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Mme Smith a indiqué à son homologue fédéral que les premiers ministres de sept provinces avaient demandé à Ottawa une suspension de la hausse annuelle prévue le 1er avril.
Le premier ministre Justin Trudeau a repoussé mercredi les demandes pressantes de certains premiers ministres provinciaux d'abandonner la hausse annuelle de la tarification sur le carbone, le 1er avril, affirmant que les gouvernements devaient s'attaquer à la fois au coût de la vie et au changement climatique.
«Mon travail n'est pas d'être populaire», a déclaré M. Trudeau, faisant une brève pause avant d'ajouter, sourire en coin: «Même si ça aide».
M. Trudeau a fait ces commentaires en point de presse à Calgary après avoir rencontré plus tôt mercredi la première ministre conservatrice de l'Alberta, Danielle Smith, pour la première fois depuis l'été dernier, au Stampede de Calgary.
Mme Smith et six autres premiers ministres provinciaux ont demandé à M. Trudeau d'abandonner cette hausse de 23 % de la tarification fédérale sur le carbone, prévue le 1er avril, afin d'aider les Canadiens déjà aux prises avec des budgets serrés.
Le chef de l'opposition conservatrice à Ottawa, Pierre Poilievre, s'oppose lui aussi depuis des mois à cette «taxe». Il a déclaré mercredi dans un communiqué que son parti prévoyait de forcer plusieurs votes au Parlement la semaine prochaine pour annuler la hausse prévue le 1er avril.
M. Trudeau a déclaré en conférence de presse à Calgary qu'il était facile pour les gouvernements de retarder les mesures contre le changement climatique afin que ce ne soit pas leur problème pendant qu'ils sont au pouvoir. C'est aussi facile pour les «politiciens qui ont une vision à court terme», a-t-il ajouté, de s'opposer à la tarification du carbone.
«Pourquoi tant de gens sont-ils toujours contre?», a-t-il demandé lors d'une annonce sur le programme de soins dentaires du gouvernement fédéral. «Eh bien, vous savez, c'est une question que nous devons tous poser.»
Il a déclaré que le meilleur moyen de réduire les émissions de gaz à effet de serre, c'était d'utiliser des mécanismes du marché lui-même, comme une tarification du carbone, plutôt que de recourir à la «main lourde du gouvernement» à travers des mesures telles que des réglementations et des subventions.
«Je préfère une solution plus propre, une solution basée sur le marché, qui consiste à dire: "Vous savez quoi? Si vous vous comportez d'une manière qui va causer de la pollution, qui va avoir un impact sur l'ensemble de la communauté, alors vous devriez payer pour cette pollution. Ainsi, la communauté n'en subit pas les aspects négatifs et n'a pas à tout nettoyer à ses frais".
«Polluer ne devrait pas être gratuit nulle part au pays», a-t-il plaidé.
Plus tôt mercredi, alors que le premier ministre Trudeau et son homologue albertaine souriaient et se serraient la main devant les caméras, Mme Smith a remercié le gouvernement Trudeau d’avoir fait progresser le projet d’expansion du pipeline Trans Mountain jusqu’aux côtes de la Colombie-Britannique.
Mme Smith, qui a précisé que c'était elle qui avait sollicité une rencontre avec M. Trudeau lorsqu'elle a appris qu'il serait à Calgary, a déclaré en conférence de presse à Edmonton plus tard mercredi qu'elle avait réitéré son opposition à la tarification sur le carbone.
«J'ai même suggéré au premier ministre qu'il pourrait obtenir une victoire s'il écoutait les appels croissants contre la taxe carbone et revenait sur sa décision de l'augmenter», a relaté Mme Smith.
M. Trudeau a soutenu de son côté qu'il existait des mesures pour ne pas punir ceux qui n'ont pas les moyens de réduire de manière significative leur empreinte carbone. À mesure que la tarification augmente, les remises d'Ottawa augmentent elles aussi. Par exemple, une famille moyenne de quatre personnes en Alberta recevrait 1800 $ par année.
«On a reconnu qu'ici, en Alberta, et ailleurs, il y a encore des familles qui doivent chauffer à l'huile (...) et c'est plus cher, c'est plus polluant, et c'est utilisé par des familles à plus faibles revenus qui n'ont pas la possibilité de transformer leur façon de chauffer leur maison, a aussi souligné M. Trudeau.
«C'est pour ça qu'on a mis une pause sur le prix sur la pollution sur le chauffage à l'huile pour justement, pour les trois prochaines années, d'investir et d'avoir des thermopompes gratuites dans les provinces qui sont prêtes à travailler avec nous.»
M. Poilievre, dans un communiqué, a déclaré qu’il était temps de forcer le vote à la Chambre pour aider les familles. «La capacité des Canadiens à mettre de la nourriture sur la table et du carburant dans leur voiture est plus importante que de protéger la carrière politique en déclin de Justin Trudeau», a-t-il indiqué.
La tarification du carbone devrait augmenter le mois prochain de 15 $ la tonne d'émission de gaz carbonique dans l’atmosphère, pour atteindre 80 $. Le prix avait été fixé à 65 $ la tonne en 2023 et doit ensuite augmenter de 15 $ par année, pour atteindre 170 $ la tonne en 2030.
Outre l'Alberta, les gouvernements de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick, de Terre-Neuve-et-Labrador, de l'Île-du-Prince-Édouard, de l'Ontario et de la Saskatchewan ont demandé une suspension de la hausse annuelle de la tarification fédérale, le 1er avril.
Cette tarification ne s'applique pas au Québec et en Colombie-Britannique, deux provinces qui ont mis en place leur propre régime de réduction des émissions agréé par Ottawa.