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Avec les «tweets», Twitter a accompli en quelques années quelque chose que peu d'entreprises ont réussi à faire en une vie: il est devenu un verbe et s'est implanté dans le lexique du monde entier.
Malgré la disparition de l’oiseau bleu, le terme «tweeter» existe toujours sur Twitter, plateforme qui a été rebaptisée «X» par Elon Musk.
Pour y aller d’une publication, vous devez toujours appuyer sur un bouton bleu qui dit «tweeter» pour la publier. Pour la reposter, vous devez toujours appuyer sur «retweeter».
Mais c'est plus que ça.
Avec les «tweets», Twitter a accompli en quelques années quelque chose que peu d'entreprises ont réussi à faire en une vie: il est devenu un verbe et s'est implanté dans le lexique du monde entier. Renverser cela nécessite plus qu'une déclaration, même si elle provient du grand patron de Twitter, devenu X.
«Le langage vient toujours des gens qui l'utilisent au jour le jour. Et on ne peut pas le contrôler, on ne peut pas le créer, on ne peut pas le transformer. Vous ne décidez pas», dit Nick Bilton, l'auteur du livre Hatching Twitter: A True Story of Money, Power, Friendship, and Betrayal racontant les origines de Twitter.
Twitter n'a pas commencé comme Twitter. C'était «twttr» - sans voyelles, ce qui était la tendance en 2006 lorsque la plateforme a été lancée et que les textos étaient très populaires. L'iPhone n'est sorti qu'en 2007.
Le co-fondateur de Twitter, Evan Williams, «est allé un jour et a acheté les voyelles, deux voyelles pour environ 7500 dollars chacune» lorsqu'il a acheté l'URL twitter.com à un passionné d'oiseaux, explique M. Bilton.
Au début, les gens ne «tweetaient» pas - c'était «Je vais tweeter ça», se souvient M. Bilton.
Nous tweetons depuis plus d'une décennie. Des chefs d'État, des célébrités et des athlètes, des dissidents dans des régimes répressifs, des trolls de propagande, des travailleurs du sexe, des icônes religieuses et même des monarques utilisent la plateforme. L'utilisation incendiaire de l'application Twitter par l'ancien président Donald Trump a rapidement mis ses «tweets» en tête des titres pendant sa présidence. Les personnes qui ne se sont jamais inscrites sur Twitter savaient ce que le mot signifiait.
Pour l'instant, nous tweetons toujours, retweetons et citons des tweets, et parfois - peut-être pas assez souvent - supprimons des tweets. Les sites d'information intègrent des tweets dans leurs articles et les émissions de télévision les font défiler. Aucun autre réseau social n'a de mot pour publier qui est entré dans le langage courant comme «tweet» - bien que Google ait fait de même pour «googler».
Le dictionnaire d’Oxford a ajouté le mot «tweet» en 2011. Le guide de l'Associated Press l'a intégré en 2010.
«Entrer un mot dans le dictionnaire est une indication que les gens l'utilisent déjà», explique Jack Lynch, professeur d'anglais à l'université Rutgers, qui étudie l'histoire de la langue. «Les »dictionnaires sont généralement assez prudents avant d'accepter de nouveaux mots, surtout pour de nouveaux phénomènes, parce qu'ils ne veulent pas que les choses soient éphémères.»
Alors que Twitter est devenu une plateforme de communication mondiale et a lutté contre la désinformation, les trolls et les discours haineux, son image de marque conviviale est restée. L'icône de l'oiseau bleu évoque un sourire, tout comme le sourire en forme de flèche inversée d'Amazon - contrairement au X que Musk a imposé.
Martin Grasser n'avait que deux ans d'école d'art quand Twitter l'a embauché pour la refonte du logo en 2011. Ce n'était pas le premier logo d'oiseau pour Twitter, mais ce serait le plus durable.
«Ils savaient qu'ils voulaient un oiseau. Nous ne repartions donc pas de zéro, mais ils voulaient qu'il soit à la hauteur d'Apple et de Nike. C'était vraiment l’objectif», se souvient-il.
Twitter a lancé leur nouveau design en mai 2012; l'entreprise est entrée en bourse à Wall Street plus tard cette année-là.
Un premier design interne montré à Grasser ressemblait «à une oie volante avec une queue. C'était un peu comme un dragon. C'était fou», dit-il. Jack Dorsey, un autre co-fondateur (et deux fois PDG), voulait quelque chose de plus simple.
L'oiseau représentait une vision de Twitter comme un endroit convivial «où tout le monde peut donner son avis et discuter», ajoute M. Grasser.
«La forme ronde évoque un sentiment d'optimisme, l'oiseau étant même un peu tourné vers le haut, aussi banal que cela puisse paraître, je pense que c'est différent d'un oiseau qui vole vers le bas ou à plat. Nous voulions lui donner cette idée d'envol.»
Le mot «Twitter» lui-même est ludique, tout comme «tweet». «Ce n'était pas un accident», explique Bilton.
C'est Noah Glass, un autre co-fondateur qui n'a jamais tout à fait reçu le crédit qu'il méritait pour son rôle dans la création de Twitter, qui a eu l'idée gagnante.
M. Bilton affirme que Glass «pensait aux battements de cœur et aux émotions. Il traversait un divorce et il a littéralement parcouru le dictionnaire mot par mot jusqu'à ce qu'il tombe sur le mot twitter. Et il a tout de suite su que c'était ça.»
«Il faisait partie des quatre fondateurs qui avaient l'intelligence émotionnelle de comprendre que c'était une question de connexion avec les humains», affirme M. Bilton. «C'était accueillant, c'était émotionnel. Il s'agissait de se connecter avec les humains, vos amis et vos proches.»
Musk a commencé sa quête en effaçant la culture et l'image de Twitter au profit de sa propre vision dès qu'il a repris l'entreprise en octobre 2022. Il a perdu les trois quarts du personnel de l'entreprise par des licenciements, des mises à pied et des départs volontaires, a mis aux enchères des meubles et des décorations, et a bouleversé les politiques sur les discours haineux et la désinformation. Le changement de nom en X n'a pas été une surprise.
Le changement de marque de Twitter est enraciné dans l'ambition que Musk a commencé à poursuivre il y a près d'un quart de siècle après avoir vendu sa première start-up, Zip2, à Compaq Computer. Il s'est lancé dans la création d'une boutique numérique tout-en-un pour la finance appelée X.com - un service «tout en un» qui fournirait des comptes bancaires, traiterait les paiements, accorderait des prêts et gérerait les investissements.
Il n'a pas abandonné le rêve. Twitter est maintenant X, s'alignant sur les autres marques de Musk nommées X, SpaceX et le modèle X de Tesla. Sans parler de son jeune fils, qu'il appelle «X».
Son objectif pour X est de le transformer en une application «tout en un» - pour la vidéo, les photos, la messagerie, les paiements et d'autres services, bien qu'il ait donné peu de détails. Pour l'instant, X.com est toujours essentiellement Twitter.com, même si l'oiseau bleu et d'autres éléments ludiques commencent à disparaître.
«Il y avait autrefois un dicton à l'intérieur de Twitter selon lequel Twitter était l'entreprise qui ne pouvait pas se tuer. Je pense que cela reste vrai, que ce soit appelé Twitter ou X», mentionne Bilton.
«Je pense que cela fait un peu partie intégrante de la société. Et même Elon Musk ne pourra peut-être pas la briser.»