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Selon l'IRIS le système d’éducation à trois vitesses du Québec, qui comprend l’école privée, les classes ordinaires des écoles publiques et les programmes particuliers du réseau public provoque une double «ségrégation» chez les étudiants québécois.
Selon une publication de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), le système d’éducation à trois vitesses du Québec, qui comprend l’école privée, les classes ordinaires des écoles publiques et les programmes particuliers du réseau public provoque une double «ségrégation» chez les étudiants québécois.
En premier lieu, la concurrence entre les écoles publiques et privées mènerait à un «écrémage», concentrant la plupart des élèves moins performants et plus précaires sur le plan socioéconomique dans les classes ordinaires du réseau public.
D’après l’IRIS, la même forme de disparité est observable au sein même des écoles publiques en raison de la présence des programmes particuliers, qui attirent les élèves avec les meilleurs dossiers académiques et ceux dont les parents peuvent s’acquitter des frais inhérents à ce genre de projet. En effet, 76% de ces programmes impliquent une contribution parentale dont la moyenne est de 1200$, mais qui peut s’élever jusqu’à 14 000$.
On peut donc constater une concentration importante des élèves moins performants et dont les parents sont moins à l’aise financièrement dans les classes ordinaires du réseau public. Selon la chercheuse de l’IRIS Annie Plourde, cela a comme effet de reproduire les inégalités sociales préexistantes.
«On sait par exemple que les élèves issus de milieux socioéconomiques défavorisés rencontrent davantage d’obstacles nuisant à leurs performances scolaires, note-t-elle. Or, plutôt que d’atténuer ces tendances, l’école à trois vitesses les exacerbe.»
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Mme Plourde poursuit en soulignant que «la concentration des élèves défavorisés ou en difficulté d’apprentissage au sein des mêmes classes est particulièrement dommageable pour ces élèves et a des effets sur la qualité de l’enseignement qui leur est offert».
Selon le Conseil supérieur de l’éducation, une meilleure mixité dans les classes serait avantageuse pour les élèves avec des besoins plus importants et ne nuirait pas aux élèves plus performants.
L’IRIS note qu’au cours des 20 dernières années, les écoles primaires et secondaires publiques ont connu une baisse d’effectif respective de 4% et 5%, tandis que le privé a connu une hausse d’effectif de 20%.
Pour l’exercice 2020-2021, 6% des élèves d’âge primaire fréquentaient l’école privée, alors que cette proportion atteignait 21% pour le secondaire.
Il est à noter que l’école privée est beaucoup plus populaire dans les centres urbains, alors que 34% des élèves du secondaire montréalais évoluaient dans le réseau privé. Inversement, aucun élève de l’Abitibi-Témiscamingue, du Nord-du-Québec et de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine ne fréquentait l’école privée.
Au total, l’IRIS indique que pour la période 2020-2021, ce sont entre 39,5% et 44% des élèves du secondaire qui ont délaissé les classes ordinaires du réseau public pour étudier dans des programmes particuliers ou à l’école privée.
Alors que selon l’IRIS, de plus en plus d’élèves investissent le réseau privé et que pour pallier cet exode, le public accroît son recours aux programmes particuliers, il est impératif d’agir pour limiter «l’écrémage» des classes ordinaires du réseau public.
Cela pourrait notamment passer par le retrait des subventions publiques aux écoles privées. En effet, le ministère de l’Éducation du Québec assume environ 60 % du coût des services éducatifs de ces écoles. Si cela permet de les rendre accessibles à une plus grande frange de la population, celle-ci demeure néanmoins surtout issue de milieux aisés.
Dans une autre perspective, l’IRIS suggérerait de financer à 100% les écoles privées, mais de les rendre accessibles à tous les élèves de leur territoire et d’abolir leur processus de sélection. L’Institut se prononcera d’ailleurs sur ces alternatives prochainement.
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