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Les chercheurs avaient tout d'abord recruté environ 1400 paires mère-enfant, mais ultimement, leurs conclusions s'appuient uniquement sur une centaine de femmes.
Une exposition au THC ou au CBD pendant la grossesse pourrait se traduire par un risque plus élevé d'obésité ou d'hyperglycémie à l'enfance, prévient une nouvelle étude américaine.
«Il faut prendre cet article-là comme une brique à l'établissement de la maison des connaissances, mais surtout pas la fondation parce que sinon, ça en ferait une maison un peu branlante», a toutefois d'emblée réagi le docteur Richard Bélanger, du Centre de recherche du CHU de Québec.
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Les chercheurs de l'École de santé publique du Colorado ont analysé l'urine d'une centaine de femmes enceintes à la recherche de métabolites du cannabis. Ils ont trouvé des traces de THC et de CBD dans l'urine de 15 % d'entre elles. Ces mesures ont été effectuées à la mi-grossesse, à un moment où les femmes ne pouvaient ignorer qu'elles étaient enceintes.
Les chercheurs rapportent dans le Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism que les femmes qui avaient consommé du cannabis pendant leur grossesse étaient ensuite plus susceptibles de donner naissance à un bébé de petit poids. À l'âge de cinq ans, ces enfants étaient «modérément» plus gras et plus lourds que les enfants qui n'avaient pas été exposés à la marijuana. Ils avaient aussi une glycémie plus élevée.
Toutefois, fait remarquer le docteur Bélanger, les chercheurs avaient tout d'abord recruté environ 1400 paires mère-enfant, et ils n'expliquent pas vraiment pourquoi, ultimement, leurs conclusions s'appuient uniquement sur une centaine de femmes. Il souligne aussi qu'on ne sait rien de facteurs comme l'alimentation et l'activité physique qui pourraient avoir une incidence sur le poids et la glycémie des enfants.
«Ça fait plusieurs marches qui ne sont pas là dans notre échelle pour qu'on puisse la gravir avec certitude», a-t-il lancé.
Il salue en revanche l'utilisation par les chercheurs d'un outil quantitatif (l'analyse des métabolites) plutôt que subjectif (un questionnaire qui aurait été soumis aux mères) pour étudier la question. Il rappelle aussi que de telles études longitudinales menées sur plusieurs années sont complexes et dispendieuses à réaliser.
Quoi qu'il en soit, a poursuivi le docteur Bélanger, l'étude a le mérite d'attirer l'attention sur un sujet auquel on doit s'intéresser et qui préoccupe plusieurs parents.
«Il ne faut pas penser que les jeunes mères ou les mères plus âgées qui consomment, parfois pour leurs propres raisons, parfois à des fins médicales pour essayer de soulager ou d'atténuer certaines choses, le font de gaieté de cœur, puis qu'elles le font en sachant bien que ça blesse leur enfant, a-t-il dit. On a besoin de ces études-là pour être capables de les informer correctement pour faire un choix éclairé.»
Plusieurs études, dont certaines réalisées au Canada, se sont intéressées à l'impact de la consommation de cannabis sur le fœtus au cours des dernières années.
Une étude comme celle-ci remet à l'avant-plan le besoin, encore aujourd'hui, malgré la légalisation du cannabis, d'approfondir notre compréhension de l'impact sur la santé de sa consommation, a précisé le docteur Bélanger.
«Encore à ce jour, en 2022, bien que les études ont commencé dans les années 60, 70, 80, autour du cannabis puis de ses impacts sur la santé, il y a encore d'énormes champs qui sont inexplorés, et puis ça, ce n'est pas à l'avantage des familles canadiennes», a-t-il dit en conclusion.
«À partir de ce moment-là, il y a toujours de l'intérêt pour des choses extrêmement parlantes comme celle-là, surtout quand on a légalisé un produit; il faut toujours continuer à s'attarder à l'impact possible que pourraient avoir ces produits-là sur la santé des enfants.»