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Des délais sont à prévoir pour la livraison....
Les camions, les convoyeurs et les facteurs de Postes Canada ont repris leurs activités, mardi, après une grève d'un mois de plus de 55 000 employés des postes qui a laissé bien des lettres et des colis dans les limbes.
DOSSIER À LIRE | Grève chez Postes Canada
À la suite d'une directive ministérielle, le Conseil canadien des relations industrielles a ordonné aux travailleurs des postes de reprendre le travail après avoir tenu des audiences en fin de semaine. Ces audiences visaient à déterminer si les parties étaient trop éloignées pour parvenir à une entente négociée d'ici la fin de l'année.
La reprise des activités a apporté un soulagement aux Canadiens de tout le pays en pleine période de pointe des achats des Fêtes, même si la confiance de certains clients dans cette institution vieille de 157 ans en est ressortie un peu ébranlée.
Narintip Wiang In a déclaré qu'elle était ravie et soulagée de récupérer son passeport thaïlandais, qui était arrivé à un bureau de poste du centre-ville de Vancouver la veille du début de la grève.
«Je n'ai pas eu de nouvelles, donc je ne savais pas, a-t-elle raconté. J'attends depuis un mois pour le récupérer.»
Elle a expliqué qu'elle avait besoin de son passeport pour obtenir un visa de voyage aux États-Unis et qu'elle faisait également une demande d'immigration au Canada, car le délai pour déposer sa demande était proche.
Après avoir quitté le bureau de poste, elle a ajouté qu'elle se rendait directement chez Staples pour expédier les documents avec FedEx, car elle ne faisait plus confiance au service postal pour ses importants documents d'immigration.
«Je n'ai plus beaucoup de temps. Cela pourrait entraîner le refus de mon visa.»
Postes Canada a prévenu les clients qu'ils devaient s'attendre à des retards dans le traitement des gros arriérés — «le courrier et les colis sont bloqués dans le système» — et que les retards persisteraient probablement au cours de la nouvelle année.
«Avec un vaste réseau intégré d'usines de traitement, de dépôts et de bureaux de poste, la stabilisation des opérations prendra du temps et l'entreprise demande aux Canadiens de faire preuve de patience», a-t-elle écrit dans un communiqué lundi.
«Postes Canada commencera à traiter selon le principe du premier entré, premier sorti le courrier et les colis coincés dans le réseau depuis le début de la grève le 15 novembre», indique-t-on.
Les articles bloqués dans le système comprennent des passeports, des cartes de santé, des cartes et des cadeaux de Noël, des médicaments et même des kits de dépistage du cancer à domicile.
Postes Canada a traité en moyenne près de 8,5 millions de lettres et 1,1 million de colis par jour de semaine l'an dernier, et beaucoup plus pendant la période des Fêtes.
Les bureaux de poste n'accepteront pas de nouvelles lettres et colis commerciaux avant jeudi, a annoncé la société d'État.
Ils ont commencé à accepter les envois de particuliers mardi matin. Roland Horner, un résident de l'Ontario, a déposé des enveloppes contenant des dons à l'Armée du Salut et à d'autres organismes de bienfaisance peu après l'ouverture des portes d'un bureau de poste à Burlington.
«J'espère qu'ils les recevront avant la fin de l'année», a-t-il dit.
Don Suppelsa, qui expédie un paquet cadeau destiné à sa sœur et à son beau-frère en Nouvelle-Écosse, s'est plaint que les transporteurs privés profitaient des Canadiens en l'absence du service postal.
«Ils demandaient beaucoup plus cher pour envoyer des choses, mais j'ai attendu», a-t-il argué dans un bureau de poste d'Oshawa, en Ontario.
Le Conseil canadien des relations industrielles a ordonné aux travailleurs de retourner au travail après une directive du ministre du Travail Steven MacKinnon, qui a déclaré vendredi qu'il accordait aux deux parties un «temps mort» alors que les négociations semblaient au point mort.
Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes conteste toutefois l'intervention d'Ottawa et indique que le Conseil canadien des relations industrielles devrait entendre ses arguments à la mi-janvier.
L'employée de Postes Canada Kim Gozzard a confié qu'elle était «très heureuse» de retourner au bureau et qu'elle s'attendait à une journée chargée.
«Je me sens merveilleusement bien d'être de retour au travail (…) pour m'occuper de mes clients et, espérons-le, faire avancer les choses», a-t-elle dit à Oshawa.
Mme Gozzard a indiqué que, même si l'intervention d'Ottawa mettra le syndicat dans une position plus faible lors de la prochaine ronde de négociations, elle était nécessaire pour relancer le service.
«Je pense que les deux parties devaient être prêtes à s'asseoir et à négocier, a-t-elle déclaré. Cela n'aurait pas dû durer aussi longtemps et je blâme les deux parties.»
À lire aussi : Reprise chez Postes Canada: quand vais-je recevoir mon colis?
Les travailleurs n'étaient pas tous de retour en uniforme mardi. Des employés ont refusé de franchir une ligne de piquetage dressée par un ensemble de groupes syndiqués — pas des postiers — dans un centre de traitement de Postes Canada près de l'aéroport de Vancouver à Richmond, en Colombie-Britannique.
Pendant ce temps, le conflit continue de couver entre Postes Canada et ses employés.
Les principaux enjeux comprennent les augmentations salariales et la volonté de Postes Canada d'étendre la livraison des colis la fin de semaine — les deux parties ne s'entendent pas sur la façon de doter le personnel nécessaire à cette nouvelle offre de service.
La société d'État déficitaire a présenté cette expansion comme un moyen d'augmenter ses revenus et de concurrencer les autres transporteurs, en faisant valoir qu'une combinaison de quarts à temps partiel et à temps plein créerait de la flexibilité tout en réduisant les coûts. Le syndicat estime que cette approche menace les postes à temps plein.
Le gouvernement a nommé une commission d'enquête sur les relations de travail aux Postes, qui devra se pencher «également sur les questions structurelles du conflit» et publier un rapport d'ici le 15 mai sur la façon de conclure une nouvelle entente.
«L'enquête aura une portée large, car elle examinera toute la structure de Postes Canada du point de vue de la clientèle et du modèle d'affaires, compte tenu de l'environnement commercial difficile auquel Postes Canada fait face actuellement», a déclaré vendredi le ministre du Travail. L'organisation a perdu 3,3 milliards $ depuis 2018, alors que le courrier postal a diminué et que les concurrents ont englouti de larges parts du marché des colis.
Alors que des mois de négociations acharnées s'en viennent, l'esprit des Fêtes imprégnait les couloirs d'un bureau de poste du centre-ville de Fredericton.
Mary Bardsley est arrivée avec des cartes de Noël et une carte-cadeau Tim Hortons pour les employés de son bureau de poste. Elle a déclaré qu'elle ne craignait pas que son courrier des Fêtes soit retardé. «J'ai vécu une longue vie, dit-elle en riant. Je peux faire face à presque tout.»
Jon MacNeill, un résident de Fredericton, a déclaré que la grève de 32 jours «n'était pas la fin du monde».
«J'étais content d'attendre qu'ils reviennent», a-t-il ajouté.
M. MacNeill a raconté qu'il évitait normalement d'envoyer des cadeaux, mais qu'il prévoyait en envoyer cette année après qu'une partie de sa famille ait déménagé à Terre-Neuve-et-Labrador.
«Je n'ai pas pris la peine de prendre la voie privée parce que ma famille est assez flexible (...) Je pense que nous avons de la chance d'avoir des services publics comme celui-ci au Canada, et si nous ne les utilisons pas et ne les soutenons pas, nous ne les aurons peut-être pas toujours.»