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Des élèves de l’école secondaire des-Sources, située à Dollard-des-Ormeaux, affirment avoir été agressés sexuellement par le même étudiant et accusent l’administration de l’établissement de ne pas avoir pris la situation au sérieux.
Des élèves de l’école secondaire des-Sources, située à Dollard-des-Ormeaux, affirment avoir été agressées sexuellement par le même étudiant et accusent l’administration de l’établissement de ne pas avoir pris la situation au sérieux.
Cet article est une traduction d'un article de CTV News.
Certaines des accusations remontent à l’automne dernier, ont affirmé des victimes à CTV News. D’après elles, une troisième élève aurait aussi témoigné auprès de la police la semaine dernière pour dénoncer une agression ayant eu lieu dans les toilettes de l’école.
CTV ne peut nommer les victimes afin de protéger leur identité, comme elles sont encore mineures.
Une étudiante de 14 ans a raconté que son agresseur, également mineur, l’aurait plaqué contre un mur dans un corridor de l’école pendant une pause en octobre dernier et aurait tenté de baisser ses pantalons et de l’embrasser.
«Je me suis sentie vraiment inconfortable. Et je lui ai dit plusieurs fois de l’arrêter, parce que je n’avais vraiment pas envie de ça», a-t-elle déclaré en entrevue.
«Je ne voulais pas que ce soit mon premier baiser. Aussi, il avait une copine et c’était irrespectueux pour elle. Donc je lui ai demandé d’arrêter plusieurs fois.»
L’étudiante a souligné avoir rapporté l’incident à la directrice de l’école, mais qu’elle s’est fait répondre de garder l’événement pour elle.
«Elle m’a ordonné de ne le dire à personne et que si j’en parlais, je serais suspendue», déplore-t-elle.
Son agresseur a été suspendu pour trois jours le mois dernier, après que l’incident impliquant son amie ait été découvert. «Pour moi, ils n’ont rien fait», dénonce l’étudiante de 14 ans.
Son amie, que CTV n’a pas été capable de rejoindre, a contacté la police de Montréal vendredi dernier, selon elle.
Lorsqu’il s’est fait interpeller au sujet des agressions ayant été commises à l’école, le SPVM a confirmé par courriel lundi après-midi qu’une enquête sur les événements était présentement en cours et qu’il collaborait avec les autorités de l’école.
L’étudiante affirme se sentir découragée d’aller de l’avant avec sa plainte auprès de l‘école, puisqu’elle sent que celle-ci est davantage soucieuse de préserver sa réputation que d’aller de l’avant en agissant contre les agressions sexuelles.
«Quand il s'agit d'agression sexuelle, de viol ou de quelque chose de similaire, vous êtes généralement censé parler, parce que je suis mineur et il est mineur et c'est toujours mal à un jeune âge», a-t-elle déclaré.
«C’est troublant, parce que je me rends compte qu’ils n’ont rien fait.»
Une autre étudiante, qui est âgée de 12 ans et qui ne va plus à l’école secondaire des-Sources, a aussi déclaré que l’étudiant l’avait invitée proche d’une cage d’escalier en octobre et qu’il l’avait obligée à le toucher et à l’embrasser.
«Je lui ai demandé d’arrêter et il n’a pas voulu. Il me disait de continuer, que ça n’allait pas faire mal et que j’allais aimer ça.»
La jeune fille a ajouté qu’elle avait établi très clairement qu’elle ne consentait pas et qu’elle avait demandé plusieurs fois que son agresseur s’arrête.
«J’étais dépassée, j’étais confuse et j’avais peur», a-t-elle témoigné.
Comme son amie, elle a eu l’impression que son école n’était pas adéquatement équipée pour traiter les cas de violence sexuelle.
«Ils ne voulaient pas agir, a-t-elle dit. Ils disaient qu’ils allaient en parler, qu’ils allaient parler aux parents, mais ils n’ont rien fait.»
Le Centre de services scolaires Marguerite-Bourgeoys n’a pas répondu aux questions de CTV la semaine dernière concernant le nombre d’agressions sexuelles rapportées à l’école des-Sources et à savoir si celles-ci étaient sous enquête.
Une porte-parole de l’institution, Annie Bourassa, a déclaré qu’«elle ne pouvait pas commenter les dossiers des étudiantes», mais qu’il existait «un protocole précis» pour gérer les cas de violence sexuelle.
«Le protocole stipule que nous communiquions sans attendre avec la Direction de la protection de la jeunesse afin de les informer de la situation et que nous en fassions de même avec le SPVM», a-t-elle souligné.
«Après une analyse de la situation, nous nous assurons que tous les moyens soient pris afin de protéger et d’offrir du soutien à la présumée victime. L’agresseur allégué est automatiquement suspendu de l’école pour une période indéterminée et la décision de le réintégrer est basée sur les conditions déterminées par nos experts.»
Cependant, ce genre de démarche devient «inutile», si elle n’est pas appliquée à des situations vécues dans la vraie vie, soulève la vice-présidente du Réseau de la Santé Sexuelle du Québec, Tanya D’Amours.
«Je n'ai pas parlé à ces personnes, mais ce serait très décevant, et je pense qu'il s'agit d'une très grande opportunité manquée et d'une injustice pour les personnes qui se sont manifestées et qui ont vécu ces histoires, car elles n'ont pas l'impression que leur témoignage est pris en compte», a déclaré D'Amours.
Cette dernière affirme avoir remarqué que la demande pour les ressources sexuelles de son organisme a chuté dans les écoles pendant la pandémie. Selon elle, cela pourrait avoir fait en sorte que certains étudiants n’en ont pas appris suffisamment au sujet de thèmes comme le consentement ou les relations saines.
Quand ce genre de situation survient, il est important d’avoir une politique établie afin de s’assurer que la victime soit prise au sérieux et qu’un suivi soit aussi effectué auprès de l’agresseur, ajoute Mme D’Amours.
«J’espère que des gestes seront posés. Je me sens mal pour ces étudiantes, a déploré Mme D’Amours. Cela ne leur rend pas service, de ne pas aborder cela d'une manière qui les soutiendrait, mais aussi d'examiner largement leur politique et comment ils vont aller de l'avant et combler les lacunes qui existent.»