Début du contenu principal.
Le nouveau procès pour agression sexuelle de Gilbert Rozon débute.
Gilbert Rozon devra faire face à un important procès civil dès lundi alors que neuf victimes alléguées de l'ex-patron de Juste pour rire ont déposé une poursuite contre lui l'accusant de les avoir agressées ou harcelées sexuellement. Le procès - qui se déroulera jusqu'au 28 mars 2025 - aura lieu au palais de justice de Montréal devant la juge Chantal Tremblay de la Cour supérieure du Québec. Retour sur les dates importantes de cette saga qui a ébranlé l'industrie du showbizz au Québec.
Les Courageuses : Patricia Tulasne, Lyne Charlebois, Danie Frenette, Annick Charette, Anne-Marie Charette, Sophie Moreau, Martine Roy, Mary Sicari et Guylaine Courcelles. Les femmes sont représentées par les avocats Me Anne-Julie Asselin, Me Bruce Johnston et Me Jessica Leliève du cabinet Trudel, Johnson & Lespérance.
La ligne du temps dressée ci-dessous a été élaborée en consultants des informations et des dossiers judiciaires disponibles sur le site Web du cabinet Trudel, Johnson & Lesperance sur la page dédiée à l'action collective Les Courageuses c. Gilbert Rozon.
La saga judiciaire impliquant Rozon remonte à 2017, quand il avait dû quitter ses fonctions de patron de Juste pour rire en raison d’allégations d’agressions sexuelles, rendues publiques dans la foulée du mouvement #MoiAussi.
Dans tous les cas, le fondateur de Juste pour rire a nié les faits.
Le groupe Les Courageuses dépose une demande pour être autorisée à exercer une action collective au nom des victimes de Gilbert Rozon.
Une action collective par Les Courageuses contre Gilbert Rozon est autorisée par le juge Donald Bisson de la Cour supérieure du Québec.
Un juge permet à Gilbert Rozon d'aller en appel du jugement de la Cour supérieure du Québec autorisant l'exercice de l'action collective. L'audition devant la Cour d'appel a eu lieu le 16 mai 2019.
La Cour d'appel du Québec infirme le jugement de la Cour supérieure du Québec autorisant l'action collective au nom des Courageuses contre Gilbert Rozon. Deux juges sur trois ont considéré que l'action collective proposée ne constituait pas le véhicule procédural approprié et estimaient que les victimes devaient plutôt intenter des actions individuelles.
Les Courageuses déposent une demande de permission d'en appeler à la Cour suprême du Canada, demande qui sera refusée.
Patricia Tulasne, porte-parole du groupe Les Courageuses, dépose une poursuite individuelle contre Gilbert Rozon. Mme Tulasne allègue dans sa poursuite avoir été «brutalement violée» par M. Rozon en 1994.
«[...] Il a poussé la porte, s’est introduit de force dans son appartement. Il a alors plaqué la demanderesse contre le mur, s’est jeté sur elle et s’est mis à déboutonner sa robe. La demanderesse était figée, en état de choc. Alors qu’elle a résisté au début, Rozon avait des yeux de fou et elle a eu peur qu’il ne la frappe. Elle avait également peur de ce qu’il pourrait faire à sa carrière. Ainsi, craignant les conséquences si elle résistait, tant personnelles que professionnelles, la demanderesse s’est laissé faire. Le défendeur l’a trainée dans la chambre à coucher, a baissé son pantalon et à froid, sans mettre de condom, l’a agressée sexuellement. Après avoir éjaculé, le défendeur a remonté son pantalon et est parti [...]», peut-on lire dans un document judiciaire.
Patricia Tulasne réclame des dommages-intérêts compensatoires et punitifs totalisant 1,6M$.
Lyne Charlebois dépose aussi une poursuite individuelle contre Gilbert Rozon. Elle allègue avoir été violée par M. Rozon en 1982.
«[...] Elle se souvient ensuite que Rozon, soudainement et avec un regard de fou, la tire par la main vers la chambre à coucher et qu’elle ne comprend pas ce qui se passe. Elle se souvient d’avoir eu peur, la plus grande peur de toute sa vie. Elle pensait que Rozon allait la tuer. [...] Elle se souvient avoir pensé tenter de fuir, mais de s’en sentir incapable. Elle était paralysée. Arrivés dans la chambre à coucher, il lui saute dessus, enlève ses culottes, mais lui laisse sa robe et ses bas. Tout se passe très vite. Pétrifiée par la peur, la demanderesse fige. Elle est en état de choc. Il la pénètre à froid, sans condom. Elle en ressent une douleur atroce. Après que le défendeur ait éjaculé, la demanderesse en profite pour se lever du lit, ramasser à la hâte ses affaires et sortir en courant, sans dire un mot. Elle marche jusque chez elle, hébétée, incrédule et sous le choc de ce qui vient de se passer. Dès son retour chez elle, dans le cadre de la porte, la demanderesse en pleurs raconte à son conjoint ce qui vient de se produire [...]», explique-t-on, entre autres, dans la poursuite.
