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«Nous avons besoin que tout le système nous aide...»
Le Regroupement des Chefs d'Urgence du Québec (RCUQ) – représentant les urgentologues de la province – sonne à son tour l'alarme sur la situation préoccupante dans nos salles d’urgence.
Ce texte est traduction d'un article de CTV News.
Une lettre du RCUQ, s’adressant au ministre de la Santé, Christian Dubé, indique que la situation est tout simplement «hors de contrôle pour toutes les institutions du Québec» et que «l'inertie à tous les niveaux de la prise de décision reste palpable».
«Pendant que toute l'attention ministérielle était concentrée sur le projet de loi 15 et la réorganisation du système de santé, le réseau s'est complètement immobilisé, et tout repose sur le dévouement exceptionnel des professionnels qui restent engagés envers des soins de qualité», peut-on lire dans la lettre signée par la présidente du regroupement, Marie-Maud Couture. Les médecins affirment que les récents décès à la salle d'urgence de l'hôpital Anna-Laberge à Châteauguay ne sont que «la pointe de l'iceberg».
«La congestion dans les services d'urgence entraîne un décès, soit environ un décès pour chaque 82 patients admis», mentionne la lettre. «Cette statistique ne tient pas compte des décès indirects, c'est-à-dire des personnes qui consultent tardivement malgré une condition médicale urgente, de peur d'attendre plus de 24 heures dans une salle d'attente, et parfois même de peur d'être une "nuisance".»
Le Dr Gilbert Boucher, président de l'Association des spécialistes en médecine d'urgence du Québec, a expliqué à CTV News après les décès que la situation à l’hôpital Anna-Laberge n'avait pas changé malgré les gros titres des décès et de la visite ministérielle.
«Nous avons besoin que tout le système nous aide», a-t-il affirmé.
Dimanche, Anna-Laberge affichait un taux d’occupation de 153%. Tous les hôpitaux non spécialisés de la région de Montréal sont à pleine capacité ou au-dessus de 100%.
L'hôpital Barrie Memorial d’Ormstown, en Montérégie, est à 200% de sa capacité, le même niveau qu'Anna-Laberge au moment des décès.
M. Dubé a qualifié les décès de «très inquiétants» et a soutenu qu'il voulait «prendre le pouls de ce qui se passait sur le terrain».
«Une chose est certaine: nous devons améliorer la situation dans nos salles d'urgence», a lancé le ministre de la Santé. «Mais aussi tout au long du parcours du patient, depuis avant leur arrivée à l'hôpital jusqu'à après leur départ.»
Le défenseur des droits des patients, Paul Brunet, plaide en faveur de l'augmentation de l'utilisation des soins à domicile par le ministère.
«Beaucoup de personnes dont la santé se dégrade auraient pu être vues plus tôt», a-t-il déploré. «Nous perdons déjà beaucoup de patients dans les salles d'urgence et sur les listes d'attente en raison de la situation chaotique.»
De son côté, Dre Couture écrit que la réponse à la «crise permanente - et, nous le répétons, quotidienne et mortelle - se résume souvent à des vœux pieux».
«À ce jour, très peu d'efforts ont été déployés pour remédier à la congestion», écrit-elle. «Bien qu'il y ait eu des directives concernant la surcapacité des hôpitaux, la responsabilité et l'application des divers plans d'urgence sont restées non résolues.»
L'organisation demande une réunion urgente avec le ministère pour discuter des mesures visant à garantir l'accès aux salles d'urgence pour les patients.