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Noovo Info a discuté avec le propriétaire Maurice Bourassa. Après 43 ans, les prix du centre-ville, la baisse d’achalandage dans les bars et les répercussions liées à la pandémie ont fini par avoir raison de l’institution.
Bien que le Café-Bar Le Saint-Sulpice ait annoncé la fin de ses activités, son propriétaire, Maurice Bourassa, entend redonner aux étudiants qui ont animé l'établissement pendant des années en transformant l’espace en un endroit qu’ils pourront occuper.
Après 43 ans, les prix du centre-ville, la baisse d’achalandage dans les bars et les répercussions liées à la pandémie ont fini par avoir raison de l’institution. «Le mètre carré au centre-ville est rendu trop cher pour vendre une bière à 5 $ aux étudiants, qui sont notre clientèle», a soutenu Maurice Bourassa lors d’une entrevue téléphonique avec Noovo Info.
Maurice Bourassa souhaite réellement redonner aux étudiants, qui l’ont encouragé pendant des années. «On veut leur donner une possibilité d’avoir des logements abordables», explique-t-il.
Les commerces de proximité mentionnés par M. Bourassa pourraient quant à eux prendre la forme d’une garderie, d’une épicerie ou d’une clinique médicale.
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L’homme d’affaires souhaiterait également développer une offre culturelle «en synergie» avec la Maison de la chanson et de la musique, qui devrait être inaugurée en 2026.
Le bar n’avait pas ouvert ses portes à ses clients depuis la pandémie. Alors qu’il avait d’abord entamé des rénovations, M. Bourassa a ensuite choisi de ne pas rouvrir, affirmant qu’il était difficile de faire respecter les mesures sanitaires en voulant être solidaire avec le personnel de la santé.
Celui qui possède à la fois le bâtiment et le terrain du Saint-Sulpice doit rencontrer la Ville de Montréal en mars prochain afin de présenter son projet, ce qui n’est pas gagné d’avance en raison des règles de zonage du quartier.
Alors que M. Bourassa avait au départ mis son terrain en vente, il a dû changer son fusil d’épaule, alors que les promoteurs rechignaient à en faire l’acquisition en raison du zonage du Quartier latin. En effet, il est interdit de construire sur plus de trois étages dans le quartier, ce qui n’était pas assez rentable aux yeux de certains.
«On verra si la Ville est ouverte à densifier et à accepter une construction de plusieurs étages, qui serait faisable financièrement», indique celui qui souhaiterait voir la naissance d’un «Îlot Saint-Sulpice».
Dans la mesure où la Ville souhaitait aller de l’avant avec le projet, celui-ci pourrait comporter jusqu’à 180 logements, d’après M. Bourassa.
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«On verra s’ils veulent densifier et faire en sorte qu’il y ait plus de gens dans le Quartier latin, surtout des étudiants. Parce que le Quartier latin, ça prend des étudiants», insiste le propriétaire, qui veut dynamiser le quartier et élever l’ambiance du Quartier latin.
Maurice Bourassa entend justement marquer le quartier avec sa nouvelle proposition et souhaite construire un développement «grand et majestueux».
Les commentaires en soutien au Saint-Sulpice se sont multipliés sur les réseaux sociaux, alors que plusieurs utilisateurs ont partagé leurs beaux moments passés dans l’établissement.
«Ça me touche, bien sûr, et je suis sensible aux remarques des gens. Ça me dit que pendant 40 ans, (on a eu) de belles années avec des gens heureux de venir, qui ont de beaux souvenirs, affirme Maurice Bourassa. Pour moi, c’est une réussite. Maintenant, on peut aller un peu plus loin.»
Un ancien client a fait remarquer que les prix ont bien augmenté, au fil des ans: «Je me souviens des lundis Black Jack. Une Black Label et un shot de Jack Daniels [coûtaient] 1,75$.»
«Le même combo est probablement 22$ [plus le pourboire] aujourd’hui», a judicieusement rétorqué une autre personne.
Même Paul Saint-Pierre Plamondon, ancien employé du Saint-Sulpice, a ses souvenirs du bar. «Des flashs de tables remplies de pichets et un air de Tony Braxton sur la petite piste de danse me reviennent à l'esprit», a écrit le chef du Parti québécois (PQ) sur Twitter.
Un brin de nostalgie, alors que j’ai été serveur dans cet établissement au début des années 2000. Des flashs de tables remplis de pichets et un air de Tony Braxton sur la petite piste de danse me reviennent à l’esprit 🙂 https://t.co/APlqflPuMp
— Paul St-Pierre Plamondon (@PaulPlamondon) January 30, 2023
«Dans la catégorie «on était jeunes»
Alcool abordable et étudiants ne font pas toujours un bon mélange. Certains clients ont témoigné des souvenirs –ou du manque de souvenirs– qu’ils conservent du Saint-Sulpice.
«J'y ai passé beaucoup de soirées mémorables dont je n'ai aucun souvenir», dit un ancien client. «Merci pour les pichets de Boréale à 10h30 AM après notre cours de soudure au cégep», dit un autre.
«Bon je peux finalement le dire, alors. C’était moi qui ai vomi du 3e étage en juin 2008.»
«Un endroit somme toute romantique»
Certains conservent de leur côté de tendres souvenirs de l’établissement, qui fut également le théâtre d’idylles naissantes.
«Notre premier baiser sur cette terrasse», a réagi un client, en identifiant sa douce moitié.
«Au moins j’aurai eu la chance de montrer à un de mes fils l’endroit où j’ai rencontré son père», a écrit une autre personne.
«D’anciens employés réagissent»
«J'y ai travaillé cinq ans entre 2008 et 2013, dont deux étés, six soirs par semaine au bar shooter sur la terrasse. Je conserve vraiment de bons souvenirs de cet endroit. C'était LA place où sortir pour bien du monde à cette époque! On pouvait aller jusqu'à 1 500 personnes par soir.»
«J’ai été serveur là, j’ai compris pourquoi on appelait ça un “pour boire”. […] J’ai même fumé la dernière cigarette à minuit quand la loi a passé qu’on fumait plus dans les bars. […] Merci, M. Bourassa, d’avoir permis toutes ces belles, folles soirées.»