Lyne Charlebois réclame 1,7M$ en dommages et intérêts compensatoires et punitifs.
Autour de Danie Frenette de déposer une poursuite individuelle contre Gilbert Rozon. Elle allègue avoir été violée par M. Rozon en 1988 et avoir été harcelée et abusée par la suite.
«[...] Le défendeur entraine la demanderesse dans une section de la cour ou il y a des buissons. Arrivé à un endroit où les convives ne peuvent pas les voir, il s’arrête, lance sa veste par terre et couche la demanderesse dessus. La demanderesse proteste et lui dit des mots comme « Gilbert, arrête, qu’est-ce que tu fais la? Pourquoi tu fais ça? Arrête, arrête, non, arrête! non! », mais sous le choc, confuse et paralysée par la honte, la demanderesse n’arrive pas a se démener. Il ne l'écoute pas et la viole sans mettre de condom. Son regard est ailleurs. Après avoir éjaculé en elle, Rozon remonte ses pantalons et lui dit de sortir la première pour ne pas qu’ils soient vus ensemble. La demanderesse est alors en état de choc [...]», raconte-t-on dans un document judiciaire.
Danie Frenette réclame 2,2M$.
Annick Charette a été la quatrième femme à déposer une poursuite civile contre Gilbert Rozon. Elle reproche à M. Rozon de l’avoir violée en 1980 et d’avoir menti à la Cour alors qu’il témoignait sous serment dans le cadre de son procès criminel pour les mêmes événements. Elle réclame 1,3M$.
«[...] Lorsqu’il redescend, il s’assoit à côté d’elle sur le divan, se jette sur elle et met sa main dans son décolleté. La demanderesse réagit vivement. Dans la brève échauffourée qui s’ensuit, un bouton de la chemise de la demanderesse s’arrache, les autres boutons s’ouvrent, et tous deux se retrouvent au sol. Le défendeur en profite pour glisser sa main sous la jupe de la demanderesse et tenter de lui enlever sa culotte, mais celle-ci lui dit d’arrêter, se débat et, en se poussant avec ses talons sur le sol, réussit à s’éloigner de son agresseur. [...] Elle demande au défendeur d’aller la reconduire chez ses parents, comme convenu. Il refuse en prétextant qu’il est trop fatigué, mais lui offre de dormir dans une chambre d’invités. La demanderesse ne voulait pas rester et était très contrariée par la tournure des évènements. Par contre, elle pensait que le défendeur avait compris qu’elle n’était pas intéressée par lui après son refus de faire du necking dans la voiture et son refus très vigoureux de tout contact sexuel quelques minutes plus tôt. Par ailleurs, elle ne voyait aucune autre option réaliste pour rentrer chez elle compte tenu de l’heure. Elle s’est donc résignée à dormir sur place, dans une chambre au rez-de-chaussée. Lorsqu’elle se réveille, tôt le matin, le défendeur est sur elle, déterminé à avoir une relation sexuelle. Elle n’est pas plus consentante que la veille, mais ne parvient pas à mobiliser l’énergie et la force qu’elle avait eues quelques heures plus tôt pour le repousser [...]», explique-t-on, notamment, dans la poursuite.
Accusé au criminel par Mme Charette, Gilbert Rozon a été acquitté en décembre 2020 des accusations de viol et d’attentat à la pudeur qui pesaient sur lui. La juge au dossier avait soulevé le «doute raisonnable», même s’il est estimait la version de Mme Charette «plus plausible» que celle de Gilbert Rozon.
Anne-Marie Charette dépose une poursuite civile contre Gilbert Rozon, réclamant 1,29M $. Elle allègue avoir été séquestrée et agressée sexuellement par M. Rozon en 1987.
«[...] Dès qu'elle passe le cadre de porte, le défendeur tourne le loquet et verrouille la porte derrière elle. [...] Une fois dans la chambre, tout se passe très vite. Le défendeur pousse la demanderesse sur le lit et se jette sur elle. La demanderesse se souvient du début de l'agression comme si la scène était au ralenti : son sac tombe par terre à sa gauche proche du lit, le défendeur est sur elle, son regard de prédateur, de fou, la surplombe. Il la touche et tente de retirer ses vêtements. La demanderesse ne se souvient pas des termes exacts qu'elle a utilisés, mais elle se souvient d'avoir protesté, d'avoir manifesté son refus. La demanderesse ne se souvient pas ce qui s'est passé ensuite sur le lit. Son prochain souvenir est qu'elle déverrouille la porte et sort le plus vite possible. Ses vêtements étaient désordonnés. La demanderesse est prise de panique. Elle marche le plus vite possible en direction de l'ascenseur [...]», raconte la poursuite.
