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Ils soutiennent que plus de 2500 personnes qui ont été agressées par des membres du clergé attendent toujours d'obtenir justice devant les tribunaux du Québec.
La visite du pape François au Québec, dans le cadre de sa tournée au Canada, n’est pas vue d’un bon œil par tous. Des victimes d’agressions sexuelles de prêtres et de religieux ont tenu un point de presse à Québec afin notamment de présenter une lettre ouverte au pape.
Il a été possible d'entendre les témoignages de Roger Lessard, porte-parole des victimes d’agressions sexuelles de prêtres, de Gaétan Bégin, co-requérant dans l’action collective contre le Diocèse de Québec et de Shirley Christensen, victime d’un prêtre.
Les avocats, Me Alain Arsenault et Me Marc Bellemare, ont aussi pris la parole pour faire le point sur la situation actuelle des actions collectives pour des agressions sexuelles commises par des prêtres et des religieux au Québec.
Ils soutiennent que plus de 2500 personnes qui ont été agressées par des membres du clergé attendent toujours d'obtenir justice devant les tribunaux du Québec.
Les avocats soutiennent que les victimes d'agressions attendent plus que des prières: elles demandent au pape de donner des «instructions précises» aux diocèses et aux congrégations religieuses de toute la province sur la manière de rendre justice aux victimes.
Le pape François doit visiter le Canada du 24 au 29 juillet; il se rendra en Alberta, au Québec et au Nunavut.
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Nous sommes des victimes, et des avocats représentant des victimes d’agressions sexuelles commises par des membres du clergé catholique au Québec. Dans les différents recours que nous et d’autres collègues avocats menons, il y a plus de 2 500 victimes qui attendent toujours d’obtenir justice devant les tribunaux québécois, et ce chiffre devrait augmenter de façon significative dans les prochains mois.
Nous avons été sensibles à vos différents messages en faveur de la reconnaissance de la souffrance vécue par les victimes d’agressions sexuelles, mais nous devons aussi vous rapporter que vos paroles n’ont pas toujours été suivies par toutes les congrégations religieuses et tous les diocèses du Québec. Certaines congrégations religieuses et certains diocèses utilisent des manoeuvres qui nous apparaissent aller à l’encontre des intérêts des victimes et de vos déclarations.
Ces stratégies de défense peuvent conduire à des délais d’attente de plus de 10 ans pour certains dossiers, sans nous interroger si certaines congrégations et certains diocèses prennent en considération l’âge des victimes pour faire allonger les délais. Nous vous informons que plusieurs victimes sont déjà décédées en cours de route, et que d’autres ne connaitront pas non plus le sort de ces dossiers de leur vivant.
Ici, nous soulignons l’apport du gouvernement du Québec pour avoir enfin aboli le délai de prescription en matière civile pour agressions sexuelles, qui était jusqu’en juin 2020 le principal moyen de défense des congrégations religieuses et des diocèses, mais nous savons qu’aux États-Unis certaines congrégations et certains diocèses ont payé des sommes importantes pour mandater des lobbyistes afin que le délai de prescription soit maintenu.
Comment devons-nous alors concilier vos messages d’ouverture et de reconnaissance avec ce sombre tableau qui est la réalité actuelle ?
Au-delà des prières, les victimes attendent des actes concrets. Pouvez-vous intervenir, pape François, pour rendre rapidement justice aux victimes d’agressions sexuelles par les membres de votre église, en donnant des instructions précises aux diocèses et aux congrégations religieuses du Québec, et plus particulièrement pour la Congrégation de Sainte-Croix, l’Oratoire Saint-Joseph, les Oblats de Marie-Immaculée, les Religieux de Saint-Vincent de Paul, les Frères de la Charité et les Frères de l’instruction chrétienne.
Voyez le reportage de Simon Bourassa sur ces victimes qui veulent se faire entendre :
Il y a actuellement plusieurs recours collectifs au Québec visant des prêtres soupçonnés d’avoir agressé sexuellement de jeunes garçons ou de jeunes filles à différentes périodes et à différents endroits en province.
De tels recours ont été accordés notamment contre les diocèses de Québec, Trois-Rivières et Amos.
Aussi, début juin 2022, un recours collectif de 21 millions de dollars a été déposé contre les Frères Maristes. La demande a été faite au nom de toutes les personnes agressées sexuellement par les membres de la congrégation à travers la province. La Maison provinciale de la communauté se trouve dans le secteur Iberville, mais les Maristes étaient présents dans des dizaines d’écoles et d’organismes de loisir dans plusieurs diocèses, notamment dans les régions de Québec, Saguenay, Rimouski et Gaspé. Un homme de 70 ans de Baie-Saint-Paul est à l'origine de cette poursuite au civil. Le plaignant, identifié comme Monsieur B, aurait été victime d'attouchements alors qu'il n'avait que 8 ans, des gestes qui auraient eu d'importants impacts sur sa vie.
Également, trois ans après le dépôt, en juin 2019, d'une première demande d'action collective contre les Frères des écoles chrétiennes et l'un des membres de cet ordre, la Cour supérieure a donné son aval en mai 2022 pour entendre la cause. L'action collective vise toute agression sexuelle commise de 1940 à nos jours. La congrégation des Frères des écoles chrétiennes n'a pas contesté la demande d'action collective.
Les Frères du Sacré-Coeur étaient aussi visés par deux actions collectives pour des sévices sexuels. La première demande en action collective au nom des présumées victimes d'agressions sexuelles, qui auraient été commises par des religieux au Collège Mont-Sacré-Cœur, à Granby, entre 1932 et 2008, avait été autorisée en 2017. La Cour a ensuite autorisé un 2e recours collectif incluant «toutes les autres personnes qui ont été agressées sexuellement au Québec par un religieux des Frères du Sacré-Cœur, peu importe l'endroit au Québec». Des centaines de jeunes garçons auraient été agressés sexuellement entre 1940 et 1980 dans des écoles et des camps de vacances au Québec. Une entente de 60M$ est intervenue dans ce dossier en faveur des victimes.
- Avec des informations de La Presse canadienne