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Le maire Jean Lamarche prend une pause pour réfléchir
Le maire de Trois-Rivières, Jean Lamarche, a surpris tout le monde lundi en annonçant qu’il quittait ses fonctions pour quelques semaines. Son cabinet a indiqué par le biais d’un communiqué qu’il souhaite s’accorder une pause «pour refaire le plein d'énergie et évaluer comment travailler en respectant ses valeurs». Il a aussi fait savoir que M. Lamarche n’accordera pas d’entrevue sur le sujet.
Ce n’est pas sans rappeler son prédécesseur, Yves Lévesque, qui avait démissionné après un arrêt de travail en lien lui-aussi avec un climat difficile au travail. C'est le conseiller du district de Sainte-Marthe, Daniel Cournoyer qui prendra la relève en son absence.
Ce départ survient alors que le dossier du Carrefour 40-55 fait couler beaucoup d’encre. La destruction de plusieurs hectares de milieux humides divise les élus et les citoyens, mais le climat malsain au conseil était présent bien avant que ce dossier ne refasse surface. L’automne avait déjà été très chaud à l’Hôtel de Ville. Il s’était amorcé avec des allégations d’intimidation, de misogynie et de racisme qui ont mené à une enquête de la Commission municipale. Au même moment, le conseiller du district des Forges, Alain Lafontaine, songeait à porter plainte contre son collègue Richard W.Dober pour des menaces. Finalement, les deux hommes avaient discuté et décidé de passer l’éponge. Le maire Lamarche avait souhaité publiquement un retour au travail d’équipe à la table du conseil. Au final, l’harmonie n’est jamais revenue. Les choix difficiles à faire en vue de l’adoption du budget dans les contextes de l’inflation et de l’implantation couteuse des bacs bruns ont mené à plusieurs fuites dans les médias et plusieurs débats sur la place publique.
Si tous espéraient que le congé des Fêtes calme les mœurs, le sujet du Carrefour 40-55 a rapidement renflammé les esprits au cours des dernières semaines. Lundi, juste avant que le maire ne se retire, le conseiller du district du Carmel, Pierre Montreuil affirmait avoir reçu des menaces par courriel de la part d’un autre élu qu’il n’a pas voulu identifier, mais qu’il associe au «groupe des 5». Il songe à porter plainte à la Sureté du Québec. C’est dans ce contexte d’escalade que Daniel Cournoyer prend donc le flambeau dès ce soir avec une première séance de conseil municipal sans M. Lamarche. Selon la professeure en communication politique de l'UQTR, Mireille Lalancette, il faut un changement de culture communicationnelle pour adoucir le climat.
«Changer la culture, c’est d’essayer de se donner par exemple, un guide de code de conduite, de bonnes pratiques, qui nous amène à regarder les choses autrement et à se placer au-dessus de la mêlée. Par exemple, ça va dans toute une série de façons de communiquer. C’est plus difficile d’insulter des collègues quand on les vouvoie. Parler sans hausser le ton. Essayer de s’exprimer de manière positive et non critique. Respecter les temps de parole. Proposer des solutions constructives au lieu de critiquer la personne. On le voit beaucoup actuellement aussi, les débats sont très personnalisés : «le groupe des 5», telle personne qui est pour un projet, d’autres qui sont contre. Donc, il faut critiquer le projet et non la personne.»
Mireille Lalancette, professeure en communication politique à l'UQTR
Trois-Rivières a eu deux maires depuis la fusion municipale et les deux en sont venus à prendre une pause politique due au climat tendu à la table du conseil. Est-ce que le gazon est plus vert ailleurs? Pas nécessairement, selon Mme Lalancette. «On a l’impression que dans certains cas, ça fonctionne dans certains conseils municipaux, mais comme une recherche que j’ai menée récemment le démontre, il y a quand même dans beaucoup de cas, un climat malsain. Beaucoup de harcèlement à l’intérieur et l’extérieur des élus. Il faut changer la culture municipale, changer la culture des interactions et la manière de prendre la parole dans l’espace public, notamment dans les huis clos. Dans les conseils où on sent que tout le monde est r4especté, où on va pratiquer dans certains cas la démocratie participative en impliquant les citoyens, communiquer autrement. Tout est une question de communication, de politique zéro harcèlement et incivilité. Il faut mettre les règles du jeu très claires.»
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