Début du contenu principal.
Vous pouvez refiler certaines factures à votre assureur.
Le verglas qui s’est abattu mercredi sur la province a privé plus d’un million de foyers québécois de courant. Les pannes, qui pourraient se poursuivre pendant plusieurs jours dans certaines régions, forceront de nombreux Québécois à jeter le contenu de leur réfrigérateur et de leur congélateur. Peut-on refiler la facture à son assureur?
Tempête de verglas | Suivez notre couverture complète
«Absolument», répond d’emblée Maryse Rivard, la présidente du Regroupement des cabinets de courtage d’assurance du Québec. Mais vaut mieux bien peser le pour et le contre avant de se précipiter sur son téléphone pour faire une réclamation.
D’abord, la franchise fixée à votre contrat d’assurance est applicable en tout temps. Il faut donc avoir un réfrigérateur bien garni pour espérer recevoir un montant d’argent substantiel.
«Avant, on avait souvent un maximum de 200$ par réfrigérateur et la franchise ne s’appliquait pas», se remémore Mme Rivard, qui pratique comme courtière depuis plus de 40 ans.
La crise a poussé les assureurs à revoir leurs pratiques, notamment en changeant les dispositions sur la couverture de nourriture gaspillée. Depuis, elle dit voir beaucoup moins souvent ces réclamations.
Autre fait à noter: cette «petite» réclamation pourrait se faire sentir sur votre prime d’assurance lors de votre prochain renouvellement. Aux yeux de votre assureur, «ça a le même impact que si vous faites une réclamation de 10 000$», lance Mme Rivard.
C’est le nombre et la fréquence des réclamations qui a une incidence sur notre dossier d’assurance, et non le montant réclamé. «Les assureurs bonifient les assurés qui n’ont aucune réclamation», rappelle la courtière.
«J’y penserais vraiment à deux fois avant de réclamer 200$ de nourriture», martèle-t-elle.
Si vous décidez néanmoins de réclamer le contenu de votre congélateur à votre assureur, il faudra penser à prendre des photos des produits (et idéalement les peser) avant de tout jeter.
Si une panne de courant vous force à quitter votre domicile, vous ne pourrez malheureusement pas envoyer vos factures d’hôtel ou de restaurant à votre assureur.
«Les frais de subsistance supplémentaires ne vont s’appliquer que s’il y a un sinistre couvert», explique Mme Rivard. Si un arbre s’abat sur votre maison et la rend inhabitable, par exemple, vous pourrez alors réclamer les frais liés à votre relocalisation, en plus des sommes nécessaires pour réparer les dégâts.
«Ça avait été un très grand débat pendant le verglas», se souvient Mme Rivard. Comme le Bureau d’assurance du Canada avait statué que ces frais ne seraient pas remboursés, le gouvernement provincial de Lucien Bouchard avait décidé de distribuer des bons de subsistance de 70$ par semaine aux citoyens touchés.
En outre, les frais liés au ramassage des branches ou à l’émondage d’arbres cassés ne sont couverts que lorsqu’ils s’abattent sur votre maison ou votre véhicule. «Si votre arbre centenaire s’abat sur votre terrain sans endommager votre maison, vous ne pourrez pas réclamer les frais pour le faire ramasser, ni la valeur de l’arbre comme tel», explique-t-elle.
Ne songez pas non plus à réclamer la valeur de vos plantes mortes de froid pendant une panne d’électricité. Et pensez à débrancher vos appareils électroniques avant que le courant revienne! Si une surcharge de courant endommage votre télévision ou votre ordinateur, ceux-ci ne seront pas couverts.
Avec plus d’un million de foyers touchés, la crise actuelle est l’une des plus importantes depuis le fameux verglas de 1998. Maryse Rivard doute toutefois qu’elle sera aussi onéreuse pour les compagnies d’assurance. À l’époque, la pluie verglaçante s’était abattue sur la province pendant cinq jours.
La courtière pratiquait à l’époque au coeur du «triangle noir», en Montérégie, et affirme avoir géré des dossiers liés à la crise pendant un an, en plus d’avoir été elle-même sinistrée.
«Pas besoin de vous dire que mon verglas, je vais m’en rappeler longtemps!», lance-t-elle.