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«Cibler l'acier et l'aluminium canadiens est totalement infondé et injustifié.»
Les producteurs canadiens d'acier se disent «profondément préoccupés» par la décision du président américain, Donald Trump, d'imposer des tarifs douaniers ciblés sur leur secteur et celui de l'aluminium.
Selon la présidente et cheffe de la direction de l'Association canadienne des producteurs d'acier, Catherine Cobden, de tels tarifs de 25% sur toutes les importations d'acier et d'aluminium aux États-Unis auraient des effets «dévastateurs».
«Cibler l'acier et l'aluminium canadiens est totalement infondé et injustifié, et nous devons prendre des mesures de rétorsion immédiatement», a plaidé Mme Cobden dans un communiqué publié dimanche soir.
Dimanche, M. Trump a déclaré qu'il annoncera officiellement lundi des droits de douane de 25% sur toutes les importations d'acier et d'aluminium aux États-Unis, y compris pour le Canada et le Mexique.
Il ne s'agirait pas d'une première, puisque M. Trump a imposé des droits de douane de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium en mars 2018, lors de son premier mandat.
Le Canada a d'abord bénéficié d'une exemption à ces tarifs, mais a finalement été frappé par les droits de douane le 31 mai 2018. Ottawa a répondu par une série de contre-droits de douane sur des produits américains, comme le jus d'orange de Floride.
Près d'un an plus tard, le 17 mai 2019, la Maison-Blanche a annoncé qu'un accord avait été conclu pour empêcher les «hausses» des approvisionnements en acier et en aluminium du Canada et du Mexique, mettant ainsi fin au conflit commercial.
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Dans sa déclaration de dimanche, Mme Cobden a rappelé que, lorsque le président Trump a imposé des tarifs sur l'acier canadien en 2018, «nous avons été témoins d'importantes perturbations et de préjudices de part et d'autre de la frontière, qui ont nui aux États-Unis et au Canada».
«L'économie canado-américaine est très intégrée et génère des échanges commerciaux de 20 milliards $ pour l'acier entre nos deux pays. 40 % des importations d'acier du Canada viennent des États-Unis», a-t-elle souligné.
Mme Cobden a appelé «de toute urgence» le gouvernement fédéral à «agir de nouveau avec détermination pour lutter contre cette menace et à faire en sorte que toute mesure prise contre notre secteur donne lieu à des mesures de rétorsion».
En réponse à la nouvelle menace du président Trump, le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a fait valoir que l’acier et l’aluminium du Canada «soutiennent des secteurs clés» aux États-Unis, dont la défense et la construction navale et automobile.
«Nous continuerons à défendre le Canada, nos travailleurs et nos industries», a-t-il promis dans une publication sur le réseau social X.
De son côté, le premier ministre du Québec, François Legault, a noté sur X que le Québec exporte 2,9 millions de tonnes d’aluminium aux États-Unis, soit 60 % de leurs besoins.
«Préfèrent-ils s’approvisionner en Chine?», a-t-il suggéré.
Dans la même publication, il a ajouté que «tout cela démontre qu’on doit commencer à renégocier notre entente de libre-échange avec les États-Unis au plus vite et ne pas attendre la révision prévue en 2026».
Le Syndicat des Métallos a lui aussi fermement condamné le plan du président Trump, la qualifiant d’«attaque directe contre les travailleuses et les travailleurs».
«Nous avons déjà vécu cette situation par le passé et nous savons que ce genre de mesures irréfléchies ne fonctionnent pas, nuisent aux emplois, déstabilisent les industries et créent de l’incertitude dans toute l’économie, des deux côtés de la frontière», a martelé Marty Warren, directeur national canadien des Métallos, dans un communiqué.
Même son de cloche du côté du président international du Syndicat des Métallos — qui regroupe 850 000 membres au Canada, aux États-Unis et dans les Caraïbes —, Dave McCall, qui a rappelé que «le Canada n’est pas le problème».
«Au lieu de guerres commerciales irresponsables, nous avons besoin de politiques qui renforcent le secteur manufacturier et protègent les bons emplois dans les deux pays», a-t-il affirmé.
En plus de son annonce de lundi sur l'acier et l'aluminium, M. Trump a promis de faire d'autres annonces concernant des tarifs plus tard cette semaine, mais il n'a pas fourni de détails sur celles-ci.