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Le souverain pontife décide de ne pas ouvrir une «enquête canonique pour agression sexuelle» par l’homme fort québécois du Vatican, faute «d’éléments suffisants».
Le pape François exclut une enquête canonique sur le cardinal Marc Ouellet pour agression sexuelle, faute «d’éléments suffisants», a annoncé le porte-parole du Vatican, Matteo Bruni.
C’est la décision du Saint-Père à la suite d’une enquête préliminaire menée par le père jésuite Jacques Servais. Le Vatican note que les accusations portées par une femme contre le haut placé québécois «datent d’il y a plus de 10 ans, alors qu’il était archevêque du Québec».
«Il n'y a aucun motif fondé pour ouvrir une enquête pour agression sexuelle de la personne F. de la part du cardinal Marc Ouellet. Ni dans son rapport écrit et envoyé au Saint-Père, ni dans le témoignage via Zoom que j'ai recueilli par la suite en présence d'un membre du Comité diocésain ad hoc, cette personne n'a porté une accusation qui fournirait matière à une telle enquête», a déclaré le pape.
Le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni, a confirmé que les allégations contre Marc Ouellet avaient été portées à l'attention du Vatican et avaient fait l'objet d'une enquête par un théologien jésuite, le révérend Jacques Servais. M. Servais a déterminé qu'il n'y avait aucune raison de poursuivre une enquête ou un procès canonique, a déclaré M. Bruni.
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«F.», c’est une agente pastorale qui avance avoir été agressée par Mgr Ouellet, dont le nom fait partie d’une liste de personnes visées par des demandes d’action collective contre les frères des écoles chrétiennes du Canada francophone et le Diocèse de Québec pour agressions sexuelles.
L'allégation qui concerne directement le cardinal Ouellet, qui est parmi les candidats pour succéder au pape François, décrit des événements survenus entre 2008 et 2010, et vécus par cette agente de pastorale du Diocèse de Québec, qui dit avoir été agressée par Mgr Ouellet et l'abbé Léopold Manirabarusha.
Questionné sur la poursuite, M. Servais a déclaré être parvenu à cette conclusion après avoir lu les allégations écrites de la femme, identifiée comme `F', et l'avoir interrogée via Zoom en présence d'un membre d'un comité diocésain.
«Cette personne n'a pas porté une accusation qui fournirait matière à une telle enquête», a déclaré M. Servais dans un communiqué du Vatican.
«F.» était dans la vingtaine au moment des faits allégués et témoigne notamment d'un événement où Mgr Ouellet lui aurait dit que «c'était la deuxième fois qu'ils [se voyaient] cette semaine et qu'il [pouvait] bien l'embrasser à nouveau, car "il n'y a pas de mal à se gâter un peu"», avant de l'embrasser et glisser «une main dans son dos, jusqu'à ses fesses».
Le pape François aurait précédemment demandé d'enquêter sur les agissements du cardinal qui a été nommé préfet de la Congrégation des évêques à Rome en 2010, le premier Québécois à devenir préfet d'une congrégation romaine.
La demande introductive d'instance en action collective souligne que «le père Jacques Servais semble avoir peu d'information et de formation sur les agressions sexuelles en plus d'être possiblement un collaborateur du cardinal Marc Ouellet» et qu'en date de l'été 2022, «aucune conclusion concernant les plaintes contre le cardinal Marc Ouellet n'a été transmise à F».
D’après la documentation reliée aux demandes d’action collective, il y a une centaine de victimes alléguées d’agressions sexuelles commises par des dizaines de prêtres ou membres du personnel du Diocèse de Québec.
Les demandes d’action collective comprennent la description d'une dizaine de cas troublants d’agression sexuelle survenus un peu partout à travers la province. On y décrit de la masturbation forcée, des attouchements et de la violence, entre autres.
Depuis la diffusion de ces demandes, d'autres femmes se sont manifestées avec des témoignages similaires contre des membres du clergé québécois.
Au moins trois femmes ont déposé des plaintes pour agression sexuelle contre l'archidiocèse de Montréal depuis que les allégations contre le cardinal Ouellet ont été rendues publiques, a confirmé l'ombudsman de l'archidiocèse de Montréal, Christine Kirouack.
L'Église catholique a mis au point des procédures pour enquêter et sanctionner les prêtres accusés d'inconduite sexuelle avec des mineurs, mais elle prend rarement des mesures punitives contre les religieux accusés d'inconduite sexuelle avec des adultes.
Justin Wee, un avocat de la femme, a indiqué que sa cliente était déterminée à prouver ses allégations devant un tribunal civil.
«Elle est très déçue, a-t-il déclaré. Mais elle sait qu'il n'y a pas d'autre choix que d'aller devant un tribunal civil.»
Me Wee a dit qu'elle n'avait pas porté plainte à la police.
«C'est à elle de décider», a-t-il dit lorsqu'on lui a demandé pourquoi elle n'était pas allée à la police, ajoutant qu'elle avait d'abord déposé sa plainte auprès de l'archidiocèse de Québec.
Avec de l'information de La Presse canadienne