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On était déjà dedans, maintenant c'est vrai: François Legault a lancé les hostilités dimanche matin, après l'adoption du décret par le conseil des ministres et la visite aux bureaux du lieutenant-gouverneur.
C'est maintenant officiel: le Québec est en campagne électorale.
Le 3 octobre, la parole sera donnée aux quelque 6 281 942 électeurs québécois aptes à voter et appelés à choisir les 125 élus chargés de les représenter au cours des quatre prochaines années à l'Assemblée nationale. Le parti qui remportera le plus grand nombre de sièges formera le prochain gouvernement.
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François Legault a lancé les hostilités dimanche matin, après l'adoption du décret par le conseil des ministres et la visite aux bureaux du lieutenant-gouverneur, J. Michel Doyon, chargé de dissoudre officiellement l'Assemblée nationale, déclenchant aussitôt la campagne électorale.
À son arrivée au bureau de M. Doyon, M. Legault, accompagné de son épouse, Isabelle Brais, a dit que c'était «un grand jour pour la démocratie», lors d'une brève mêlée de presse.
Questionné à savoir quel était le principal enjeu de cette élection, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) a énuméré «les cinq thèmes les plus importants pour la CAQ depuis le début: l'éducation, l'économie, l'environnement, la santé et notre identité, entre autres défendre notre langue».
Si ce n'est déjà fait, les électeurs auront environ cinq semaines pour se faire une idée, évaluer les programmes et les plateformes des partis, même si de plus en plus c'est d'abord la personnalité du chef, son charisme, qui guide leur choix à savoir à qui ils accorderont leur confiance.
Si on se fie à tous les sondages des derniers mois, la CAQ, dirigée par M. Legault, se dirige vers une victoire facile, éclatante, qui lui procurerait un deuxième mandat et l'assurerait de former un gouvernement fortement majoritaire qui pourrait compter jusqu'à une centaine de sièges. Mais les campagnes réservent parfois des surprises: personne n'est à l'abri d'une gaffe, d'un scandale, suivis d'une chute brutale dans les intentions de vote.
Les partis doivent aussi composer avec les caprices du mode de scrutin, qui avantage les uns et pénalise les autres. Rappelons qu'en 2018 M. Legault a réussi à former un gouvernement majoritaire, avec seulement un million et demi de votes (plus précisément 1 509 455 votes).
Le taux de participation, en baisse constante, surtout chez les 18-34 ans, était de 66 % en 2018. C'est donc dire qu'un électeur sur trois a choisi de ne pas se prévaloir de son droit de vote. La CAQ avait alors recueilli 37 % du vote populaire.
Au moment de la dissolution de la Chambre, la CAQ comptait 76 députés, tandis que l'opposition officielle formée par le Parti libéral du Québec (PLQ) avait 27 sièges, Québec solidaire (QS), 10 sièges, le Parti québécois (PQ), sept sièges, et le Parti conservateur du Québec (PCQ), un siège. On comptait quatre députés indépendants.
Des cinq chefs, François Legault est, et de loin, le plus expérimenté. Il part avec une longueur d'avance, car il est le seul des cinq chefs de parti représentés à l'Assemblée nationale à connaître les exigences particulières d'une campagne à mener dans le cadre d'élections générales. Ce sera sa quatrième dans la peau du chef de la CAQ, après celles de 2012, 2014 et 2018.
Fait non négligeable, la campagne électorale qui débute sera la première pour les quatre autres chefs.
Sur la ligne de départ, M. Legault profitera de l'avantage d'être déjà au pouvoir, d'avoir une longue expérience et de projeter l'image rassurante du chef du gouvernement. Mais il sera le seul à devoir défendre son bilan des quatre dernières années. Son autre défi: convaincre les gens qui sont persuadés que c'est gagné d'avance d'aller voter.
Deux des cinq chefs cherchent à se faire élire pour la première fois à l'Assemblée nationale: le péquiste Paul St-Pierre Plamondon, dans Camille-Laurin (auparavant Bourget), à Montréal, et le conservateur Éric Duhaime, dans Chauveau, une circonscription au nord de Québec.
Des cinq chefs de parti présents au parlement, M. Legault est, à 65 ans, le plus âgé. À 32 ans, le leader de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, est le plus jeune du quintette.
Entre les deux, Dominique Anglade, 48 ans, est la seule femme. Ex-ministre de l'Économie dans le cabinet Couillard, la cheffe libérale dirige un parti en chute libre dans les sondages. Elle devra convaincre tous les électeurs autrefois libéraux qui ont tourné le dos au parti en 2018 de revenir au bercail, en précisant ce qu'elle entend faire de ce parti. Et elle devra les convaincre qu'elle peut battre François Legault, en attaquant son bilan.
Habile communicateur, parlementaire déjà aguerri, Gabriel Nadeau-Dubois va devoir s'affairer à élargir sa base militante, s'il veut que Québec solidaire joue vraiment dans les ligues majeures. La question est de savoir jusqu'où il est prêt à aller pour recentrer le parti de gauche afin d'y arriver.
À la tête du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, âgé de 45 ans, doit craindre de devoir passer l'essentiel de la campagne électorale à démontrer que son parti, dont la popularité ne cesse de chuter, n'est pas à l'agonie. Il devra tenter de coaliser tous les souverainistes, en les exhortant à voter selon leurs convictions.
Il y a un paradoxe avec le Parti conservateur dirigé par Éric Duhaime, âgé de 53 ans. Aucun autre parti n'a réussi durant la dernière année à intéresser autant de gens, à remplir des salles et à faire signer des dizaines de milliers de cartes de membres. Mais avec autour de 13 % d'intentions de vote dans les sondages, le parti de droite demeure marginal et son aura ne semble guère dépasser la grande région de Québec. Il devra convaincre les électeurs qu'il peut offrir davantage que la lutte aux mesures sanitaires.
Les chefs pourront croiser le fer lors de débats télévisés, d'abord le 4 septembre, puis le 22 septembre à Radio-Canada, et le 15 septembre à TVA, dans un «Face à Face». Il n'y aura pas de débat en anglais.
Il est trop tôt pour dire sans se tromper quels seront les thèmes centraux de la campagne électorale et quelle sera la fameuse question de l'urne. Mais il y a fort à parier que la gestion de la pandémie, la hausse continue de l'inflation et du coût de la vie, la baisse du fardeau fiscal, la pénurie de main-d'oeuvre, l'accès aux soins de santé et la lutte aux changements climatiques en feront partie.
Une inconnue: est-ce que les chefs et leurs organisations devront composer avec une nouvelle vague de COVID-19 en pleine campagne électorale? Traditionnellement, qui dit campagne électorale, dit rassemblements, poignées de mains, accolades. Qu'en sera-t-il cette fois-ci?