Le nombre de saisies de cigarettes électroniques augmente aux États-Unis

Ces statistiques illustrent l'état chaotique dans lequel le marché du vapotage est plongé chez nos voisins américains. Elles soulèvent des questions sur les capacités des gouvernements de freiner la circulation des cigarettes électroniques aux diverses saveurs de fruit que fume un adolescent sur 10 aux États-Unis.

On recense plus de 11 500 produits de vapotage aux États-Unis, une hausse de 26 % par rapport à juin, selon les données de la firme Circana.

«La FDA retire un produit, mais les fabricants contournent les règles, les jeunes contournent les règles», constate Bonnie Halpern-Felsher, une psychologue de l'Université Stanford qui a élaboré divers documents de sensibilisation contre le vapotage.

Mme Halpern-Felsher dit devoir mettre constamment à jour sa banque de données afin de suivre le rythme des nouveaux produits et des nouvelles tendances.

La quasi-totalité des nouveaux produits sont des vapoteuses jetables, selon les données de vente récoltées auprès des stations-service, des dépanneurs et d'autres commerces. Les ventes de ces produits ont atteint 3,2 milliards $ US (4,24 milliards $ CAN) au cours des 11 premiers mois de l'année.

La Food and Drug Administration n'autorise qu'une poignée de vapoteuses pour les adultes. Elle examine les produits de plusieurs entreprises importantes, notamment Juul. Les autorités considèrent que la quasi-totalité de toutes les autres cigarettes électroniques comme illégales.

«Ceux qui commentent des actes illégaux ne publicisent pas leurs crimes. Ceux qui tentent d'importer illégalement des produits du tabac aux États-Unis ne sont pas différents, avertit un cadre supérieur de la FDA, Brian King. La FDA et ses partenaires nationaux utilisent des moyens, comme les alertes aux importations, pour saisir ces produits du tabac illégaux à la frontière.»

Le nombre record de produits saisis n'a pas freiné la hausse des ventes de cigarettes électroniques.

Une base de données de la FDA indique que les autorités américaines ont refusé l'entrée au pays à 148 conteneurs ou palettes de produits du tabac au cours du dernier mois. Il s'agissait presque tous des produits de vapotage en provenance de la Chine. Les produits refusés sont habituellement détruits.

En date de la fin du mois de novembre, les autorités américaines avaient refusé l'accès au pays de 374 cargaisons, plus double que l'année précédente.

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Faciles à contourner

Les règles sont toutefois faciles à contourner pour les importateurs.

Par exemple: en juillet 2022, la FDA avait intercepté des dizaines de vapoteuses du fabricant chinois Fume. Les ventes de Fume ont chuté à la suite de l'interdit, mais après le lancement de nouveaux produits, l'entreprise a réalisé des ventes de 42 millions $ au cours du troisième trimestre de 2023. Environ 98 % des ventes proviennent de produits non placés sur la «liste rouge» de la FDA.

Les tactiques de l'industrie mettent à mal les restrictions aux importations.

En juillet, la FDA et les douanes américaines ont saisi pour 18 millions $ de produits illégaux, dont certains de la marque Elf Bar. Mais souvent, les cargaisons sont étiquetées sous de fausses représentations: souliers, jouets ou autres. Cela oblige les fonctionnaires à ouvrir individuellement chaque caisse et à vérifier le contenu de plus d'une vingtaine de conteneurs.

«La FDA possède une variété de moyens pour réagir à ces tactiques», souligne M. King.

L'agence a des pouvoirs limités pour sanctionner des entreprises étrangères. Les autorités ont transmis des centaines de lettres d'avertissement aux commerces américains qui vendent ces produits, mais celles-ci ne sont pas contraignantes.

Les autorités peinent aussi à examiner complètement les demandes des fabricants qui visent le marché des adultes.

Les rares produits à saveur de tabac actuellement autorités par la FDA ne sont pas très populaires. Les ventes de ces produits n'ont atteint que 174 millions $, soit 2,4 % du marché des produits de vapotage, selon Circana.

«Personne n'en veut, lance Marc Silas, le propriétaire d'un commerce du Michigan. Si les gens les voulaient, ces produits seraient sur les tablettes et ils ne le sont pas.»

Pour accélérer les examens, certains proposent que les décisions concernent une catégorie entière de vapoteuses au lieu d'étudier chaque produit au cas par cas.

L'idée a été lancée par des petits fabricants qui n'ont pas les moyens de mener les grandes études nécessaires devant accompagner les demandes à la FDA. Certains groupes de santé publique, inquiets des habitudes de vapotage chez les adolescents, l'appuient.

Mme Halpern-Felsher est partisane d'une interdiction complète des saveurs pour les cigarettes électroniques jetables. Ces produits sont consommés par la plupart des deux millions d'adolescents adeptes du vapotage.

«Si la tendance se maintient, nous aurons des générations de jeunes accoutumés à la nicotine», prévient-elle.