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Le chef conservateur a rappelé, extraits sonores à l'appui, que lors de la campagne électorale de 2018, François Legault s'était engagé à créer un registre public des délinquants sexuels durant un premier mandat, ce qui n'a pas été fait.
Le Québec doit se doter d’un registre public des délinquants sexuels, selon le chef conservateur Éric Duhaime, qui reproche au gouvernement Legault de ne pas avoir respecté l’engagement qu’il avait pris en ce sens en 2018.
En point de presse lundi matin devant l’Assemblée nationale, le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ) s’est engagé à créer un tel registre si son parti est porté au pouvoir le 3 octobre.
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M. Duhaime a rappelé, extraits sonores à l’appui, que lors de la campagne électorale de 2018 celui qui allait devenir premier ministre du Québec, François Legault, et celle qui allait devenir ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, s’étaient tous deux engagés à créer un registre public des délinquants sexuels durant un premier mandat, ce qui n’a pas été fait. Une fois ministre, en 2019, Mme Guilbault avait renouvelé son engagement, qui est resté sans suite.
Il était entouré de l’avocat et ex-ministre de la Justice Marc Bellemare et de Sophie Dupont, une citoyenne qui milite activement depuis 2004 afin que le gouvernement du Québec aille de l’avant dans ce dossier.
Mme Dupont a créé une page Facebook visant à identifier les pédophiles reconnus coupables de délits sexuels, afin de prévenir qu’ils commettent d’autres crimes contre des enfants. À ce jour, elle a dressé une liste de 52 000 noms de pédophiles en liberté.
«C’est pas mon rôle de faire ça», a dit Mme Dupont, qui a connu un proche victime d’un pédophile et qui a fait valoir que le leurre d’enfants sur le web et la pornographie juvénile étaient des phénomènes en augmentation constante.
Ex-ministre libéral dans le gouvernement Charest et grand défenseur des victimes d’agressions sexuelles depuis des décennies, Marc Bellemare a déploré «le manque de courage» du gouvernement Legault en ce domaine.
Il faut sortir de l’anonymat ces milliers de délinquants sexuels «qui profitent de l’écoulement du temps pour cacher leur déviance», a soutenu l’avocat.
Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, a justifié sa décision de ne pas donner suite à son engagement, en invoquant des arguments de nature juridique. Selon lui, une telle initiative «pose des défis juridiques, à cause de la protection des données personnelles», a-t-il dit en mêlée de presse dans la région de Montréal, en réaction aux commentaires du chef conservateur. Il n’a pas renouvelé l’engagement pris en 2018.
M. Bellemare a rappelé que ces informations sur les criminels sexuels sont déjà publiques dans les plumitifs des palais de justice, mais qu’elles sont difficiles à trouver pour la plupart des citoyens. Il croit aussi que le public a tendance à oublier avec le temps, d’où l’importance d’un registre public «qui contient l’ensemble des informations» et les rend accessibles à tous, à coût nul.
En consultant ce registre, les citoyens pourraient savoir, d’un simple clic, qui sont leurs voisins, qui sont leurs employés, lesquels parmi eux «ont été condamnés pour des délits sexuels», a fait valoir l’avocat, en soutenant que sa présence aux côtés de M. Duhaime ne signifiait pas un appui au Parti conservateur, mais bien à la cause qu’il défend.
Un tel registre existe déjà au palier fédéral, mais seules les forces de l’ordre y ont accès. Certaines provinces, dont l’Alberta, en ont un aussi.
Il existe différents modèles de registres et le Québec pourrait s’inspirer du modèle en vigueur en Californie, selon M. Duhaime, soit un registre qui centraliserait toute l’information publique disponible sur les délinquants sexuels et la rendrait «facilement accessible à tout le monde».
Le chef conservateur a rejeté l’argument selon lequel ce type d’initiatives pouvait encourager des gens à se faire justice eux-mêmes. Dans la balance des avantages et des inconvénients, M. Duhaime dit avoir choisi de «prendre parti pour les victimes».