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L’enquête publique du coroner sur les événements entourant le meurtre, en 2020, des fillettes Norah et Romy Carpentier par leur père, Martin Carpentier, s’est amorcée lundi au palais de justice de Québec.
L’enquête publique du coroner sur les événements entourant le meurtre, en 2020, des fillettes Norah et Romy Carpentier par leur père, Martin Carpentier, s’est amorcée lundi au palais de justice de Québec avec le témoignage de la mère des deux petites, Amélie Lemieux.
La maman de Norah et Romy a expliqué avoir été en contact avec les policiers tout au long du processus, mais a avoué avoir trouvé long le temps que les autorités ont pris avant de déclencher l’alerte AMBER, près de 18 heures après l'accident. Rappelons que le 8 juillet 2020, Martin Carpentier avait enlevé les deux fillettes et avait pris le large, provoquant une collision sur l’autoroute 20 près de Saint-Apollinaire.
Voyez le reportage de Laurence Royer sur ce sujet dans la vidéo.
Il avait alors abandonné sa voiture et pris la fuite en forêt, emmenant les deux enfants avec lui.
Une alerte AMBER avait été déclenchée le 9 juillet.
Lorsqu’elle entendait parler de cas d’enlèvement d’enfants par leur père, dans les médias, elle considérait qu’elle était la dernière personne à qui cela pouvait arriver, puisque Martin Carpentier aimait tant Norah et Romy, a-t-elle dit. Elle le considérait comme un bon père.
Mme Lemieux a aussi parlé du dernier moment qu’elle a passé avec ses filles à jouer à l’extérieur. Elle a mentionné, avec émotion, ressentir «une douleur constante» depuis le jour de l’accident.
Mme Lemieux, pleurant à chaudes larmes, a affirmé qu’encore aujourd’hui, elle ne peut s’expliquer le comportement de Martin Carpentier.
Elle est revenue sur le moment où les policiers lui ont appris le décès de ses deux filles. «On m’a dit qu’ils avaient retrouvé un corps. Je me suis mise à crier : “non non non”. Je ne voulais pas qu’on me dise ça», a-t-elle indiqué en sanglots. «Je suis la dernière personne à qui je pensais que ça allait arriver quelque chose comme ça».
Mme Lemieux a souligné qu’en 2020, Martin Carpentier avait perdu beaucoup de poids, qu’il était isolé et ne parlait pas beaucoup. La maman des deux fillettes a affirmé avoir parlé à Martin Carpentier pour la dernière fois le jour de l’accident.
Elle a notamment abordé sa rencontre avec Martin Carpentier et la relation qu’il entretenait avec elle-même et les deux enfants. Mme Lemieux a aussi parlé des problèmes de communication qui existaient dans le couple.
Keven Lemieux, un ami de Martin Carpentier, est également venu témoigner. Il a décrit M. Carpentier comme un homme calme, gentil et courtois. Quelques mois avant le drame, M. Lemieux s’était enquis de l’état de santé de Martin Carpentier puisque ce dernier semblait épuisé.
M. Lemieux a remarqué que Martin Carpentier était plus stressé en raison d’un éventuel divorce et de la crainte grandissante de perdre la garde de ses enfants. Il affirme cependant n'avoir jamais cru possible qu'il puisse faire du mal à ses filles.
Plus tôt lundi, le coroner Luc Malouin, qui préside l’enquête, a indiqué qu’à sa demande, l’enquêteur Gilles Mailhot du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) a refait l’enquête policière sur les événements.
M. Malhot a expliqué lundi avoir rencontré 65 témoins lors d’une pré-enquête indépendante et a présenté le trajet qu’a emprunté Martin Carpentier le soir du 8 juillet 2020, où il avait enlevé les deux fillettes avant d’avoir un accident sur l’autoroute 20.
Plusieurs autres témoins et experts seront entendus dans les prochains jours.
La ministre de la Sécurité publique de l’époque, Geneviève Guilbault, avait ordonné l'année dernière qu’une enquête publique soit tenue après la diffusion d’un reportage de l’émission «Enquête», à Radio-Canada.
Dans son reportage, Radio-Canada révélait que la Sûreté du Québec a commis des erreurs lors des opérations de recherche qui avaient été menées pour retrouver les fillettes. Des éléments du reportage n’avaient pas été pris en compte lors de l’enquête initiale du coroner.
La police a conclu que Martin Carpentier a tué Norah, 11 ans, et Romy, 6 ans, dans un boisé près de Saint-Apollinaire, au sud-ouest de Québec, avant de se suicider.
En octobre 2021, un rapport du coroner a aussi mis en lumière des failles dans l'enquête de la police et recommandé que des changements soient apportés dans le processus de déclenchement des alertes AMBER. Le coroner recommandait aussi la création d'une unité de police dédiée pour enquêter sur les disparitions d'enfants dans toute la province.
Avec des informations de Lia Lévesque, la Presse canadienne