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«C'est de l'âgisme.»
Mitzi Melnick Richmond estime que la politique québécoise en matière de couverture des aides auditives pour les personnes âgées est injuste et souhaite que le gouvernement reconsidère la règle qui prévoit le remboursement d'un seul appareil.
Cette Montréalaise de 93 ans porte une prothèse auditive à chaque oreille. Pour elle, ce n'est pas un luxe, mais une nécessité.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
«Il est très choquant que le gouvernement réduise les dépenses médicales», a-t-elle lancé dans une entrevue accordée à CTV News.
En vertu de la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ), les personnes âgées admissibles au programme ne sont généralement couvertes que pour un seul appareil auditif, même si elles souffrent d'une perte auditive aux deux oreilles. Parallèlement, les enfants, les travailleurs, les étudiants et les personnes malvoyantes peuvent toujours bénéficier de deux appareils dans le cadre du même programme.
«Nous appelons cela de l'injustice. C'est de l'âgisme», a déploré David Gélinas, président de l'Ordre des audioprothésistes du Québec. «Il n'y a aucune raison valable pour que la RAMQ ne couvre pas les deux appareils auditifs en cas de perte auditive aux deux oreilles.»
Jusqu'à il y a quelques années, la RAMQ couvrait deux appareils auditifs pour les personnes âgées. Mais cela a changé, selon M. Gélinas, dans le cadre d'une mesure visant à réduire les coûts.
«Historiquement, le seul argument avancé est d'ordre économique», a-t-il expliqué, ajoutant que ce raisonnement ne tient pas la route. Il a indiqué que de nouvelles recherches montrent qu'une meilleure couverture auditive permettrait au gouvernement de réaliser des économies à long terme.
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«Nous avons réalisé une étude économique qui montre que si le gouvernement investissait 135 millions de dollars sur cinq ans, soit environ 25 millions de dollars par an, [la province] récupérerait plus d'un milliard de dollars en bénéfices sur cinq ans», a affirmé M. Gélinas. «Cela représente un retour sur investissement de 8,90$ pour chaque dollar investi.»
Ce chiffre ne couvre pas seulement le coût des deuxièmes appareils auditifs, mais aussi l'augmentation du taux global d'adoption des appareils auditifs dans la province. Actuellement, M. Gélinas a déclaré que seulement un Québécois sur trois souffrant d'une perte auditive utilise réellement un appareil auditif.
Il a souligné que dans au moins 25 % des cas, les personnes qui ne sont pas couvertes par la RAMQ pour les deux appareils ne peuvent tout simplement pas payer le deuxième de leur poche.
Les appareils auditifs peuvent coûter des milliers de dollars, un prix élevé pour de nombreuses personnes âgées qui vivent avec un revenu fixe. «Je pense que cela représenterait une charge terrible», a dénoncé Mme Melnick Richmond, qui a été témoin de l'impact de la perte auditive.
«Si je n'entends pas une conversation, je prends simplement du recul, car on n'a pas toujours envie de dire aux autres qu'on ne les entend pas.»
Mitzi Melnick Richmond dit avoir vu des gens se replier sur eux-mêmes à maintes reprises : «Et puis ils sombrent dans une légère dépression.» Selon elle, les gens n'osent pas demander à leurs interlocuteurs de répéter, souvent pour éviter de se sentir comme un fardeau.
«L'un de mes maris ne portait pas toujours ses appareils auditifs, et on voyait bien qu'il se renfermait sur lui-même», a-t-elle raconté.
Le président de l'Ordre des audioprothésistes du Québec soutient que les conséquences d'une perte auditive non traitée vont bien au-delà de l'isolement social. «Elle est également étroitement liée au déclin cognitif, aux chutes et même à la perte de revenus», a-t-il dit.
Il a souligné les preuves solides établissant un lien entre la perte auditive non traitée et un risque plus élevé de démence, ce qui est particulièrement pertinent pour une population vieillissante.
«La perte auditive est le premier facteur de risque contrôlable de la démence», a-t-il précisé. « Si nous corrigeons correctement la perte auditive, nous pouvons influencer d'autres aspects de la vie qui sont coûteux pour le gouvernement. »
Selon David Gélinas, le coût moyen des soins prodigués à une personne atteinte de démence au Québec est d'environ 52 000 dollars par an.
Dans une déclaration à CTV News, le ministère des Services sociaux a indiqué qu'il examinait le dossier des aides auditives. Un porte-parole a ajouté que le ministère et la RAMQ «travaillent actuellement à des modifications du programme d'aide auditive».
Mais pour les défenseurs comme Melnick Richmond, la solution est simple.
«Si une personne a une perte auditive dans une oreille, couvrez une aide auditive», a ajouté M. Gélinas. «Si elle a une perte auditive dans les deux oreilles, couvrez-en deux, pour tout le monde.»