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Selon Paul St-Pierre Plamondon, le Canada possède l'une des frontières les plus poreuses et mal gérées en Occident.
Avec la réélection de Donald Trump à la Maison-Blanche, le Québec pourrait vivre de la «turbulence» dans ses relations avec les États-Unis, selon le premier ministre François Legault. Il appréhende «une arrivée massive d'immigrants» en provenance de nos voisins du sud en raison des promesses de déportation du président républicain.
Questionné à savoir ce que son gouvernement comptait faire face à ces potentielles vagues migratoires, le premier ministre a dit qu’il fallait être certain que la frontière soit bien surveillée, sans trop donner de détails sur le comment.
«On veut s’assurer que, rapidement, on sache s’il y a un problème. On va regarder ce que fait le fédéral, mais si c'est nécessaire, on va s’assurer que sur une base peut-être aléatoire que les frontières sont bien surveillées par le gouvernement fédéral», a indiqué M. Legault en point de presse mercredi à l’Assemblée nationale.
Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, a rappelé que la frontière canadienne était sous la responsabilité de la GRC et s’est dit «rassuré» pour le moment de la réponse de son homologue fédéral Dominic LeBlanc, quant au fait qu’il n’y aura pas de réduction des effectifs.
Voyez le compte-rendu de Jean-François Poudrier dans la vidéo liée à l'article.
Le premier ministre Legault a répété que le Québec avait fait sa part en termes d’accueil de demandeurs d’asile, rappelant les impacts sur les services.
«Il ne faudrait pas qu'on voie en plus une arrivée massive d'immigrants qui viennent via les États-Unis, parce que ça pourrait vraiment déséquilibrer le marché de l'emploi», a dit le premier ministre.
Le ministre de l’Immigration, Jean-François Roberge, a dit que les «expulsions massives» promises par M. Trump étaient «inquiétantes».
«Ça pourrait occasionner une vague migratoire vers le nord – vers le Canada, vers le Québec – et en ce moment, on l'a dit plusieurs fois, notre capacité d'accueil est largement dépassée», a-t-il dit.
François Legault a aussi rappelé les potentiels impacts économiques négatifs pour le Québec des velléités protectionnistes du nouveau président américain. M. Trump a notamment évoqué l’imposition de tarifs de 10 % sur les produits importés aux États-Unis.
«Je pense qu'il faut se dire la vérité, il y a des emplois qui sont en jeu. Donc il va falloir être très stratégique, surtout dans les secteurs clés, où le Québec a beaucoup d'exportations vers les États-Unis», a affirmé le premier ministre.
La ministre de l’Économie, Christine Fréchette, a indiqué qu’il fallait «prendre au sérieux les mesures qui pourraient être prises, notamment les tarifs».
«On va avoir à l'œil les secteurs qui pourraient être plus directement touchés, notamment l'aluminium, l'aéronautique et toute l’industrie du bois», a-t-elle affirmé en mêlée de presse mercredi.
«Si on veut se protéger contre le protectionnisme montant partout dans le monde, il faut optimiser et numériser nos processus, mais surtout faire le virage technologique. Il faut réduire notre écart de productivité avec l’Ontario», a pour sa part affirmé le ministre délégué à l’Économie, Christopher Skeete.
Le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon pense que le Québec doit s'attendre à recevoir des mouvements de masse de milliers de migrants en provenance des États-Unis.
Selon lui, le Canada a l'une des frontières les plus poreuses et mal gérées en Occident.
«On ne contrôle pas l’immigration, on ne contrôle pas nos frontières et les dernières années nous ont démontré que l'incapacité de François Legault à avoir une quelconque influence sur Justin Trudeau peut devenir très problématique», a-t-il affirmé.
M. St-Pierre Plamondon laisse entendre que cette situation est un cul-de-sac tant que le Québec n'aura pas les pleins pouvoirs en immigration en accédant à l'indépendance.
Le chef parlementaire Gabriel Nadeau-Dubois a dit qu’il fallait attendre de voir comment Donald Trump mettrait en œuvre sa promesse d’expulser les sans-papier.
«S'il procède à des déportations massives, est-ce qu'il pourrait y avoir des impacts sur le Québec? Je pense que oui. Est-ce qu'il faut être attentifs à ça? Oui. Est-ce que c'est préoccupant? Sans doute», a-t-il affirmé.
M. Nadeau-Dubois a aussi indiqué que la montée de l'autoritarisme dans le monde est inquiétante pour les démocraties. «Est-ce que M. Trump a fait des déclarations qui font penser à des discours fascistes dans les dernières semaines? Je pense que tout le monde s'entend pour dire que oui», a-t-il ajouté.
Le député libéral André A. Morin a appelé à la prudence en rappelant qu'il existe des mécanismes en place pour contrôler l’arrivée de migrants.
«Il y a présentement des forces de l'ordre au Québec, au Canada et aux États-Unis qui patrouillent la frontière. (...) On a vu qu'il y avait un flux migratoire avec le chemin Roxham. Le chemin a été fermé. On a vu maintenant qu'il y a un apport d'immigrants dans les aéroports, mais dans les aéroports, il y a quand même une capacité limitée dans des avions», a énuméré le député libéral.