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Économie

Le contexte économique difficile plombe les rendements d’Investissement Québec

Le logo d'Investissement Québec dans les bureaux à Montréal le mercredi 14 juin 2023. LA PRESSE CANADIENNE/Christinne Muschi
Le logo d'Investissement Québec dans les bureaux à Montréal le mercredi 14 juin 2023. LA PRESSE CANADIENNE/Christinne Muschi
Stéphane Rolland
Stéphane Rolland / La Presse canadienne

Le portefeuille d’Investissement Québec (IQ) a rapporté moins que les coûts d’emprunt du gouvernement du Québec au cours de l’exercice 2024-2025.

Le bras financier du gouvernement québécois a enregistré un bénéfice net de 15 millions $, ce qui représente un rendement des capitaux propres de 0,3 % pour l’exercice clos le 31 mars, selon le rapport annuel publié jeudi. 

Le bénéfice est nettement inférieur à la prévision de 194 millions $ inscrite au budget du gouvernement du Québec présenté en mars dernier. 

IQ a attribué cette contre-performance au contexte économique difficile, qui a entraîné une perte de valeur de certains placements et l’a contrainte à mettre plus d’argent de côté en cas de pertes.

«On a été grandement impacté par toute l'incertitude dans les marchés relatifs aux tarifs douaniers.»
- Laurent Naud, chef de la direction financière

Avec la reprise boursière des dernières semaines, M. Naud a affirmé que les investissements cotés en Bourse d’IQ avaient rattrapé en grande partie le terrain perdu l’hiver dernier. Il a aussi mentionné que la variation de la valeur des actions détenues ne représentait qu’une «perte sur papier», tant qu’elles demeuraient en portefeuille. 

«Ce qu’il est important de retenir, c'est qu'il y a eu un retour des marchés boursiers au mois d'avril (et) au mois de mai. Donc, une grande partie de ce qu'on a perdu sur nos placements cotés a déjà été reprise.»
- Laurent Naud, chef de la direction financière

La société d’État a pour objectif de fournir un rendement supérieur aux coûts d’emprunt du gouvernement du Québec, ce qu’elle n’a pas fait l’an dernier. Au cours du dernier exercice, le taux d’emprunt a fluctué entre 3,0 % et 4,3 %.

Pour atteindre l’objectif, la cible doit être dépassée sur une période de cinq ans. IQ a enregistré un rendement moyen de 6,2 % sur cinq ans, soit plus que le taux d’emprunt du gouvernement. 

La présidente-directrice générale, Bicha Ngo, a souligné que la mission d’IQ ne se limitait pas qu’à générer un rendement supérieur aux coûts d’emprunt du gouvernement.

«Il faut faire attention aussi de ne pas focaliser trop sur le rendement, a-t-elle dit. Il faut vraiment regarder aussi les impacts sur le développement économique, ce qu'on apporte là-dedans.»

 

Dépasser le coût d’emprunt du gouvernement du Québec pourrait devenir plus difficile dans les prochaines années en raison de la hausse des taux d’intérêt et de l’augmentation des taux d’intérêt sur la dette du gouvernement. 

La moyenne de cinq ans est d’ailleurs rehaussée par l’année 2021, où le rendement ajusté était de 25,1 % en raison du rebond suivant la première année de la pandémie. Le rendement d’IQ a été inférieur à 3 % au cours des trois derniers exercices.

Mme Ngo a mentionné que, même si les taux d’intérêt augmentent sur la dette du Québec, il en va de même sur les prêts qu’accorde IQ. «Les taux d'intérêt ont augmenté, mais les nouveaux prêts aussi tiennent compte de l'augmentation des taux d'intérêt.»

L’objectif de surpasser les coûts d’emprunt est inscrit dans la Loi. Même si elle invite à analyser la performance sous d’autres angles, Mme Ngo a répondu qu’elle n’avait pas demandé un changement réglementaire. 

Pas d’importantes mises à pied à l’horizon

Les frais d’administration ont légèrement diminué en 2024-2025 pour s’établir à 260 millions $, en baisse de 3 millions $ par rapport à l’an dernier. 

La société d’État a aboli 170 postes au cours du dernier exercice afin de réduire ses dépenses. 

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Il ne faut pas s’attendre à d’autres abolitions de cette ampleur à court terme, a répondu Mme Ngo. «Il n'y aura pas d'initiative avec l'importance qu'il y a eu l'année dernière.»

Il y a une limite à ce qu’IQ peut faire pour réduire ses coûts, dont 75 % sont liés à la main-d’œuvre. La masse salariale progresse à un rythme de 4 % à 5 % «typiquement», tandis que l’employeur doit faire concurrence au secteur financier. 

Le salaire de base médian des employés d’IQ est de 106 575 $, selon le rapport annuel.

Le rapport annuel dévoile aussi la rémunération des plus hauts dirigeants d’IQ. La rémunération totale de Mme Ngo a atteint 1,07 million $.

Stéphane Rolland
Stéphane Rolland / La Presse canadienne