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L'unilinguisme de certains patrons dans les grandes sociétés québécoises s'est invité dans la campagne électorale.
L’unilinguisme de certains patrons dans les grandes sociétés québécoises s’est invité dans la campagne électorale. Gabriel Nadeau-Dubois, de Québec solidaire, a critiqué «l’arrogance des big boss» tandis que Paul St-Pierre Plamondon, du Parti québécois, y a vu la démonstration de la nécessité de faire l’indépendance.
Le sujet a été remis à l’ordre du jour tandis que le grand patron d’Alimentation Couche-Tard, Brian Hannasch, qui oeuvre au sein de l’entreprise depuis 2014, n’est pas en mesure de tenir une conversation en français et n’a pas suivi de cours de français au cours de la dernière année, selon une entrevue publiée au «Journal de Montréal».
La présentation d’une allocution entièrement en anglais par le PDG d’Air Canada, Michael Rousseau, qui avait dit ne pas voir l’utilité d’apprendre la langue, avait soulevé une vague d’indignation en novembre. D’autres entreprises ont été mises sur la sellette depuis, notamment le Canadien National, au printemps dernier, tandis que le transporteur ferroviaire avait été critiqué pour l’absence de francophone au conseil d’administration, une situation que l’entreprise promet de corriger, et par le témoignage d’employés qui affirment avoir rencontré des embûches dans leur tentative de communiquer en français au travail.
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Questionné sur le sujet, Gabriel Nadeau-Dubois, de Québec solidaire, s’est dit «tanné de l’arrogance de ces 'big boss' là.»
«Ça nous montre d’où vient la vraie menace à la langue française au Québec. Ce n’est pas les gens qui choisissent le Québec comme terre d’accueil. La menace au français au Québec, c’est que cette langue là, comme langue de travail, est en train de diminuer.»
«C’est pour ça qu’il faut mettre nos énergies sur la francisation en milieu de travail et ça commence à la tête des entreprises.»
Québec solidaire avait proposé des amendements à la loi 96 pour forcer les hauts dirigeants à communiquer en français, sous peine d’amende, mais la proposition a été rejetée par la CAQ, accuse-t-il.
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Les «demandes sympathiques de toute évidence ne donnent aucun résultat», a critiqué, pour sa part, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, faisant référence aux propos l’automne dernier de François Legault, qui a dit vouloir «convaincre» les chefs d’entreprise anglophones d’apprendre le français.
«La seule solution structurelle à moyen, long terme, c’est l’indépendance du Québec», a dit M. St-Pierre Plamondon.
«L’attente serait complètement différente. Si je vais en Italie, je sais que la langue nationale est l’italien. Notre appartenance au Canada fait en sorte que la réponse, c’est toujours: c’est un pays bilingue. Or, le bilinguisme institutionnel, ça ne crée aucun incitatif à apprendre le français», a-t-il mentionné de passage à Ottawa.
François Legault, de la Coalition avenir Québec, s’est porté à la défense d’Alimentation Couche-Tard. Il a souligné que M. Hannasch vivait aux États-Unis.
«Maintenant, Couche-Tard, c’est une entreprise internationale, et la personne dont on parle est basée aux États-Unis. Il ne faut pas oublier que Couche-Tard a des activités partout dans le monde. C’est sûr que les gens qui sont basés à Montréal, au Québec, devraient, ne serait-ce que par respect, parler français, mais dans son cas, il est basé aux États-Unis.»
Au Parti libéral, Dominique Anglade a dit qu’il n’était «pas normal» que le grand patron de Couche-Tard n’ait pas appris le français. «Ce n’est pas normal. Il avait pris un engagement de le faire apprendre le français et cet engagement-là n’avait pas été respecté. C’est une question de respect pour le Québec.»
Plus tard dans la journée, la société lavalloise a précisé par courriel que M. Hannasch avait un grand respect pour la culture francophone et que cette attitude était partagée par la haute direction et le conseil d’administration. «L’entreprise se fait le devoir de préserver sa culture francophone solide qui assure que ses employés, ses clients et ses actionnaires soient en mesure de recevoir tout service, puissent communiquer et travailler en français.»