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Société

L'Université de Montréal conservera le don lié à une ingérence chinoise présumée

L'Université de Montréal affirme qu'elle conservera un don provenant de deux hommes d'affaires chinois qui ont été liés à un présumé complot.

L'Université de Montréal dit qu'elle n'a pas été en mesure de confirmer les allégations de sources anonymes.
L'Université de Montréal dit qu'elle n'a pas été en mesure de confirmer les allégations de sources anonymes.
Jacob Serebrin
Jacob Serebrin / La Presse canadienne

L'Université de Montréal affirme qu'elle conservera un don provenant de deux hommes d'affaires chinois qui ont été liés à un présumé complot du gouvernement chinois visant à influencer le premier ministre Justin Trudeau.

L'Université de Montréal dit qu'elle n'a pas été en mesure de confirmer les allégations de sources anonymes liées au service de renseignement canadien rapportées dans le Globe and Mail, selon lesquelles le don faisait partie d'une opération d'ingérence politique.

L'université soutient qu'il serait difficile de rembourser l'argent et que cela pourrait constituer une violation de la Loi de l’impôt sur le revenu.

L'école affirme avoir reçu 550 000 $ sur les 800 000 $ promis: un montant de 750 000 $ devait servir à créer un fonds de bourses destinées à des étudiants de la Faculté de droit et au autre de 50 000 $ à ériger une statue de Pierre Elliott Trudeau, l'ancien premier ministre qui a étudié et enseigné à l'université et qui était le père de l'actuel premier ministre.

Le dernier versement de 250 000 $, qui était payable dans l’année 2018-2019, n’a jamais été fait.

Un communiqué de presse publié jeudi par l'université indique que seules quatre bourses ont été attribuées grâce à ce don et que le solde actuel du fonds — près de 507 000 $ — sera désormais utilisé à d'autres fins notamment des «projets visant à contribuer au développement des connaissances sur la démocratie dans le monde».

L'université estime qu'elle se donne la liberté de poursuivre ses activités de recherche et d'enseignement en lien avec l'action internationale et la démocratie en prenant la décision de réaffecter le montant toujours disponible dans le Fonds sino-canadien des bourses d’études Bin Zhang-Niu Gensheng.

Le communiqué précise par ailleurs que le nombre de candidats qualifiés pour la bourse a été réduit et que la pandémie a suspendu la mobilité internationale. «Quant au projet de statue, des travaux préliminaires de conception ont été entamés, mais il est vite apparu que les fonds réservés à cette fin étaient insuffisants pour la réalisation de l’œuvre», mentionne le communiqué.

«Un don pas inusité»

La semaine dernière, tous les membres du conseil d’administration de la Fondation Pierre Eliott Trudeau, dont sa PDG, ont démissionné en raison d'un don lié à l'opération d'ingérence présumée.

«Le don reçu en 2016 n’était pas inusité, souligne dans un communiqué le recteur de l’UdeM, Daniel Jutras. Si l’on se reporte à l’époque, les universités, les entreprises et les gouvernements multipliaient les ententes et les missions avec la Chine afin de resserrer les liens entre les pays.».

M. Jutras est d'avis que le regard porté aujourd'hui sur certains de ces projets «est manifestement différent».

«Si l’Université de Montréal a été flouée dans la conclusion de l’entente de don, une hypothèse qui demeure encore invérifiable, c’est bien malgré elle. Cela dit, jamais l’Université de Montréal n’a abdiqué sa liberté d’action», dit-il.

La genèse du don controversé nous ramène en 2014. Le vice-recteur aux affaires internationales de l’époque, Guy Lefebvre, convient avec un homme d’affaires, Zhang Bin, de créer un fonds pour des bourses de la Faculté de droit et d’une statue en hommage à Pierre Elliott Trudeau, qui a également été l’un des premiers chefs d’État occidentaux à établir «de véritables relations diplomatiques avec la République populaire de Chine».

Le même genre de don avait été fait par la même personne à l’Université de Toronto en 2013. Il s'agissait d'un don de 800 000 $ destiné aux bourses à la Faculté de médecine et pour réaliser une statue en hommage à Norman Bethune, un diplômé de cette faculté considéré comme un héros en Chine.

Selon M. Lefebvre, c’est l’Université de Montréal qui a sollicité la Fondation Pierre Elliott Trudeau, «après avoir conclu un premier accord avec le donateur pour obtenir l’autorisation d’utiliser le nom et l’image de M. Trudeau», indique le communiqué de l'université transmis aujourd'hui.

Un deuxième donateur, Niu Gensheng, s’est ajouté au don. L'Université de Montréal assure que le traitement fiscal du don était conforme à la loi.

Jacob Serebrin
Jacob Serebrin / La Presse canadienne