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Politique

Legault ouvert à prolonger la commission d'enquête sur SAAQclic

Les travaux ont débuté à la fin avril et doivent se poursuivre jusqu'au 20 juin, selon le calendrier actuel.

Reportage vidéo :
Frédéric Lacroix-Couture
Texte :
Frédéric Lacroix-Couture / La Presse canadienne

Le premier ministre François Legault ne ferme pas la porte à prolonger le mandat de la commission Gallant si cette dernière a besoin de plus de temps pour se pencher sur les ratés du virage numérique de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ). 

M. Legault espère toujours que le commissaire Denis Gallant respectera la date limite du 30 septembre pour déposer son rapport, comme l'exige le décret du gouvernement. 

«Mais s'ils ont besoin de quelques mois de plus, on va regarder si c'est justifié», a indiqué le chef caquiste, vendredi, en point de presse à Québec. 

Les travaux ont débuté à la fin avril et doivent se poursuivre jusqu'au 20 juin, selon le calendrier actuel. Au rythme où vont les audiences jusqu'à maintenant, il est possible que la commission d'enquête doive siéger au-delà de cette période pour entendre tous les témoins potentiels entourant le fiasco de la plateforme SAAQclic. 

«On va regarder leur demande, s'il y en a une éventuellement. Il nous reste encore plus d'un an avant l'élection. Il faut absolument que le rapport soit déposé avant les élections l'année prochaine. Je pense que ça va être le cas», a affirmé M. Legault. 

La commission Gallant a conclu vendredi sa cinquième semaine d'audiences, à Montréal. Elle se déplacera les deux prochaines semaines à Québec. 

Le premier ministre a dit trouver «troublant» ce qu'il entend depuis le début des audiences. Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a conclu pour sa part qu'il y a eu de la «corruption» dans le projet informatique de la SAAQ, connu sous le nom de CASA. 

M. Legault estime que le chef péquiste saute vite aux conclusions. «Il était le premier à demander une commission d'enquête publique. Attendons les conclusions du juge Gallant et là, on pourra débattre exactement de ce qui est arrivé», a déclaré le premier ministre. 

«De porter des jugements comme ça, je trouve que c'est un manque de respect à l'égard du juge Gallant», a-t-il ajouté. 

La commission a été lancée à la suite de la publication du rapport du Vérificateur général, qui calcule que le projet de modernisation technologique de la SAAQ pourrait coûter minimalement plus de 1,1 milliard $ d'ici 2027, soit 500 millions $ de plus que prévu. 

Pas de signature, pas de projet

Vendredi matin, la commission d'enquête a entendu un analyste en approvisionnement de la SAAQ, Pierre St-Pierre. 

Il a relaté que les discussions avaient été «assez houleuses» à la signature d'un contrat de licences avec l'un des fournisseurs, au point où le patron informatique de la société d'État menaçait de mettre un terme au projet.  

La firme SAP, l'éditeur du logiciel derrière la plateforme SAAQclic, s'est braquée contre certaines clauses de la SAAQ qui avaient prévalence sur les siennes.  

«Ils ne voulaient signer aucun contrat si nos clauses passaient avant les leurs, a évoqué M. St-Pierre. On a été surpris parce que (ces clauses) étaient dans le document d'appel d'offres. Comment ça se fait qu'ils nous arrivent aussi tard avec ça?» 

Selon M. St-Pierre, le vice-président aux technologies de l'information à l'époque de la SAAQ, Karl Malenfant, était «extrêmement déçu de cette attitude-là de SAP, que s'ils ne nous trouvaient pas de solution, il n'y en avait pas de projet».

Le contrat étant déjà adjugé, la société d'État est à ce moment-là «condamnée» à s'entendre avec le consortium, sinon tout le travail des trois dernières années «déraille», a fait remarquer le procureur de la commission, Alexandre Thériault-Marois.

«On recommence le processus d'appel d'offres» au complet, a reconnu M. St-Pierre. 

Interrogé sur le pouvoir de négociation que détenait alors la SAAQ, l'analyste a répondu: «On ne s'entend pas, on ne signe pas. C'était ça notre pouvoir. Eux aussi avaient un désir de signer. (...) Puis, ça s'est dit. M. Malenfant a été très ferme en disant: ‘‘si tu ne trouves pas de solution, il n'y en aura pas de contrat.’’»

La SAAQ a finalement trouvé une voie de passage pour dénouer l'impasse, en se tournant vers l'autre partenaire du consortium, l'intégrateur LGS, qui a signé le contrat pour les licences de SAP. Cette dernière a tout de même approuvé le «contrat-cadre» du projet CASA. 

La signature du contrat a eu lieu en juin 2017, six mois après son attribution. En parallèle de ces négociations, une entente de principe est intervenue afin de lancer les premiers travaux du projet CASA.

Reportage vidéo :
Frédéric Lacroix-Couture
Texte :
Frédéric Lacroix-Couture / La Presse canadienne