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La fièvre de la Terre n'a pas fléchi l'an dernier, et même sans atteindre de nouveaux sommets, l'année qui s'est achevée a été l'une des plus chaudes jamais vues, ont indiqué jeudi des agences gouvernementales américaines.
La fièvre de la Terre n'a pas fléchi l'an dernier, et même sans atteindre de nouveaux sommets, l'année qui s'est achevée a été l'une des plus chaudes jamais vues, ont indiqué jeudi des agences gouvernementales américaines.
On doit maintenant s'attendre à une chaleur sans précédent au cours des prochaines années, ont prévenu les experts.
Même avec l'influence rafraîchissante de La Niña, la National Oceanic and Atmospheric Administration calcule que la température moyenne à la surface du globe a été de 14,76 degrés Celsius l'an dernier, soit la sixième année la plus chaude jamais recensée. Les données de la NOAA excluent pour le moment la région polaire.
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Si on incluait l'Arctique ― qui se réchauffe trois ou quatre fois plus rapidement que le reste de la planète ― et l'Antarctique, la NOAA indique que 2022 passerait au cinquième rang. La NASA, qui inclut de longue date l'Arctique dans ses calculs, dit que 2022 arrive essentiellement ex aequo avec 2015 en cinquième place.
Quatre autres agences scientifiques de la planète accordent le cinquième ou le sixième rang à 2022.
Les données de la NOAA et de la NASA remontent à 1880.
L'organisation sans but lucratif Berkeley Earth note que 2022 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée dans 28 pays, notamment en Chine, au Royaume-Uni, en Espagne, en France, en Allemagne et en Nouvelle-Zélande.
Le plus important, disent les experts, est de garder en tête que la température des huit dernières années, depuis 2015, a surpassé de plus d'un degré Celsius la température de l'ère préindustrielle.
La comparaison avec la fièvre est erronée, croit la météorologue Renee McPherson de l'Université de l'Oklahoma, puisqu'il est habituellement possible de faire chuter la fièvre assez rapidement.
«On ne peut pas prendre un comprimé, donc les solutions ne sont pas faciles, a-t-elle dit. On devrait plutôt parler d'une maladie chronique, comme le cancer.»
Mais comme une fièvre, «chaque dixième de degré est important et les trucs se dérèglent et c'est ce qui se passe», a dit la météorologue Bernadette Woods Placky, qui dirige le groupe Climate Central.
Le risque de voir la planète dépasser le seuil de réchauffement de 1,5 degré Celsius adopté en 2015 augmente chaque année, prévient l'Organisation météorologique mondiale. L'agence météorologique des Nations Unies a précisé que les dix dernières années ont été, en moyenne, 1,14 degré Celsius plus chaudes que l'ère préindustrielle.
Le réchauffement semble s'accélérer, a dit le directeur du Goddard Institute of Space Studies, Gavin Schmidt, même si on ne dispose pas pour le moment des données qui permettraient de l'affirmer avec certitude. La tendance générale au réchauffement est toutefois incontestable, a-t-il ajouté.
«Depuis le milieu des années 1970 on voit cette tendance constante au réchauffement et ça résiste à toutes les méthodologies», a-t-il expliqué.
La Niña, un phénomène météorologique naturel qui altère la météo de la planète, en est à sa troisième année consécutive. M. Schmidt calcule qu'elle a retranché 0,06 degré Celsius à la température mondiale. L'année dernière a été l'année La Nina la plus chaude jamais enregistrée, selon lui.
«Les années La Niña d'aujourd'hui ne sont pas les années La Nina d'antan, a dit la climatologue Kathie Dello, de l'université North Carolina State. On pouvait historiquement se fier à La Niña pour baisser le thermostat de la planète. Aujourd'hui, les gaz à effet de serre gardent la température élevée et nous donnent une autre des dix années les plus chaudes jamais vues.»
Avec la dissipation de La Niña et la formation possible d'El Niño, qui contribue au réchauffement, M. Schmidt prédit que 2023 sera probablement plus chaud de 2022 ― et que ce sera encore pire en 2024 si El Niño est là.
«2024 pourrait être l'année la plus chaude jamais enregistrée, et par une bonne marge», a-t-il dit à l'Associated Press.
Mais la température moyenne n'est pas vraiment ce qui affecte les gens. Le réchauffement planétaire augmente plutôt la fréquence et l'intensité d'événements catastrophiques comme les canicules, les inondations, les sécheresses et les tempêtes.
L'Organisation météorologique mondiale a rappelé que de vastes secteurs du Pakistan ont été inondés en 2022; que des canicules sans précédent ont balayé la Chine, l'Europe et l'Amérique du Nord et du Sud; et qu'une sécheresse sans fin menace la Corne de l'Afrique d'une catastrophe humanitaire.