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Près de 90% des ménages dans les trois provinces les plus dépendantes du mazout pour se chauffer ont demandé la subvention fédérale de conversion à la thermopompe électrique.
Les trois provinces les plus dépendantes au mazout pour le chauffage comptent pour près de 90% des ménages admissibles qui ont demandé la subvention fédérale pour la conversion à la thermopompe électrique.
Mais la décision d'Ottawa, l'automne dernier, de rendre le programme encore plus attrayant sur la côte Est ne semble pas avoir provoqué un regain d'intérêt subit dans cette région.
Les données fournies par Ressources naturelles Canada montrent que 12 572 demandes ont été reçues pour le programme de conversion du mazout à la thermopompe depuis son lancement le 31 mars 2023. Or, près de 90 % de ces demandes provenaient de l'Île-du-Prince-Édouard, de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Nouvelle-Écosse.
L'Île-du-Prince-Édouard représente à elle seule plus de la moitié des demandes et la popularité de ce programme y est logique. La plus petite province du Canada est aussi la plus dépendante du mazout, avec plus de 52 % des ménages qui utilisaient ce combustible en 2020 pour la totalité ou une partie de leurs besoins de chauffage domestique. Près de 20 % des foyers ont ainsi demandé une subvention pour passer à la thermopompe entre le 31 mars 2023 et le 8 janvier dernier.
Par contre, cet intérêt n'a pas du tout augmenté subitement lorsque le gouvernement libéral a décidé de hausser le montant de la subvention maximale, de 10 000 $ à 15 000 $, l'automne dernier.
Au cours des sept premiers mois du programme — donc avant la bonification —, environ 1400 candidatures étaient reçues chaque mois; mais dans les deux mois qui ont suivi l’annonce de la bonification, ce chiffre est tombé à moins de 1200 demandes par mois.
Il faut dire que si les subventions pour les thermopompes sont offertes dans toutes les provinces, seules Terre-Neuve-et-Labrador, la Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard ont vu la subvention augmenter, car elles sont également les seules à disposer d'un partenariat provincial pour l'offrir. Ottawa négocie avec d'autres provinces pour signer des accords similaires.
Le premier ministre Justin Trudeau a déclenché un tollé politique lorsqu’il a annoncé en octobre que le gouvernement suspendait temporairement la tarification du carbone pour le mazout domestique et augmentait les subventions aux thermopompes dans les provinces qui ont accepté de s’associer au programme.
Le gouvernement fédéral assure qu’il a pris cette décision parce que le mazout est déjà beaucoup plus cher que le gaz naturel et que les Canadiens qui l’utilisent ont besoin de plus de temps et d’aide financière pour remplacer leur fournaise au mazout par une thermopompe électrique.
Mais à l'extérieur de ces trois provinces de l'Atlantique, le programme de thermopompes a suscité très peu d'intérêt.
Plus de 730 000 foyers en Ontario et au Québec utilisaient du mazout pour se chauffer en 2020, mais moins de 900 demandes de subventions pour se convertir à la thermopompe ont été déposées dans ces deux provinces. Environ 12% des ménages québécois utilisaient du mazout en 2020, et 5 % en Ontario.
Dans l’Ouest canadien, le chauffage au mazout est extrêmement limité et l’intérêt pour la thermopompe est pratiquement nul.
La décision de M. Trudeau d'exempter le mazout de la tarification du carbone pendant trois ans a par contre suscité de vives critiques de la part des premiers ministres des provinces où le gaz naturel est plus couramment utilisé pour chauffer les maisons.
Les premiers ministres de l'Alberta, de la Saskatchewan, du Manitoba et même de l'Ontario ont tous exigé une exemption au moins similaire pour le gaz naturel, même si la plupart d'entre eux souhaitent également l'élimination totale de la tarification du carbone pour les ménages.
Le chef conservateur Pierre Poilievre s'est appuyé sur la décision des libéraux pour prouver que la tarification du carbone ne fonctionnait pas comme incitatif environnemental. Il a continué de promettre qu'il éliminerait la tarification du carbone s’il était élu premier ministre.
Le directeur parlementaire du budget a publié jeudi une analyse du programme de thermopompes, qui estime que ces subventions coûteront au gouvernement fédéral 797 millions $ sur cinq ans. Ottawa a budgétisé 750 millions $ pour le programme au cours des quatre premières années.
Le rapport du bureau d'Yves Giroux indique également que jusqu'à 244 000 ménages sont probablement admissibles aux subventions. Même s'il ne s'attend pas à ce que tous ces ménages en profitent, il en coûterait 2,7 milliards $ pour financer les subventions.
Au 8 janvier dernier, environ 5 % de ces ménages admissibles avaient déjà fait une demande, et 37 % avaient finalement installé une thermopompe chez eux.