Début du contenu principal.
La bonne nouvelle pour 2023 est que des indicateurs à court terme laissent entrevoir une modération de l’inflation.
Après la rapide augmentation des taux d’intérêt en 2022 et la flambée de l’inflation, bien des ménages devront faire des ajustements à leurs finances personnelles pour la nouvelle année.
«En 2023, on va continuer à voir la pression, l'effet retardé des hausses de taux d'intérêt, prévient l’économiste en chef du Mouvement Desjardins, Jimmy Jean. Ça va continuer à se faire sentir alors que de plus en plus de gens sont en position de renouveler leur hypothèque.»
Ce scénario est bien concret pour M. Jean, qui se retrouve, lui-même, dans cette situation. «J’ai fait le calcul et ce n’est quand même pas trivial comme situation», confie-t-il au bout du fil.
«Il y a peut-être des gens qui ont déjà fait leur calcul, mais il y en a qui vont peut-être être surpris au renouvellement, ajoute l’économiste. Ils vont devoir faire des ajustements. Ça peut vouloir dire utiliser une partie de leurs épargnes pour payer le principal ou ça peut vouloir dire d’assumer des paiements plus élevés et de couper d’autres dépenses. C’est pour ça qu’on anticipe un ralentissement économique.»
À lire également:
La différence pourrait représenter plusieurs centaines de dollars dans le budget mensuel de certains ménages, abonde un conseiller de Gestion de patrimoine TD, Carl Vignola. À titre d’exemple, à un taux de 2,77 %, une hypothèque de 300 000 $ amortie sur 25 ans aurait des mensualités de 1384 $. À un taux de 5,17 %, qui s’apparente aux conditions du marché à la mi-décembre, les mensualités seraient de 1773 $.
Souvent négligé, le budget devient ainsi plus pertinent que jamais, insiste M. Vignola. «Les gens le font rarement, on va se dire la vérité. Lorsque le coût de la vie augmente comme l'année dernière, ça devient un contexte favorable pour se dire: "OK, faut vraiment que je prenne le temps de refaire mon budget".»
Les emprunteurs qui ont une hypothèque à taux variable ne devraient pas attendre leur renouvellement ou d’atteindre le taux déclencheur (le seuil où leur paiement ne couvre plus la totalité des intérêts) avant de réviser leur stratégie financière, suggère le conseiller.
Lorsque les taux d’intérêt variables d’un prêt hypothécaire augmentent, le propriétaire paie plus d’intérêt et rembourse moins de capital, si le montant des versements demeure inchangé. Lorsque viendra le moment de renouveler, le particulier risque d’avoir des versements beaucoup plus élevés. «Ce sont les gens qui sont les plus susceptibles d’avoir une mauvaise surprise», prévient le conseiller.
La bonne nouvelle pour 2023 est que des indicateurs à court terme laissent entrevoir une modération de l’inflation, constate M. Jean. Malgré des sommets mensuels plus élevés, l’inflation a été de 5 % en moyenne en 2022. Il anticipe qu’elle diminuera à 3,2 % en moyenne pour l’année 2023.
Le prix dupanier d’épicerie continuera toutefois de donner des maux de tête à bien des ménages en 2023, concède l’économiste en chef du Mouvement Desjardins. L’inflation dans le segment alimentaire atteindra 5,6 % en 2023, en moyenne. De 10,1 % en octobre dernier, le rythme devrait se modérer 3,2 % en décembre 2023.
Une modération de l’inflation ne veut pas dire qu’on retrouvera les prix d’avant, souligne M. Jean. Les prix augmenteront seulement moins rapidement. «Même si nous, les économistes, allons dire que l'inflation s'est modérée dans l'alimentaire, pour le commun des mortels, ils vont toujours trouver ça cher parce qu'on n'aura pas renversé les hausses de prix.»
À VOIR ÉGALEMENT | Une application pour économiser jusqu'à 3000$ par année sur son épicerie
Même si elles n’auront jamais été aussi généreuses depuis 2008, les augmentations salariales de la plupart des travailleurs ne permettront pas de rattraper l’augmentation du coût de la vie de la dernière année.
Les employeurs du Québec prévoient octroyer des augmentations salariales de 4,1 %, en moyenne, selon une enquête de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, dévoilée en septembre. L’Ordre pourrait toutefois faire de légers ajustements à ses prévisions en janvier ou février, souligne sa directrice générale, Manon Poirier, qui ne connaît pas encore le résultat de cette révision.
Deux promesses fiscales seront à surveiller en 2023: la baisse d’impôt promise par le gouvernement Legault et la création du compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP).
En campagne électorale, la Coalition avenir Québec (CAQ) avait promis de baisser l’impôt des particuliers de 1 point de pourcentage pour les deux premiers paliers d’imposition (de 15 000 $ à 92 000 $ de revenus) dès 2023. La promesse devrait se trouver au budget présenté le printemps prochain.
L’effet ne serait toutefois pas visible dès les premières paies de janvier, selon la fiscaliste Sarah Phaneuf, de Raymond Chabot Grant Thornton, qui souligne que d’un point de vue de planification financière cette promesse demeure hypothétique tant qu’elle n’est pas confirmée dans le budget.
Il est possible que la totalité de la baisse d’impôt ne soit récupérée qu’au moment de faire la déclaration de 2023, soit au printemps 2024. «L'année va déjà avoir commencé et les employeurs n'ont pas le choix de fonctionner avec les tables qui existent actuellement [pour déterminer le montant de la retenue salariale]», constate la fiscaliste, qui ajoute qu’on en saura plus au moment du dépôt du budget.
L’entrée en vigueur du CELIAPP, qui fait l’objet d’un projet de loi fédéral présenté en novembre, est attendue au cours de l’année 2023. Les conditions peuvent changer si des modifications étaient apportées au projet de loi, mais le compte enregistré permettrait à d’éventuels premiers acheteurs de faire une cotisation annuelle déductible d’impôt allant jusqu’à 8000 $ pour total cumulatif de 40 000 $. En plus de la déduction fiscale, les rendements seraient à l’abri de l’impôt.