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ONU: une résolution sur l'aide à Gaza sans appel à la suspension des hostilités

L'ambassadrice américaine, Linda Thomas-Greenfield, soulagée, a déclaré au conseil : «C'était difficile, mais nous y sommes arrivés».
L'ambassadrice américaine, Linda Thomas-Greenfield, soulagée, a déclaré au conseil : «C'était difficile, mais nous y sommes arrivés».

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Associated Press
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Le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies (ONU) a adopté vendredi une résolution édulcorée appelant à accélérer immédiatement la livraison de l'aide aux civils affamés et désespérés à Gaza, mais sans l'appel initial à une «suspension urgente des hostilités» entre Israël et le Hamas.

Le vote, longtemps retardé au sein du conseil composé de 15 membres, a été de 13 contre zéro, les États-Unis et la Russie s'étant abstenus. L’abstention américaine a permis d’éviter un troisième veto américain sur une résolution à Gaza à la suite des attaques-surprises du Hamas le 7 octobre en Israël. La Russie souhaitait le rétablissement d'un langage plus fort, ce qui n'était pas le cas des États-Unis.

Pourtant, «c'était le miracle de Noël que nous espérions tous», a déclaré l'ambassadrice des Émirats arabes unis, Lana Nusseibeh, qui a parrainé la résolution. Elle a soutenu que cela enverrait un signal à la population de Gaza, indiquant que le Conseil de sécurité s'efforçait d'alléger leurs souffrances.

La résolution est le point culminant d’une semaine et demie de diplomatie de haut niveau menée par les États-Unis, les Émirats arabes unis au nom des nations arabes et d’autres. Le vote, initialement prévu lundi, a été repoussé chaque jour jusqu'à vendredi.

L'ambassadrice américaine, Linda Thomas-Greenfield, soulagée, a déclaré au conseil : «C'était difficile, mais nous y sommes arrivés».

Elle a dit que le vote renforce les efforts «visant à atténuer cette crise humanitaire, à acheminer une aide vitale à Gaza et à faire sortir les otages de Gaza, à faire pression pour la protection des civils innocents et des travailleurs humanitaires, et à œuvrer pour une paix durable».

«Il est difficile d’exagérer l’urgence de cette situation, a affirmé Mme Thomas-Greenfield. Cette résolution témoigne de la gravité de cette crise et elle nous appelle tous à en faire davantage.»

Le vote a eu lieu immédiatement après que les États-Unis ont opposé leur veto à un amendement russe qui aurait rétabli l'appel à suspendre immédiatement les hostilités. Ce vote a réuni 10 pays pour, les États-Unis contre et quatre abstentions.

L’ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzia, a qualifié la résolution de «totalement édentée» et a accusé les États-Unis de «conduite honteuse, cynique et irresponsable» et de recours à des tactiques «de pression grossière, de chantage et de torsion de bras».

Il a déclaré que la résolution «donnerait essentiellement aux forces armées israéliennes une totale liberté de mouvement pour le nettoyage de la bande de Gaza». La Russie y aurait opposé son veto, a-t-il déclaré, si elle n'avait pas été soutenue par un certain nombre de pays arabes.

Ainsi, la résolution a été privée de sa disposition clé avec du mordant : l’appel à «la suspension urgente des hostilités pour permettre un accès humanitaire sûr et sans entrave, et à des mesures urgentes vers une cessation durable des hostilités».

Au lieu de cela, elle appelle «à des mesures urgentes pour permettre immédiatement un accès humanitaire sûr, sans entrave et élargi, et également pour créer les conditions d’une cessation durable des hostilités». Les étapes ne sont pas définies, mais les diplomates ont déclaré qu’il s’agissait de la première référence du conseil à l’arrêt des combats.

L'ambassadeur Riyad Mansour, l'envoyé palestinien à l'ONU, a déclaré qu'il avait fallu 75 jours au Conseil de sécurité «pour enfin prononcer les mots "cessation des hostilités"», soulignant que les Palestiniens et les pays arabes soutenaient l'amendement russe.

«Cette résolution est un pas dans la bonne direction» en raison de ses importantes dispositions humanitaires, a soutenu M. Mansour. « Elle doit être mise en œuvre et doit être accompagnée de pressions massives pour un cessez-le-feu immédiat», a-t-il ajouté.

