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«C’est l’équivalent de construire une ville comme Boucherville ou Rouyn-Noranda à l’intérieur de Montréal.»
C'est un projet ambitieux qui pourrait débuter dès l'an prochain: la Ville de Montréal entend revitaliser le quartier Namur-Hippodrome en y construisant pas moins de 20 000 nouveaux logements dont la moitié seront abordables. On reliera même ce nouveau quartier au métro avec un tout nouveau tramway.
La Ville de Montréal a confirmé sa vision vendredi avec le dépôt de plan directeur d'aménagement et de développement pour le site de l’ancien Hippodrome de Montréal. Longtemps demeuré à l’abandon, il pourra potentiellement accueillir 40 000 habitants.
Tous les paliers de gouvernance et le Groupe d’accélération pour l’optimisation du projet de l’Hippodrome (GALOPH) ont vendu ce rêve de la même manière, vendredi à Montréal lors de l’annonce d’un investissement public total de 6 millions $ dans la phase de planification du projet: la construction du «quartier de demain», dans un contexte forte croissance démographique et de pénurie de logements.
On souhaite carrément faire naitre «une nouvelle Ville au cœur de la Ville», avec notamment une école, des équipements sportifs, communautaires et culturels ainsi qu'un pôle santé.
«C’est l’équivalent de construire une ville comme Boucherville ou Rouyn-Noranda à l’intérieur de Montréal», a déclaré la mairesse de Montréal, Valérie Plante, en précisant que la phase de planification détaillée du quartier Namur-Hippodrome profitera d’un financement municipal de 2 millions $, soit la même part que celle débloquée par les gouvernements fédéral et provincial.
«Ce qu’on veut faire avec Namur-Hippodrome, c’est de ne plus reproduire des erreurs du passé, c’est-à-dire construire, construire, sans réfléchir à ce qui est nécessaire pour que les gens aient une belle qualité de vie et aient envie d’y rester longtemps.»
«This is a big deal», a commenté le ministre fédéral du Logement, Sean Fraser, présent à l’annonce en compagnie de son homologue provinciale France-Élaine Duranceau, ministre de l’Habitation.
Un quartier aux unités de types variés – une chambre, deux chambres, trois, quatre chambres, alouette – qui se parcourt en cinq minutes et où on peut tout faire à pied, un accès au transport en commun en moins de 15 minutes… On désire également créer de nombreux espaces verts. Pas moins de 14 hectares seront réservés pour des nouveaux parcs et autres places publiques. On aménagera «un parc central fédérateur et une ceinture verte».
Le tramway devrait être intégré à l'axe de la rue Jean-Talon. Notons que l'on désire également implanter un Réseau express vélo (REV).
«En étant propriétaire et promoteur de ces terrains, nous saisissons cette occasion du siècle pour faire de ce nouveau quartier une vitrine des ambitions de Montréal, notamment en matière d'innovation, d'inclusion et de participation citoyenne», a souligné la mairesse Plante.
D’ailleurs, la moitié des unités du quartier seront placées à l’abri de la spéculation, car «si on avait réussi à mettre des unités de logement à l’abri de la spéculation, la crise [du logement à Montréal] serait probablement moins aigüe» aujourd’hui, a dit la mairesse Plante. «Je veux que des gens y naissent, y grandissent, et que leurs parents y restent jusqu’à la retraite.»
Avant d'aller officiellement de l'avant, le projet doit être adopté par le comité exécutif de la Ville de Montréal. «Le Plan directeur du quartier Namur-Hippodrome fera l'objet d'une dernière consultation publique qui est prévue au mois de mai 2024, en vue d'une adoption finale avant la fin de l'année», précise-t-on.
Montréal désire finaliser la construction des infrastructures sur une période de 10 ans. Les premiers permis pour la construction pourraient être délivrés dès 2025.
À quand le premier promoteur en action? Combien y aura-t-il de logements abordables exactement? Et combien coûteront vraiment les loyers? Impossible de répondre à ces questions pour l'heure.
Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) demeure sceptique devant cette annonce vendredi. «Le problème actuellement, c'est que beaucoup d'entente pour le logement social se font hors programme; c'est-à-dire, des décisions plus politique qui se gèrent à l'extérieur de l'octroi d'unités dans les programmes gouvernementaux comme ça a toujours été le cas», a dit la porte-parole Véronique Laflamme à Noovo Info. «Ça crée un régime à deux, voire trois vitesses.
Avant la conférence de presse de vendredi, le FRAPRU attendait de pied ferme la ministre Duranceau et le ministre Fraser. Les deux ministres se sont réunis dans le cadre du Forum stratégique sur les grands projets de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).
Quelques dizaines de manifestants se sont réunis devant les locaux des HEC Montréal afin d'exiger aux deux élus la création d'un programme «de logement social, à la hauteur des besoins, via un programme dédié, pérenne et suffisamment financé».