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Dans le but de réaliser un profit rapide...
Le nombre de procédures disciplinaires contre des courtiers immobiliers québécois accusés d'avoir «abusé financièrement» de leurs clients ne cesse d'augmenter.
Cela survient à la suite d'allégations selon lesquelles certains courtiers immobiliers auraient profité d'aînés ou de personnes vulnérables en achetant leur maison à un taux «inférieur», puis en la revendant à un prix beaucoup plus élevé afin de réaliser un profit rapide.
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Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
«Comme de nombreux cas signalés concernent des personnes vulnérables ou des aînés, il s'agit d'une véritable exploitation financière», a déploré Jacinthe Roy, directrice générale du Réseau FADOQ, qui représente les personnes âgées de 50 ans et plus. «Pour de nombreux retraités, une propriété représente leur principale épargne en dehors des régimes publics de retraite.»
Selon l'Organisme d'autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ), l'organisme qui encadre les courtiers immobiliers au Québec, son comité de discipline a constaté qu'au cours des dernières années, plusieurs courtiers immobiliers ont profité de leurs clients en achetant eux-mêmes leur propriété.
«Si un courtier immobilier est intéressé à acheter une propriété qui lui est offerte par un client potentiel, il devrait s'abstenir de signer un contrat de courtage», explique Joanne Beauvais, porte-parole de l'OACIQ. «Lorsqu'il signe un contrat, il doit d'abord et avant tout représenter les intérêts de son client.»
Globalement, l'OACIQ indique que le nombre d'infractions liées aux conflits d'intérêts est en hausse, passant de 31,6% en 2021 à 43,4% en 2022.
Mme Beauvais souligne que la double représentation - un courtier qui agit comme courtier vendeur pour un client et qui se représente lui-même comme l'acheteur de la maison - n'est plus permise au Québec depuis 2022.
«En novembre dernier, une courtière immobilière a acheté la propriété de ses deux clients», raconte Mme Beauvais. «[Elle a gagné] 500 000$.»
À la suite d'une plainte, une enquête a suivi et le courtier immobilier a été condamné à une amende de 150 000$ pour conflit d'intérêts.
«Cette sanction était proportionnelle au profit réalisé sur les biens achetés à ses clients», ajoute Mme Beauvais. «En faisant un demi-million de profit, nous sommes allés chercher nos avocats et nous avons obtenu l'amende maximale.»
L'Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic (AQRP) déplore que la maltraitance financière et «l'exploitation caractérisée» des personnes âgées peuvent prendre de nombreuses formes.
«Il est inacceptable que certains courtiers immobiliers exploitent la vulnérabilité des personnes âgées à des fins purement financières», a déclaré Paul-René Roy, président de l'AQRP. «Nous considérons ces pratiques comme profondément inhumaines et contraires à l'éthique professionnelle.»
L'AQPR et le Réseau FADOQ recommandent de toujours vérifier le permis du courtier sur le site de l'OACIQ, notamment en vérifiant son identité et en recherchant d'éventuelles mesures disciplinaires.
«Si vous pensez qu'il veut agir rapidement, qu'il ne met pas d'affiche devant la propriété ou qu'il n'inscrit pas votre maison sur Centris, cela peut être un signe qu'il y a peut-être quelque chose qui ne va pas», a déclaré M. Roy.
L'OACIQ rappelle que les courtiers ont l'obligation morale de faire passer les besoins de leurs clients avant les leurs.
«Il s'agit tout de même de la transaction la plus importante de votre vie», soutient Mme Beauvais. «Surtout pour un couple âgé, disons, qui a vu ses enfants grandir dans cette maison, c'est très émotif, et peut-être qu'ils n'ont pas de famille autour d'eux pour les aider. C'est pourquoi la meilleure garantie qu'ils puissent obtenir, c'est d'avoir un courtier immobilier qui les aide à trouver la bonne personne.»