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Politique

Bloquistes et conservateurs se disent leurs quatre vérités aux Communes

Les couteaux volaient bas aux Communes, jeudi, alors que les bloquistes ont dit leurs quatre vérités aux conservateurs lors d'un débat de près de six heures sur une motion sur «les taxes» sur le carbone.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, alors qu'il présentait mardi sa motion de journée d'opposition au sujet de l'aide aux aînés.
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, alors qu'il présentait mardi sa motion de journée d'opposition au sujet de l'aide aux aînés.
Michel Saba
Michel Saba / La Presse canadienne

Les couteaux volaient bas aux Communes, jeudi, alors que les bloquistes ont dit leurs quatre vérités aux conservateurs lors d'un débat de près de six heures sur une motion sur «les taxes» sur le carbone.

«Achalez-moi pas avec vos mensonges. Vous êtes les lobbyistes bas de gamme des pétrolières», a dégainé le chef bloquiste, Yves-François Blanchet.

La motion, que M. Blanchet qualifie de «patente» de «propagande étroite conservatrice» qui vise à «piéger la Chambre», réclame de supprimer toutes ces «taxes» sur le carbone et vise spécifiquement au Bloc.

M. Blanchet ne digère pas que les conservateurs aient lancé le mois dernier des publicités négatives dans lesquelles il est reproché à sa formation d'appuyer la «taxe sur le carbone», qui de surcroît est présentée comme la «taxe Trudeau-Bloc». Or, cette «taxe», comme se plaisent à l'appeler les conservateurs, ne s'applique pas au Québec.

Les conservateurs considèrent aussi que le Bloc appuie le règlement sur les combustibles propres qu'ils associent à «une deuxième taxe» qui fera augmenter le prix de l'essence de 17 cents le litre d'ici 2030 selon le directeur parlementaire du budget. Ils s'appuient sur un vote des Communes en juin que le Bloc a rejeté la jugeant trompeuse.

«Moi, j'ai une question pour les conservateurs: c'est quoi votre problème avec la vérité?», a-t-il lancé.

M. Blanchet, qui avait pourtant annoncé peu avant la rentrée parlementaire qu'il serait l'«adulte dans la pièce», en a profité pour se moquer au passage du nouveau style du chef conservateur, Pierre Poilievre, qui lance des attaques «entre l'achat d'un t-shirt étroit et une paire de (lunettes de soleil) Ray-Ban».

«Le chef du Bloc a capoté», a raillé M. Poilievre lors de la période des questions. Il a ensuite assuré que M. Blanchet «va encore capoter dans quelques instants» avant de demander aux libéraux s'ils vont «continuer» de travailler avec les bloquistes pour «augmenter les taxes sur le dos des Québécois».

Lors du débat, M. Poilievre a qualifié le Bloc de parti «déconnecté» de «monsieur, madame tout le monde» en citant, comme il le fait à tour de bras depuis des semaines, un député bloquiste qui avait affirmé qu'il faudrait augmenter de manière «radicale» la taxe fédérale sur le carbone.

Il s'est ensuite moqué qu'un «parti supposément souverainiste» veuille «ramasser l'argent à Ottawa entre les mains de politiciens et bureaucrates fédéraux». Les Québécois devraient être «maîtres chez eux et maîtres de leur propre argent», a-t-il renchéri en référence au slogan de campagne de l'ancien premier ministre du Québec Jean Lesage.

Les conservateurs, qui sont en territoire où ils peuvent espérer former une majorité advenant que des élections soient déclenchées, ce qui est très peu probable, multiplient les attaques à l'endroit du Bloc depuis le mois dernier.

Le plus récent sondage Léger leur crédite 39% des intentions de vote à l'échelle nationale. Le Parti libéral du Canada en obtient 27% et le Nouveau Parti démocratique (NPD) suit avec 18%.

Au Québec, le Bloc en récolte 29% à égalité avec les libéraux, et les conservateurs sont à 23%, ce qui, par rapport au précédent sondage de la même firme un mois plus tôt, représente pour ces derniers une hausse de cinq points et une baisse de sept points pour les bloquistes.

«Tout à fait méprisable»

Dans ce grand crêpage de chignons, le lieutenant conservateur pour le Québec, Pierre Paul-Hus, a notamment affirmé que, parmi les 32 débutés bloquistes, «il y en a qui raisonnent (...) qui sont logiques, qui comprennent», a-t-il envoyé alors qu'un sacre s'est immédiatement fait entendre dans la Chambre des communes.

Après avoir invité les bloquistes à «aller se faire élire à Québec» pour réaliser l'indépendance — «le premier point» de leur proposition principale, M. Paul-Hus leur a reproché «leur nouvelle ligne de communication depuis deux semaines», soit de de se qualifier de «responsables», alors que les présumés «adultes dans la place (...) crient en arrière de moi».

«On ne s'attaque pas au Bloc, a-t-il affirmé avant que des rires ne retentissent. Ce qu'on fait actuellement, c'est de demander au Bloc d'avoir un peu de raison.»

Quoi qu'il en soit, ces «taxes» ont des conséquences au Québec de l'avis des conservateurs puisque la taxe fédérale se répercute sur le prix des biens produits ailleurs au pays et acheminés au Québec et, dans le cas du règlement, il s'agit d'un prix imposé par le gouvernement sur un achat.

«Appelez ça comme vous voulez, nous on appelle ça une taxe. Et cette taxe-là va s'appliquer au Québec», a résumé leur porte-parole en matière d'environnement, Gérard Deltell.

Le député Deltell s'est lui aussi vidé le cœur dans son discours. Il a affirmé que le Bloc «joue avec les mots» et se comporte de façon «gloutonne» en voulant «chercher encore plus d'argent dans les poches des contribuables». Leur attitude est «méprisable», mais aussi «arrogante, irresponsable et tout à fait prétentieuse».

Le porte-parole bloquiste en matière de ressources naturelles et d'énergie, Mario Simard, lui a lancé n'avoir «jamais entendu autant de fourberies» puis l'a traité de «navet».

«Wô! Wô! Wô! Wô! Wô! On va essayer de garder les commentaires sur le contenu et non pas sur la personne s'il vous plaît», s'est alors exclamée la vice-présidente adjointe de la Chambre, Alexandra Mendès.

Toute la journée, les libéraux et les néo-démocrates ont eux aussi enchaîné les griefs. Les conservateurs n'ont «aucun plan» pour lutter contre les changements climatiques et proposent plutôt de «rendre la pollution gratuite», a affirmé la ministre Pascale St-Onge.

Le chef adjoint du NPD, Alexandre Boulerice, a demandé à un conservateur «sur quelle planète il vit» avant de le sermonner d'avoir une «idéologie pro-pétrole, pro-pollution». Il s'est fait répondre qu'il a beau vivre au centre-ville de Montréal «d'une bouche de tramway à une autre» au centre-ville de Montréal, mais que bien des Canadiens de comtés ruraux ont besoin d'une voiture pour se déplacer.

Michel Saba
Michel Saba / La Presse canadienne