Début du contenu principal.
Selon une enquête, c'est un rail brisé qui a causé le déraillement de plusieurs wagons d'un train en novembre 2024.
Le résumé de l’événement détaillé du Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) mise à jour le 17 janvier dernier, qui inclut l'évaluation de l'événement et l'examen de pièces récupérées sur les lieux de l'accident - met en lumière «certaines lacunes de sécurité» pour expliquer le déraillement de plusieurs wagons d'un train du CN à Longueuil en novembre 2024.
Le BST estime qu'un rail brisé serait la cause du déraillement de wagons du train de marchandise de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) survenu le 14 novembre dernier. Selon le BST, «un freinage d'urgence provenant de la conduite générale s'est produit» alors que le train faisait son entrée dans la gare de triage Southwark à Longueuil.
Lors de l'accident, le train long de 6 242 pieds et pesant 9 156 tonnes a perdu huit wagons - dont deux contenant des marchandises dangereuses - sur un total de 102 (60 wagons chargés, 33 wagons vides et 9 wagons de résidus).
La voie ferrée a été détruite sur une distance d’environ 373 pieds. Personne n'a été blessé lors du déraillement des wagons.
Une section de rail endommagée située au début de la zone où s’est produit le déraillement a été récupérée et examinée par le BST qui affirme par ailleurs que l'âge et le niveau d'usure des rails endommagés «variaient considérablement». Certains de ces rails dataient de 1925, d'autres de 1955, par exemple.
«Cette section provenait d’un rail d’un poids de 100 livres qui s’était fissuré au congé de raccordement âme-champignon, en raison d’un défaut interne du rail lié à la fatigue du métal. La progression de ce type de défaut peut se produire de façon très rapide lors du passage répété de trafic lourd», précise-t-on dans le résumé de l’événement.
Le BST précise que le rail présentait une usure combinée de 16 mm, soit un niveau d'usure «qui dépasse le niveau maximal de 14 mm prescrit par les Normes de la voie de l’Ingénierie du CN».
«La partie supérieure du champignon exhibait également une importante déformation (fluage) vers le côté extérieur du rail. Une telle déformation survient habituellement lorsque de lourdes charges ont circulé sur une section de rail pendant de nombreuses années», explique le BST dans son rapport en précisant que la plus récente auscultation par ultrasons des rails dans les environs du lieu du déraillement a été effectuée le 22 novembre 2023 «afin de déceler d’éventuels défauts internes».
En décembre dernier, le BST a émis un avis de sécurité du transport ferroviaire à Transports Canada portant sur les exigences en matière d’inspection des voies ferrées, notamment celles situées dans les cours de triage.
Dans cette lettre à Transports Canada, le BST explique que si les rails des voies de triage font l'objet d'inspection régulière, l'usure des rails n'est pas elle systématiquement mesurée dans le cadre du programme d'inspection périodique.
«Il est donc possible que des rails anciens et/ou d’époque dont l’usure est proche ou dépasse les normes maximales établies demeurent en service dans les cours de triage. De tels rails pourraient présenter des défauts internes non détectés qui augmentent la probabilité d’une défaillance soudaine en service, entraînant un déraillement et compromettant la sécurité du public et des infrastructures se trouvant à proximité», explique-t-on.
Le BST conclut sa lettre en sollicitation le point de vue de Transport Canada sur la possibilité d'examiner les exigences en matière d’inspection et d’auscultation des voies ferrées, «notamment celles situées dans les cours de triage, afin de s’assurer qu’elles demeurent aptes à assurer un service continu».
Le 14 novembre dernier, huit wagons d'un train du CN ont déraillé dans le secteur de Longueuil.
Deux wagons-citernes contenant des marchandises dangereuses faisaient partie des wagons déraillés : l'un contenait du propagne - mais aucune fuite de son contenu ne s'est produite - et l'autre contenait du peroxyde d'hydrogène. Ce dernier wagon était resté debout, mais sa paroi latérale avait été perforée, entraînant le déversement partiel de son contenu.
Un appel d'urgence avait été fait au 9-1-1 vers 8h45. Dans les minutes suivantes, les premiers véhicules d'urgences (police, pompiers) étaient arrivés sur les lieux où 8 wagons d'un train du CN avaient déraillé.
Un poste de commandement mobile avait été établi dans la cour de triage et la route 116 avait été fermée à la circulation automobile entre la route 134 (boulevard Taschereau), à l’ouest, et l’autoroute 30, à l’est.
Un périmètre de sécurité de 800 m avait été aussi établi autour du lieu du déraillement, en consultation avec le Centre d’urgence en transport canadien. Un confinement à l’intérieur de ce périmètre de sécurité avait été également mis en vigueur.
Des pompiers et des spécialistes avaient travaillé fort pour éteindre le feu du camion-citerne contenant du peroxyde d'hydrogène. Par la suite, ils avaient transféré les marchandises dangereuses contenues dans les 2 wagons-citernes.
Le confinement, dont le périmètre avait été graduellement réduit au cours de la journée, avait été levé le lendemain vers 4h du matin.