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Le ministère de l'Environnement et Recyc-Québec doivent revoir leurs stratégies et miser sur «la réduction à la source» et le «réemploi» afin de diminuer la quantité grandissante de déchets envoyés à l'enfouissement, selon le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE).
En 2019, le gouvernement du Québec s'est donné comme objectif de diminuer à 525 kilogrammes ou moins les matières éliminées par habitant avant 2023, «un objectif improbable» selon le président de la commission d'enquête Joseph Zayed et le commissaire Pierre Renaud.
Le rapport de 623 pages qu'ils ont soumis mardi souligne qu'en 2019, «la quantité de matières résiduelles éliminées par habitant atteignait 724 kg, soit environ 3 % de plus que l'objectif fixé pour 2015 et 38 % de plus que l'objectif de 525 kg fixé pour 2023 dans le Plan d'action 2019-2024 du gouvernement».
Pendant un an, le BAPE a mené une enquête auprès de 1000 citoyens à travers la province, à la demande du ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, afin d'établir l'état des lieux actuel de la gestion des déchets.
Le rapport souligne que «la réduction à la source» est le maillon faible de la gestion de la stratégie du gouvernement.
La commission est d'avis que Recyc-Québec gagnerait considérablement à revoir sa vision en plaçant «la réduction, le réemploi et l'économie circulaire au cœur de ses objectifs et en développant des pôles d'excellence qui revêtent une importance stratégique».
Le rapport précise que la réduction des déchets à la source et le réemploi «occupaient une place secondaire dans les mesures gouvernementales adoptées jusqu'à maintenant» et la commission «y voit donc une opportunité pour Recyc-Québec de développer de nouvelles stratégies et d'adopter des mesures plus musclées visant principalement» ces deux mesures plutôt que de mettre l'emphase sur le recyclage.
L'interdiction de la mise en marché de «certains produits non recyclables, à usage unique ou de courte vie» devrait être considérée par le gouvernement, selon les commissaires.
Questionné à savoir quels types de produits pourraient faire l'objet d'une interdiction, le commissaire Pierre Renaud n'a pas voulu donner de détails, se contentant de mentionner qu'on peut imaginer l'interdiction de «certains produits d'emballage de restauration rapide».
Les commissaires ont souligné que les mesures volontaires avaient atteint leur limite et que le gouvernement devra «prendre des actions assez robustes».
La commission suggère notamment d'instaurer des écofrais sur certains produits à usage unique et la mise en place `d'un droit à la réparation' ainsi que des outils de lutte contre l'obsolescence programmée.
Équiterre dit accueillir «très favorablement» les recommandations du rapport du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement.
«Le déchet le plus facile à gérer, c'est celui qu'on ne produit pas et le BAPE le souligne à gros trait», a indiqué Amélie Côté, analyste en réduction à la source chez Équiterre, en ajoutant
«qu'il y a une limite à essayer d'enfouir nos problèmes».
Dans un communiqué publié mardi après-midi, le ministre Benoit Charette a reconnu qu'il reste «beaucoup de travail à faire pour mieux gérer nos matières résiduelles» et que les conclusions du BAPE «seront prises au sérieux» et qu'elles guideront la suite des actions de son ministère.
Benoit Charette a également tenu à indiquer que son gouvernement a mis en œuvre «d'importants chantiers» comme la modernisation de la collecte sélective, l'élargissement de la consigne, la stratégie de valorisation de la matière organique ou encore l'élargissement du Règlement sur la récupération et la valorisation de produits par les entreprises.