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Les députés d'arrière-ban sont «écrasés» et réduits au «silence complet» par la ligne de parti, selon une ancienne députée de la Coalition avenir Québec (CAQ), Émilie Foster.
Les députés d'arrière-ban sont «écrasés» et réduits au «silence complet» par la ligne de parti, selon une ancienne députée de la Coalition avenir Québec (CAQ), Émilie Foster.
«Le simple député, écrasé par le contrôle des communications et la ligne de parti, perd de plus en plus de pouvoirs dans notre démocratie. Ça devrait nous inquiéter», écrit l’ancienne députée, dans un article de la revue «Options politiques» publié mercredi.
Elle-même en a fait les frais lorsqu’elle était élue à l’Assemblée nationale entre 2018 et 2022. «Quand un député veut poser des questions plus délicates en commission parlementaire, on n'a pas vraiment la liberté de le faire tant que ça», dit-elle en entrevue avec La Presse canadienne.
Mme Foster se rappelle avoir été mal à l’aise lorsqu’elle a dû voter contre un rapport de la commissaire à l’éthique qui blâmait le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon. «Moi comme députée, je ne peux pas dire que ç'a été une partie de plaisir. [...] La ligne de parti est quand même assez invasive», relate celle qui est aujourd’hui professeure associée à l’Université Carleton.
«Les votes libres ne sont à peu près jamais permis», ajoute Mme Foster
«La solidarité au sein d’un parti signifie souvent le silence complet du côté des députés d’arrière-ban», écrit-elle dans son texte.
Elle soutient toutefois que ce phénomène n’est pas propre à son ancien parti.
Mme Foster soutient que la liberté d’expression en caucus est aussi limitée.
«Il y a beaucoup de personnel politique qui assiste au caucus. [...] Ça peut avoir un effet intimidant sur les députés de s’exprimer et d’aller à l’encontre de quelqu’un qui a une forte influence dans le parti», explique Émilie Foster.
Elle déplore d’ailleurs que plusieurs membres du personnel politique n'hésitent pas à commenter l’actualité et à débattre avec des élus d'autres formations politiques sur les réseaux sociaux, particulièrement Twitter.
«Je pense que c'est malaisant. Je pense que le rôle des conseillers politiques et des chefs de cabinet, c'est d'aider l'élu et que la majorité de ce travail doit se faire dans l'ombre», dit-elle.
Avec la volte-face de la CAQ sur la promesse du troisième lien, plusieurs députés du gouvernement ont exprimé sans contrainte leur désarroi, outrepassant la ligne de parti.
«Ils n’avaient pas le choix de laisser plus de latitude aux députés pour que l’insatisfaction et la tristesse puissent s’exprimer. Sinon l’ampleur de la grogne aurait été trop importante», soutient-elle.
Émilie Foster croit que les médias sont en partie responsables de ce phénomène.
«Les partis ont un réflexe de contrôle, notamment car ils ont peur de ce qui pourrait sortir dans les médias et que ça sorte négativement», explique-t-elle.
«Alors que la dissension des députés est tolérée et même célébrée dans d’autres démocraties, un seul soupçon de rébellion de la part des députés d’arrière-ban est couvert négativement dans les médias canadiens», indique-t-elle dans son texte.
«Les médias devraient cesser de considérer le point de vue divergent d’un député comme une trahison, apprendre à mieux connaître les députés d’arrière-ban et en assurer une couverture positive», poursuit-elle.
L’ancienne députée assure que la ligne de parti n’est pas ce qui l’a incitée à quitter la politique. «Je savais comment ça fonctionnait.»
Émilie Foster croit que les députés devraient avoir une plus grande liberté d’expression particulièrement sur les projets de loi et durant les crédits budgétaires.
Elle souligne tout de même qu’il ne faut pas avoir l’impression que les députés d'arrière-ban sont paresseux.
«Dans les circonscriptions, il y a énormément de dossiers sur lesquels ils peuvent agir. Ils ont une énorme influence dans leur région et dans des dossiers structurants, comme des hôpitaux, des écoles, des projets économiques, etc.», assure-t-elle.