Début du contenu principal.
La consommation de quatre substances, dont le cannabis, pourrait augmenter le risque de souffrir de fibrillation auriculaire, une forme très courante et potentiellement grave d'arythmie cardiaque, prévient une nouvelle étude américaine.
La consommation de quatre substances, dont le cannabis, pourrait augmenter le risque de souffrir de fibrillation auriculaire, une forme très courante et potentiellement grave d'arythmie cardiaque, prévient une nouvelle étude américaine.
Les trois autres substances sont la cocaïne, les opioïdes et les métamphétamines. Le cas du cannabis est toutefois un peu particulier, puisqu'il s'agit d'un produit qu'on peut se procurer très facilement et en toute légalité.
À lire également:
«C'est intéressant de voir que le cannabis s'ajoute à la liste des facteurs de risque pour la fibrillation auriculaire, a commenté le docteur Alexandre Raymond-Paquin, un spécialiste de l'électrophysiologie et de ce trouble cardiaque à l'Institut de cardiologie de Montréal.
«On avait déjà des études de moins grande envergure, un peu moins robustes, qui laissaient présager une telle association, donc je ne suis pas complètement surpris, mais je suis content de voir qu'on peut enfin établir une association un peu plus solide entre l'usage du cannabis et la fibrillation auriculaire.»
Les chercheurs de l'Université de la Californie à San Francisco ont analysé les données provenant de 23,5 millions d'adultes californiens qui ont eu besoin de soins hospitaliers entre 2005 et 2015. Aucun ne souffrait de fibrillation auriculaire (une désorganisation de l'activité électrique au niveau des oreillettes) au début de l'étude.
Environ 133 000 d'entre eux étaient des utilisateurs de cannabis, 98 000 des utilisateurs de méthamphétamines, 49 000 des utilisateurs de cocaïne et 10 000 des utilisateurs d'opiacés.
Au bout de dix ans, tout près d'un million de patients, soit 4,2 % du total, souffraient de fibrillation auriculaire. L'association la plus robuste a été constatée avec les méthamphétamines et la plus faible avec le cannabis. Le risque de souffrir de cette forme d'arythmie était quand même 35 % plus élevé parmi les utilisateurs de cannabis.
Dans l'imaginaire populaire, le cannabis est souvent perçu comme une substance plus banale et plus inoffensive que la cocaïne, les opioïdes et les métamphétamines. Toutefois, souligne le docteur Raymond-Paquin, le cannabis s'accompagne d'«effets potentiellement délétères sur le plan cardiovasculaire» dont il faut informer la population.
«Ce n'est pas parce que c'est légal que c'est bon pour la santé, a-t-il rappelé, en établissant notamment une comparaison avec le tabac. Ce n'est pas parce que ça vient d'une plante que c'est bon pour la santé.»
Au-delà d'une augmentation du risque de fibrillation auriculaire évoqué dans cette étude, d'autres recherches ont associé le cannabis
à un risque plus important d'accident vasculaire cérébral, d'infarctus et d'insuffisance cardiaque, a ajouté le spécialiste, mais d'autres études seront nécessaires pour approfondir le tout.
Les mécanismes par lesquels chaque substance pourrait rehausser le risque de fibrillation auriculaire demeurent obscurs. On sait toutefois, précise le docteur Raymond-Paquin, que le cannabis agit sur plusieurs récepteurs, notamment au niveau du système nerveux, du système cardiovasculaire et du muscle cardiaque, ce qui serait à l'origine d'un certain «dérèglement».
«Mais je dois dire que c'est une science qui est en évolution, et puis probablement qu'on aura plus de réponses dans un avenir rapproché», a-t-il dit.
La fibrillation auriculaire est la forme la plus courante d'arythmie. Elle touche 2% de la population générale, 4% des 65 ans et plus et 12% des 80 ans et plus. Le problème peut être à l'origine d'AVC s'il n'est pas pris en charge adéquatement.
Si certains facteurs de risque comme l'âge, le sexe et le bagage génétique ne sont pas modifiables, d'autres comme l'hypertension artérielle, l'obésité, la sédentarité et la consommation d'alcool le sont, et la consommation de cannabis pourrait s'ajouter à cette liste, a conclu le docteur Raymond-Paquin.
«C'est en tentant de contrôler tous ces facteurs de risque qu'on peut mettre les chances de son côté», a-t-il dit.
Les conclusions de cette étude ont été publiées dans les pages du European Heart Journal.