqué distribué aux journalistes jeudi, M. Dubé a plaidé que les ajustements apportés au contrat de services avec les entreprises ambulancières ont permis de réduire de 20 % le délai pour qu'une ambulance soit en route vers un appel urgent.