Les livraisons d'aide humanitaire au coeur des discussions

Le Hamas a qualifié la résolution de «mesure insuffisante» qui «ne répond pas aux exigences de l’état catastrophique provoqué par la machine militaire terroriste à Gaza». Le groupe militant a accusé les États-Unis de défier la communauté internationale et d'empêcher le Conseil d'exiger l'arrêt de la guerre, dans un communiqué publié sur son site web.

L’ambassadeur adjoint d’Israël à l’ONU, Brett Jonathan Miller, a critiqué le Conseil de sécurité pour ne pas avoir condamné le Hamas pour ses attaques du 7 octobre au cours desquelles environ 1200 personnes ont été tuées et environ 240 autres prises en otages.

La résolution, plus généralement, «déplore toutes les attaques contre des civils et des biens de caractère civil ainsi que toutes les violences et hostilités contre les civils, ainsi que tous les actes de terrorisme». Elle exige également la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages.

Sur un point de friction important concernant l'acheminement de l'aide, la résolution a supprimé une demande antérieure visant à ce que l'ONU «surveille exclusivement tous les envois d'aide humanitaire à Gaza effectués par voie terrestre, maritime et aérienne» par des parties extérieures, afin de confirmer leur caractère humanitaire.

Ces propos ont remplacé une demande adressée au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, de nommer rapidement un coordinateur chargé de surveiller les livraisons de secours à Gaza qui ne proviennent pas des parties au conflit – Israël et le Hamas – afin de vérifier qu’il s’agit de biens humanitaires. Elle demande au coordinateur d’établir un «mécanisme» pour accélérer les livraisons d’aide et exige qu’Israël et le Hamas coopèrent avec le coordinateur.

M. Miller a affirmé que «l’aide humanitaire afflue à Gaza chaque jour» et qu’Israël est prêt à augmenter le nombre de camions d’aide entrant sur le territoire et que le seul obstacle est «la capacité de l’ONU à les accepter». Il a souligné que «toute amélioration du contrôle de l’aide de l’ONU ne peut se faire au détriment des inspections de sécurité d’Israël».

M. Guterres a rétorqué lors d'une conférence de presse que c'était une erreur de mesurer l'efficacité de l'opération humanitaire à Gaza par le nombre de camions.

«Le vrai problème est que la manière dont Israël mène cette offensive crée des obstacles massifs à la distribution de l’aide humanitaire à l’intérieur de Gaza», a indiqué le chef de l’ONU. Il a dit que les quatre éléments d'une opération d'aide efficace n'existent pas : la sécurité, le personnel capable de travailler en toute sécurité, la capacité logistique, notamment les camions, et la reprise de l'activité commerciale sur le territoire.

Le secrétaire général a réitéré son appel de longue date à un cessez-le-feu humanitaire. Il a exprimé l'espoir que la résolution de vendredi puisse aider à atteindre cet objectif, mais a déclaré que «beaucoup plus est nécessaire immédiatement» pour mettre fin au «cauchemar» actuel de la population de Gaza.

M. Guterres a affirmé que Gaza est confrontée à «une catastrophe humanitaire» et a averti qu’un effondrement total du système de soutien humanitaire entraînerait «un effondrement complet de l’ordre public et une pression accrue en faveur de déplacements massifs vers l’Égypte».

Selon un rapport publié jeudi par 23 agences de l’ONU et humanitaires, la totalité des 2,2 millions d’habitants de Gaza sont en crise alimentaire ou pire, et 576 600 personnes sont à un niveau de famine «catastrophique». Alors que l’approvisionnement de Gaza est interrompu, à l’exception d’un petit filet, le Programme alimentaire mondial des Nations unies a déclaré que 90 % de la population se retrouve régulièrement sans nourriture pendant une journée entière. M. Guterres a dit vendredi que «quatre personnes sur cinq parmi les personnes les plus affamées dans le monde sont à Gaza».

Plus de 20 000 Palestiniens ont été tués depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé de Gaza. Le Hamas contrôle la bande de Gaza et son ministère de la Santé ne fait pas de différence entre les morts de civils et de combattants. Des milliers de Palestiniens supplémentaires reposent sous les décombres de Gaza, estime l’ONU.

La résolution réitère «l'engagement inébranlable du Conseil de sécurité en faveur de la vision d'une solution à deux États dans laquelle deux États démocratiques, Israël et la Palestine, vivent côte à côte en paix au sein de frontières sûres et reconnues». Elle souligne «l'importance d'unifier la bande de Gaza avec la Cisjordanie sous l'Autorité palestinienne».

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Associated Press
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