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Me Émile Benamor affirme que les règles et règlements de la Ville concernant les immeubles patrimoniaux ont rendu impossible toute modification ou rénovation de ce bâtiment de la place D'Youville.
Le propriétaire de l'édifice patrimonial du Vieux-Montréal dont l'incendie a tué sept personnes en mars intente deux poursuites contre la Ville de Montréal, à qui il réclame 7,6 millions $.
Les avocats d'Émile Benamor affirment que la réglementation municipale relative aux propriétés patrimoniales ne lui permettait pas d'effectuer des modifications ou des réparations sur le bâtiment construit en 1890. Ses avocats ont déposé les recours jeudi dernier, quelques semaines après que la police de Montréal a déclaré avoir trouvé des traces d'accélérant sur le lieu de l'incendie et que l'affaire s'était transformée en enquête criminelle.
«En raison de son statut patrimonial, le bâtiment est fortement réglementé, tout comme les travaux pouvant être autorisés sur celui-ci. Certains travaux sont totalement impossibles à réaliser, notamment du fait de la ville, qui refuse toute modification ou altération qui serait visible par rapport à la construction patrimoniale d'origine», indique la poursuite.
Selon la requête, la porte du bâtiment ne respectait pas les règles de sécurité incendie; mais comme elle avait plus de 100 ans et qu'elle était faite de bois de plusieurs pouces d'épaisseur, sa valeur patrimoniale faisait en sorte qu'elle ne pouvait être ni modifiée ni remplacée.
La poursuite allègue également qu'une cage d'escalier de secours menant au toit et permettant aux personnes d'accéder au bâtiment voisin avait été démantelée. «Encore une fois, il était impossible pour le demandeur de modifier l'escalier de manière à satisfaire la ville et la seule solution qui lui était présentée était de retirer la partie donnant accès au toit», peut-on lire dans la requête de la poursuite.
La poursuite de M. Benamor indique qu'aucune inspection de sécurité de la ville n'a été menée depuis février 2019.
La poursuite allègue également que les pompiers n'ont pas déployé les ressources adéquates pour lutter contre l'incendie du 16 mars et qu'ils n'ont pas pris la remarque de M. Benamor au sérieux lorsqu'il leur a dit quelques minutes après le début de l'incendie qu'il y avait très probablement des personnes à l'intérieur du bâtiment.
Le propriétaire poursuit également les responsables de la Ville, dont la mairesse, pour diffamation en raison de commentaires qu'ils ont tenus à la suite de l'incendie. La prétendue tentative de la mairesse Valérie Plante de lier l'affaire à des locations illégales de courte durée a déclenché une «chasse aux sorcières» contre M. Benamor, indique la poursuite.
«Plusieurs déclarations rapportées par les employés, représentants ou agents de la ville étaient fausses, inexactes et visaient à tenir le plaignant pour responsable des événements, y compris des blessures et des décès qui en ont résulté», peut-on lire dans le document judiciaire.
Pendant ce temps, les parents et le frère cadet de Charlie Lacroix, une jeune femme de 18 ans victime de l'incendie, ont intenté vendredi une poursuite de 1,5 million $ contre M. Benamor, la Ville de Montréal et un homme qui exploitait des locations de courte durée dans l'immeuble. La requête fait valoir que le décès est survenu en raison d'une négligence grave de la part des parties mises en cause.
«L'incendie et la mort de Charlie laisseront une marque indélébile dans le c?ur de chacun des demandeurs, qui devront vivre chaque jour avec la perte soudaine et inattendue d'un être cher», peut-on lire dans la poursuite.
Pour sa part, la Ville de Montréal a refusé de commenter l'une ou l'autre de ces poursuites.
Outre Mme Lacroix, les autres victimes étaient Camille Maheux, 76 ans ; Un Wu, 31 ans ; Dania Zafar, 31 ans ; Saniya Khan, 31 ans ; Nathan Sears, 35 ans ; et Walid Belkahla, 18 ans. Mme Maheux résidait depuis longtemps dans l'immeuble ; les autres séjournaient dans des locations à court terme.
En mars, le père de M. Sears a déposé une demande d'action collective de 22 millions $ contre M. Benamor, la plateforme de location à court terme Airbnb, et l'homme qui exploitait les locations dans l'immeuble.
L'action collective, intentée au nom des familles et des successions de toutes les victimes de l'incendie, n'a pas été approuvée, et l'un des avocats impliqués dans l'affaire a déclaré qu'une autorisation ne serait pas probable avant l'été 2024.
L'enquête du coroner est suspendue jusqu'à la conclusion de l'enquête policière et de tout éventuel procès criminel.