Début du contenu principal.
Le rapport du comité, composé de plusieurs députés, demande à ce qu’on change la culture des initiations dans le milieu du hockey junior majeur.
Des changements de gouvernance et de culture importants doivent s’opérer au sein de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), selon le rapport de la Commission de la culture et de l’éducation.
Le rapport de la commission, qui était composée de plusieurs députés, demande à ce qu'on change la culture des initiations dans le milieu du hockey junior majeur. On recommande que les «fédérations sportives élaborent une politique sur le bizutage et les pratiques d'initiations inappropriées».
On veut mettre fin aux actes dégradants et violents lors des initiations comme les actes sexuels réels ou simulés, les tatouages, les insultes, la privation de sommeil, etc.
Le rapport recommande également de mettre fin aux jeux de calage d'alcool ou à la consommation de drogues.
On souhaite aussi que «la LHJMQ se dote d'un mécanisme indépendant et externe de traitement des plaintes comprenant des possibilités de sanctions» et que «des ressources d'aide soient facilement accessibles pour les joueurs».
En février dernier, la LHJMQ a été éclaboussée par plusieurs allégations d'initiations dégradantes et violentes que des joueurs auraient fait subir à des recrues. On parle ici de violences sexuelles, d'actes de discrimination et d'autres formes d'abus.
Selon ce qui a été entendu en Cour supérieure de l'Ontario, de jeunes joueurs ont été torturés, séquestrés de force, rasés, dénudés, drogués, intoxiqués, agressés physiquement et sexuellement et forcés de boire de l'urine, notamment.
La controverse a même eu raison du commissaire de la LHJMQ, Gilles Courteau, qui a cédé les rênes de l'organisation à Mario Cecchini en mars dernier. Sa démission est survenue dans la foulée de son témoignage lors de la commission parlementaire portant sur les violences dans le hockey junior à l'Assemblée nationale.
Avant sa démission, il avait annoncé que son organisation s'engageait à adopter un «code du vestiaire» afin d'éviter les initiations dégradantes et de briser la culture du silence au sein de ses équipes.
Le député libéral Enrico Ciccone, qui siégeait à la commission, a lancé un avertissement aux dirigeants de la ligue. «Le message qu'on envoie aujourd'hui c'est: ''Gouvernez-vous parce que sinon on va passer à une autre étape"», a-t-il affirmé mardi en point de presse à l'Assemblée nationale lors de la présentation du rapport.
L'élu de Marquette a dit que si cela était nécessaire, les dirigeants de la ligue pourraient être convoqués de nouveau en commission. «Personne n'aime ça se retrouver devant une commission.»
Le rapport recommande que le conseil d'administration de la ligue soit «soit complètement indépendant et ne comprenne pas une majorité de propriétaires, ni de membres du personnel des équipes».
«Avec un CA indépendant, c'est comme un chien de garde», a expliqué M. Ciccone.
On souhaite également que plus de femmes et de minorités culturelles y siègent. «On veut casser le moule du ''boys club''», a affirmé le député solidaire, Vincent Marissal, qui était également présent aux travaux de la commission.
La ministre québécoise du Sport, Isabelle Charest, accueille favorablement ce rapport. «Je suis convaincu que le travail a été fait de façon sérieuse. Évidemment, tout ce qu'on peut mettre en œuvre pour améliorer la situation, on va le faire», a-t-elle affirmé à l'Assemblée nationale mardi.
Ce rapport fait suite à des consultations de la commission qui se sont tenues en février et en mars dernier. Quinze personnes et groupes ont été entendus. Six mémoires ont aussi été déposés.
«Les témoins entendus sont unanimes sur la nécessité de changer la culture des initiations qui prévaut notamment dans le milieu du hockey junior», peut-on lire dans le document.
Le rapport indique que tous les sports sont touchés par des cas de violence ou d'abus. «Le phénomène des initiations violentes n'est pas exclusif au hockey, mais la popularité de ce sport explique en partie le plus grand nombre de faits et gestes potentiels. Bien que peu de cas soient rapportés, certaines statistiques confirment l'existence d'un réel problème.»
On affirme également qu'il y a un «consensus sur la présence d'une culture qui favorise les débordements lors des initiations dans le milieu du hockey junior».
«Cette culture se caractérise notamment par une relation inégalitaire entre les recrues et les vétérans, de même que par la survalorisation de la victoire. Ces caractéristiques favorisent l'apparition et la banalisation de comportements déviants qui, pour certains, sont criminels et briment jusqu'aux droits fondamentaux de la personne», ajoute-t-on.
Vincent Marissal se défend de s'en prendre à l'essence du hockey. «Est-ce que pour gagner il faut absolument violer les lois et les coéquipiers ? Je ne crois pas. Je ne pense pas que ça fait partie de la philosophie d'un sport», soutient-il.
La LHJMQ a réagi succinctement par voie de communiqué mardi en fin de journée. «Le Bureau du commissaire va prendre les prochaines semaines pour bien en analyser son contenu et ses recommandations afin de pouvoir répondre adéquatement aux membres de la commission.»