Sophie Moreau sera la sixième femme à déposer une poursuite civile contre Rozon. Elle allègue avoir été agressée et harcelée sexuellement par M. Rozon en 1988 et 1989. Elle demande 1,25M$ en dommages et intérêts compensatoires et punitifs.
«[...] Pendant les spectacles suivants, le défendeur recommence le même manège à plusieurs reprises. Il se faufile derrière elle, la touche sans son consentement, glisse ses mains sur son corps, l’agrippe, et s’acharne, lui disant tantôt « embrasse-moi », tantôt « je veux prendre ta virginité », ajoutant qu’il serait « doux » avec elle [...]», peut-on lire, entre autres, dans la poursuite.
Trois autres Courageuses déposent une poursuite civile contre Gilbert Rozon : Martine Roy, Mary Sicari et Guylaine Courcelles.
Martin Roy, son ex-belle soeur, affirme avoir été violée par Rozon en 1993 et 1995. Elle lui réclame 1,35M$.
« [...] Elle entre la première dans la loge. Le Défendeur lui emboîte le pas, mais verrouille la porte derrière lui. [...] À partir de ce moment, tout se passe très vite. Le Défendeur se retourne vers la Demanderesse et, sans se soucier de son envie ou de son consentement, connaissant de surcroît son homosexualité, il la retourne pour qu’elle soit dos à lui. Le Défendeur baisse alors les culottes de la Demanderesse. Elle retourne sa tête et voit son pénis. Elle fige complètement. [...] Il la pénètre par-derrière sans protection ni préliminaires, rendant la pénétration difficile. Il éjacule très rapidement et quitte la loge dès qu’il a fini», raconte-t-on dans la poursuite.
Mary Sicari allègue pour sa part que Gilbert Rozon l’a agressée et harcelée sexuellement à d’innombrables reprises entre 1988 et 2004, alors qu’elle travaillait pour Les Films Rozon et Les Productions Rozon, lui réclame 1,25M $.
«[...] C’est ainsi qu’il commence à frotter son corps sur celui de la demanderesse lorsqu’il la croise à son lieu de travail ou pendant ses pauses, ou encore au restaurant ou dans des évènements. Il glisse sa main ou son bras sur ses fesses, son dos ou encore sur ses seins, feignant l’accident. Ces agressions se répèteront pourtant sans cesse sur une période d’environ huit ans [...]», explique-t-on dans les documents judiciaires.
Guylaine Courcelles allègue, elle, que Gilbert Rozon l’a agressée sexuellement en 1987, alors qu’elle avait 22 ans.
«[...] Le défendeur la laisse seule dans une chambre d’invités et part dans sa propre chambre. Elle se couche, convaincue que la soirée est terminée. Après avoir pris une douche, le défendeur revient dans le cadre de la porte de la chambre d’invités, vêtu uniquement d’une serviette à la taille. Son attitude a complètement changé et ne laisse aucune ambiguïté : pour la première fois, il démontre une intention d’avoir une relation sexuelle avec la demanderesse. Il se couche à côté d’elle et tente de la prendre dans ses bras et de coller son corps à celui de la demanderesse. [...] La demanderesse le repousse à deux mains, de toutes ses forces, en lui disant « non » à plusieurs reprises. [...] Sentant que son refus clair n’est pas écouté par le défendeur, elle se retourne pour être dos à lui et qu’il ne puisse ni la prendre ni l’embrasser. Constatant qu’il n’arriverait pas à ses fins, le défendeur se colle sur elle, se masturbe dans son dos et éjacule. La demanderesse est en état de choc et elle ressent un dégoût profond. Le défendeur s’endort dans le lit à côté de la demanderesse [...]», rapporte la poursuite.
Mme Courcelles réclame la somme de 1,9M $ en dommages-intérêts compensatoires et punitifs.
Ouverture du procès civil opposant neuf Courageuses à Gilbert Rozon. Leurs neuf dossiers ont été réunis, à la demande du défendeur. Le procès s'échelonnera jusqu'à la fin mars 2025.
Gilbert Rozon est représenté par Me Pascal A. Pelletier. L’avocat de M. Rozon n’a pas donné suite au courriel de Noovo Info au moment d'écrire ces lignes.