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La Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault a choisi d'évacuer tous les thèmes ne se rapportant pas à la fierté d'être Québécois pour son dernier grand rassemblement avant la prochaine campagne générale.
Les caquistes sont des gens fiers. Fiers d'eux-mêmes, fiers d'être Québécois. C'est à la fois l'image qu'ils veulent donner de leur formation politique et le principal message qu'ils choisissent de livrer à la population, à quatre mois de l'échéance électorale.
La Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault a choisi d'évacuer tous les thèmes ne se rapportant pas à la fierté d'être Québécois pour son dernier grand rassemblement avant la prochaine campagne générale.
Toute la journée, samedi, le mot «fierté» était sur toutes les lèvres, répété à toutes les sauces, martelé sur la scène, dans les corridors et dans les points de presse et interventions des ministres du gouvernement Legault.
Le congrès de la CAQ, qui se tient à Drummondville tout le week-end, réunit entre 1000 et 1400 militants, sous haute surveillance policière, en présence du chef du parti et premier ministre, François Legault, qui a reçu un accueil triomphal, en se présentant en matinée, accompagné de son épouse, Isabelle Brais.
Le Centrexpo, où se tient le congrès, était transformé en véritable forteresse, protégé d'éventuels intrus grâce à un large périmètre totalement clôturé. Plusieurs rues du centre-ville avaient été bloquées. On ne comptait plus le nombre de policiers à l'intérieur comme à l'extérieur. Les forces de l'ordre n'ont rien ménagé pour s'assurer que rien ni personne ne vienne perturber l'événement: des policiers étaient à pied, d'autres en voiture, à cheval, à vélo, à moto, en véhicule tout-terrain. Des chiens étaient présents. L'escouade anti-émeute était aux aguets. Des drones survolaient l'emplacement. N'entre pas dans l'édifice qui veut. Il faut montrer patte blanche et se soumettre aux mesures de sécurité, dignes d'un aéroport.
Il y avait peu de manifestants à l'extérieur en matinée, quelques centaines tout au plus.
Le premier jour du congrès s'est déroulé sans anicroche. L'événement, co-animé par la future candidate de la CAQ dans Sherbrooke, l'ex-députée bloquiste Caroline St-Hilaire, servira en fait surtout à fouetter l'ardeur des troupes et à recruter des bénévoles prêts à s'impliquer durant la campagne électorale dans toutes les régions du Québec, à la fin de l'été.
Tout est en place pour donner une image lisse de l'action gouvernementale, alors que samedi matin les ministres présents sur place ont justifié tour à tour le choix du parti de n'aborder aucun enjeu susceptible d'embarrasser le gouvernement ou de provoquer un débat sur un ou l'autre des grands enjeux qui font l'actualité politique au jour le jour.
Aucune des 23 résolutions étudiées par les membres, et expédiées en moins de deux heures, ne portait sur l'attente à l'urgence ou pour une chirurgie, le vieillissement de la population ou le sort à réserver aux personnes âgées, la grave pénurie de main-d'?uvre, la crise du logement, le troisième lien ou le manque criant de places en garderie. Pas un mot sur la hausse du coût de la vie. Aucune allusion à la lutte aux gaz à effet de serre.
En mêlée de presse, le ministre de l'Environnement, Benoît Charette, a dit que le Québec avait «toutes les raisons d'être très fier» de son bilan en environnement. Chaque congrès du parti a sa thématique, a-t-il fait valoir, même si, le jour même, un sondage Léger révélait que près d'un électeur sur deux (48 %) se montre insatisfait du bilan environnemental du gouvernement.
La vice-première ministre, Geneviève Guilbault, a dit que la fierté n'était pas un sujet secondaire, à ses yeux. «C'est un sujet à part entière qui mérite autant de considération que les autres», qu'il s'agisse de santé ou d'économie. Elle a ajouté que les gens sont plus fiers que jamais d'être Québécois, grâce à l'action du gouvernement, qui a su raviver la flamme nationaliste depuis quatre ans.
Selon elle, «il y a d'autres forums» disponibles aux militants pour qu'ils puissent exprimer leurs vues sur différents enjeux.
La ministre déléguée aux Transports, Chantal Rouleau, a commenté en disant qu'il y avait «des débats tout le long de l'année» à la CAQ.
Le cahier de propositions, toutes teintées d'un fort sentiment nationaliste et axées sur des questions identitaires, portait notamment sur un meilleur enseignement de l'histoire du Québec, la révision de l'enseignement du français au primaire et au secondaire, une meilleure protection des édifices patrimoniaux, un soutien accru aux productions télévisuelles et cinématographiques québécoises et la création d'un musée de l'histoire. Comme un écho aux déclarations récentes du premier ministre, une résolution visait à réclamer du gouvernement fédéral de transférer au Québec l'ensemble des pouvoirs en immigration. Quelqu'un a lancé l'idée, vite évacuée, d'un référendum sur le sujet.
Sans surprise, toutes les résolutions ont été adoptées sans problème et sans controverse, en moins de deux.
Il faudra cependant attendre la fin de l'été pour connaître le contenu de la plateforme électorale de la CAQ, sur tous les autres enjeux qui risquent d'intéresser les électeurs.
La plupart des députés caquistes et ministres étaient présents au congrès. La ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, a reçu une ovation. Le ministre de l'Agriculture, André Lamontagne, a fait un long discours à saveur nationaliste visant à tracer le bilan de l'action gouvernementale, source selon lui de fierté collective.
Les ministres se sont aussi prêtés à un exercice de questions-réponses avec les militants dans la salle, et personne n'a été écorché. Les questions étaient complaisantes et les commentaires élogieux.
M. Legault prononcera un discours sur le thème de la fierté d'être Québécois dimanche matin. Ce sera aussi l'occasion d'annoncer des candidatures à la prochaine élection.
Une journaliste de La Presse Canadienne sur place a constaté très tôt samedi matin qu'il y avait des clôtures partout et des contrôles de sécurité très stricts pour accéder à l'événement, comme ce qu'on voit à l'aéroport. Il y avait aussi des policiers à cheval.
À la Sûreté du Québec (SQ) qui assure la sécurité du public et celle du premier ministre, un porte-parole reconnaît que le service de police se prépare à l'arrivée de nombreux manifestants à Drummondville. Comme toujours, l'objectif est de maintenir l'ordre et la sécurité du public, que ce soit autour du congrès de la CAQ ou dans les parcs et d'autres endroits publics où les manifestants pourraient se rassembler.
Des militants du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) comptent notamment y attirer l'attention sur la crise du logement en faisant beaucoup de bruit devant le Centrexpo Cogeco de Drummondville, où les membres de la CAQ sont réunis en congrès.
Selon le FRAPRU, la situation du logement se détériore rapidement au Québec.
Plusieurs dizaines de locataires de Montréal, Sherbrooke, Longueuil, Berthierville et Joliette doivent se joindre au FRAPRU pour faire part de leurs préoccupations au gouvernement caquiste à l'approche de la journée des déménagements au Québec, le 1er juillet, qui s'annonce particulièrement difficile cette année, selon le FRAPRU. L'organisme sans but lucratif réclame des investissements supplémentaires dans le programme AccèsLogis, dédié à la construction de logements sociaux et communautaires.
Des manifestations sur d'autres sujets, comme l'opposition aux mesures sanitaires qui avaient été mises en place dans la foulée de la pandémie de COVID-19, circulent aussi sur les réseaux sociaux, mais rien d'officiel n'a été annoncé.