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Santé

Les syndicats et les cliniques demandent la fin de la privatisation des soins de santé

Ils avertissent que la privatisation s'accompagne d'un accès inégal aux soins.

Le Québec envisage d'obliger les médecins à travailler dans le système public pendant les cinq premières années de leur pratique.
Le Québec envisage d'obliger les médecins à travailler dans le système public pendant les cinq premières années de leur pratique.

Les cliniques et les syndicats avertissent que le plan du gouvernement Legault visant à maintenir les médecins dans le secteur public de la santé ne va pas assez loin.

Les consultations sur le projet de loi 83, qui obligerait les médecins à travailler dans le secteur public de la province pendant les cinq premières années de leur pratique, doivent débuter jeudi, mais beaucoup considèrent qu'il s'agit d'une mesure «superficiel».

Ce texte est une traduction d’un article de CTV News.

La Clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles, le Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM-CSN) et la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) ne participeront pas aux consultations sur le projet de loi 83, mais ils ont un message à transmettre au gouvernement: il faut mettre fin à la privatisation des soins de santé dans la province.

Ils avertissent que la privatisation s'accompagne d'un accès inégal aux soins et d'une mentalité axée d'abord sur le profit. Cela coûte également cher au gouvernement d'investir à la fois dans le secteur public et dans le secteur privé.

Bien qu'ils affirment que le fait de demander aux nouveaux médecins de commencer dans le réseau public est un pas dans la bonne direction, cela n'empêche pas le personnel expérimenté d'être aspiré par le secteur privé - et pas seulement les médecins.

«Ces prestataires privés viennent chercher le personnel du système public pour travailler pour eux, et nous avons beaucoup de mal à garder les employés dans le système public», a déclaré Stéphane Defoy, de la clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles.

La clinique a identifié six domaines clés et des solutions pour «mettre fin aux inégalités croissantes causées par l'infiltration du secteur privé dans notre système de soins de santé».

À voir également: «Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas»: la CSN presse Québec d’agir contre la privatisation en santé

Il s'agit notamment d'empêcher les médecins de faire des allers-retours entre le secteur privé et le secteur public plus d'une fois par an, d'investir dans des blocs opératoires publics plutôt que d'utiliser l'assurance publique pour couvrir les coûts des cliniques privées, de restreindre la propriété privée des groupes de médecine familiale, de n'afficher sur Clic-Santé que les rendez-vous dans le secteur public et de protéger le réseau public de soins de longue durée.

«Un médecin qui part travailler pour une clinique privée ou un système privé, c'est une grande préoccupation. Mais ce n'est pas la seule préoccupation», a indiqué M. Defoy. «Nous devons lutter contre l'expansion constante de l'investisseur privé dans les soins de santé.»

Le président de la FSSS-CSN, Réjean Leclerc, a rapporté qu'il n'était même pas certain que les dispositions du projet de loi 83 fonctionneraient.

«Le message du ministre de la Santé, Christian Dubé, est clair: "Médecins, après cinq ans, vous irez tous en pratique privée si le cœur vous en dit... ou plutôt si le profit vous en dit"», a-t-il déclaré dans un communiqué de presse.

Réintégrer les médecins dans le système public

La présidente du CCMM-CSN, Dominique Daigneault, se réjouit que le gouvernement reconnaisse, avec le projet de loi 83, «l'exode massif» des travailleurs de la santé vers le secteur privé, qui nuit à l'accès à des soins de qualité.

Mme Daigneault et M. Defoy ont tous deux déclaré que le principal défi était la rétention du personnel. Alors que ceux qui travaillent dans le réseau public disent devoir se battre bec et ongles pour obtenir de bonnes conditions de travail et un salaire compétitif, les cliniques privées se rendent beaucoup plus attrayantes en proposant des horaires et des salaires plus flexibles.

Mme Daigneault souligne qu'environ 775 médecins sont désaffiliés du système de santé publique au Québec.

«Ce sont eux qu'il faut réintégrer dans le système. 700 médecins, c'est plus que dans toutes les autres provinces réunies. C'est scandaleux», a-t-elle rapporté.

À l'instar de la Clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles, le CCMM-CSN veut mettre fin au va-et-vient du personnel entre les réseaux, à l'octroi de permis aux cliniques privées à but lucratif et à un moratoire sur toutes les activités de privatisation.

Un porte-parole du cabinet du ministre de la Santé a déclaré que, bien que «le secteur privé puisse compléter le secteur public pour mieux servir les Québécois», il y a encore «des questions qui nous préoccupent», notamment en ce qui concerne le passage à Santé-Québec.

«C'est pourquoi nous éliminons progressivement les agences privées de santé, par exemple», a indiqué Audrey Noiseux dans un communiqué. «Cela dit, le projet de loi est un premier pas et nous étudions différentes solutions, notamment en ce qui concerne les allers-retours entre le secteur public et le secteur privé.»

Mme Daigneault a accusé le gouvernement de «tenir un double discours» et a déclaré que ses actions ne correspondaient pas à ses déclarations publiques.

Des milliers de travailleurs de la santé attendent toujours les primes destinées à favoriser le maintien en poste, des mois après la date limite fixée par Santé Québec. Le syndicat a déposé une plainte en cours mercredi. Santé-Québec a également supprimé plus de 1000 emplois.

«Ils disent qu'il y a des problèmes avec le secteur privé et, du même souffle, ils nous disent que la solution, c'est le secteur privé. Cela n'a aucun sens», a-t-elle souligné.

«Lorsque nous disons que le secteur privé est la solution, ce n'est absolument pas le cas. Si c'était le cas, puisque chaque gouvernement a choisi de continuer à ouvrir la porte au privé, notre système se serait amélioré. Mais c'est le contraire qui s'est produit.»