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«La meilleure décision était de se séparer de façon professionnelle.»
La philosophie instaurée par Olivier Renard au sein du CF Montréal est encore d’actualité, mais les méthodes pour y arriver ont peut-être mené à son départ.
Après quelques jours de spéculations, le président et chef de la direction du club, Gabriel Gervais, a fait savoir que ce sont des divergences stratégiques qui ont forcé l’équipe à couper les ponts avec son vice-président et chef de la direction sportive.
Dans la salle de conférence du Centre Nutrilait, Gervais a tantôt été diplomate, tantôt irrité lorsqu’il a fait le point sur le départ de Renard, qui a été confirmé jeudi en fin d’après-midi.
«Nous avons mis fin à notre collaboration d’un commun accord. Je dirais que récemment, nous avions des divergences stratégiques quant à l’application de la philosophie sportive. Nous étions rendus à un point où, pour le bien du club et d’Olivier, la meilleure décision était de se séparer de façon professionnelle», a affirmé Gervais, vendredi, avant l’entraînement du Bleu-blanc-noir.
Embauché à titre de directeur sportif en septembre 2019 après un court passage avec le Royal Antwerp FC, dans sa Belgique natale, Renard a tiré les ficelles d’une philosophie dans laquelle le développement des jeunes joueurs et leur vente étaient la clé du succès.
L’ancien gardien de 44 ans a travaillé en ce sens pendant un certain temps et il a obtenu les dividendes en 2022, lorsqu’il a réussi à vendre à gros prix des joueurs comme Ismaël Koné, Djordje Mihailovic et Alistair Johnston, tout en voyant le CF Montréal connaître une saison record. En 2023, il a acquis l’attaquant Kwadwo Opoku et le milieu de terrain Bryce Duke en suivant le même processus.
Soudainement, les désaccords sont devenus de plus en plus nombreux et la goutte qui a fait déborder le vase est peut-être survenue la semaine dernière.
Alors que Renard semblait détenir une enveloppe budgétaire un peu plus garnie, à la suite de la signature des attaquants Josef Martinez et Matias Coccaro, les discussions entourant le milieu de terrain Mathieu Choinière ont trouvé une impasse. Tellement, que le Québécois aurait demandé une transaction.
À ce moment, il était possible de croire que Renard appliquait une ligne dure à l’endroit de Choinière, mais une semaine plus tard, le bras de fer se jouait peut-être plus haut.
«Dernièrement, il y avait un manque de consensus sur certaines décisions. Je ne vais entrer dans aucun détail de dossier confidentiel, mais je peux vous dire que c’est à travers le fonctionnement du département sportif, la structure organisationnelle et le choix des joueurs. Mathieu est un joueur important nous, mais il est sous contrat pour encore 19-20 mois», a expliqué Gervais.
Rien n’a été confirmé par le CF Montréal, mais il suffit de lire entre les lignes pour comprendre que Renard n’avait peut-être plus la latitude budgétaire pour donner des munitions à son entraîneur-chef, Laurent Courtois.
Renard, qui a été élevé au poste de vice-président et chef de la direction sportive en juin 2022, souhaitait sans doute avoir plus de poids dans les décisions sportives, mais l’organigramme du club ne lui permettait peut-être pas.
«La façon dont ce projet m’a été présenté, je suis le président et ultimement, je suis responsable de toutes les décisions. Ensuite, quand vient le temps de prendre des décisions stratégiques, nous rencontrons régulièrement notre conseil d’administration et les propriétaires. Je ne vais pas entrer dans des dossiers confidentiels, mais les divergences avec Olivier se trouvaient plus dans la fonction du département, la structure organisationnelle et, oui, quelques joueurs. Ça fait des mois que ça dure», a laissé entendre Gervais.
Le président du CF Montréal assurera l’intérim de la direction sportive en attendant qu’il trouve un remplaçant et il a signifié qu’il préférait garder son poste administratif que de passer plus de temps du côté sportif. Gervais a mentionné qu’il n’avait aucun candidat en tête en ce moment.
Si l’avenir de Renard à Montréal a été déterminé cette semaine, celui de Vassili Cremanzidis, le directeur sportif adjoint, est encore nébuleux. Gervais a déclaré «qu’aux dernières heures et aux dernières informations, il fait encore partie de l’organisation».
Pour sa part, Courtois doit une fière chandelle à Renard. C’est lui qui l’a embauché en janvier dernier, lui offrant son premier emploi d’entraîneur-chef dans la MLS.
Même s’il est triste de le voir quitter, Courtois n’a pas hésité à dire que le projet du CF Montréal ne s’arrête pas à Renard.
«Olivier, Vassili, Gabriel m’ont toujours donné leur soutien dès le premier jour ainsi que leur croyance au projet. Nous pensions être les bonnes personnes pour faire avancer le club. Après, il y a la partie émotive, de ce qu’il a fait pour moi, mais son objectif était que je fasse avancer le club. Et j’ai envie de le faire. Je veux que les joueurs s’éclatent sur le terrain, peu importe contre qui ils jouent», a noté l’entraîneur-chef.
Sur le terrain, les joueurs n’ont pas peur que cette nouvelle vienne déconcentrer leur jeu et leur attitude.
«En toute honnêteté, le départ d’Olivier ne nous concerne pas vraiment parce que notre patron, c’est Laurent Courtois. C’est lui qui décide comment nous jouons, comment nous sommes utilisés sur le terrain et quelle formation nous utilisons. Après, l’identité du jeu est bien définie et Olivier a fait du gros travail là-dessus. Sa présence nous affectait lors des négociations de contrat, mais ça ne nous affecte pas sur le terrain», a soutenu le Québécois Samuel Piette.
Les Montréalais affronteront Lionel Messi et l’Inter Miami CF, samedi soir, au stade Saputo.