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Soins des aînés négligés, travail des infirmières insuffisant, horaire désorganisé: un nouveau rapport accablant présente une réalité sombre des Résidences Les Floralies.
Soins des aînés négligés, travail des infirmières insuffisant, horaire désorganisé: un nouveau rapport accablant présente une réalité sombre des Résidences Les Floralies à Lachine et à LaSalle.
La ministre déléguée à la Santé et aux Aînés, Sonia Bélanger, a donné les détails de ce rapport jeudi après-midi.
Voyez le reportage de Sabrina Rivet présenté au bulletin Noovo Le Fil 17 animé par Marie-Christine Bergeron.
«Ce que l’on a vu aux Floralies, ce ne sont pas les soins que nos aînés méritent. Je vais m’assurer d’un suivi de toutes les mesures en cours de déploiement ainsi que d’un renforcement de notre présence sur le terrain. Je ne tolèrerai aucune forme de maltraitance, en particulier quand cela touche les personnes aînées», a soutenu la ministre.
Une enquête de deux mois a révélé que les résidences manquaient de préposés aux bénéficiaires dans la majorité du temps. Elles manquaient également de matériel. L’établissement a été placé en administration provisoire, dès l'automne 2021.
«Humainement, il y a des manquements, c’est toujours difficile», a rapporté l’enquêteur Michel Delamarre.
L'enquêteur Michel Delamarre (à gauche) et la ministre Sonia Bélanger (à droite). Crédit photo: Sabrina Rivet | Noovo Info.
M. Delamarre soutient que les CIUSSS et CISSS auraient pu agir plus rapidement.
«L’analyse met en lumière que la pratique infirmière, les soins et services infirmiers ainsi que l’organisation des soins, de façon générale, dans cet établissement sont fortement susceptibles de compromettre la sécurité et le bien-être de la clientèle», a écrit M. Delamarre dans son rapport.
Les dysfonctionnements qui sont présentés dans le rapport ne correspondent pas à la vision de la Politique d’hébergement et de soins et services de longue durée ainsi qu’à la Loi visant à lutter contre la maltraitance envers les aînés et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité au Québec, selon la ministre Bélanger.
«Malheureusement, on constate de la maltraitance sous toutes ses formes: violence et négligence de la part de certains employés et négligence reliée à la gestion déficiente des résidences», peut-on lire plus loin dans le rapport.
Plusieurs employés ont dénoncé la situation. Ils admettent n’avoir reçu aucun soutien de l’administration, ni au aucun suivi de leur part.
L’enquête précise d’ailleurs qu’il n’existait aucun plan de contingence pour répondre au manque de personnel et d’équipement autrement que de répondre «aux feux quotidiens».
«On comprend facilement qu’il est impossible pour les infirmières d’assumer pleinement leurs fonctions et responsabilités», a écrit M. Delamarre.
L’enquête fait notamment référence au fait que les infirmières étaient incapables d’évaluer l’état de santé des résidents et de mettre à jour leurs plans d’intervention en raison du manque de temps.
Le portrait de la situation ne s’améliore pas au niveau des services de soutien technique, comme l’hygiène et la salubrité. L’enquêteur rapporte que la désorganisation et le manque de personnel ont eu un impact négatif sur la prévention et le contrôle des infections.
Noovo Info s’est entretenu avec un ancien employé des Résidences Floralies sous le couvert de l’anonymat. Ce dernier avait été engagé afin d’assurer la désinfection de la résidence en plein milieu de la crise sanitaire de la COVID-19.
Rapidement, le manque de personnel l’a forcé à prendre en main des tâches en tant que préposé aux bénéficiaires, comme donner des douches et nettoyer des résidents, sans pourtant avoir de formation. Malheureusement, il n’était pas le seul.
«Vu qu’il y avait souvent beaucoup de personnes qui n'avaient pas la formation requise pour être préposé, il arrivait souvent qu’un patient se retrouvait à dormir dans sa couche sale», a raconté l’ex-employé, qui a travaillé à la résidence pendant un an durant la pandémie.
Des infections étaient régulièrement découvertes sur les résidents qui n’étaient pas adéquatement nettoyés la veille, ajoute-t-il. Alors que la douche est normalement offerte tous les deux jours au maximum, certains devaient attendre jusqu’à quatre jours pour se laver.
De plus, certains préposés avaient des comportements violents avec les résidents.
L’enquêteur a également émis pas moins de 21 recommandations afin d’améliorer la qualité de vie des résidents, notamment par une vigilance accrue du fonctionnement de ces résidences.
Par exemple, l’enquêteur recommande le recrutement d’une vingtaine d’inspecteurs, qui exécuteront des visites non annoncées dans les résidences partout en province.
De plus, M. Delamarre propose la création d’un groupe de contrôle national chargé d’établir un portrait complet de la qualité dans les différents milieux de vie.
Le CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal tiendra une conférence de presse, vendredi matin, concernant le dépôt de ce rapport.
Avec des informations de Marie-Christine Bergeron, Noovo Info.