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Se rendra-t-il jusqu’au bout de ce projet ? Il reste à voir si tout cela est véritablement crédible ou s’il s’agit d’un autre geste impulsif du chanteur qui pourrait faire marche arrière.
Après avoir été largué par plusieurs partenaires tels que Gap, Adidas et Balenciaga pour avoir tenu des propos antisémites, Kanye West a annoncé la semaine dernière vouloir se présenter à nouveau à la présidence des États-Unis. L’homme qui n’en est pas à sa première controverse en a fait l’annonce après une visite à Mar-A-Lago, résidence privée de l’ancien président, Donald Trump.
Mais si seulement l’histoire s’arrêtait là.
Le rappeur américain, désormais connu sous « Ye », avait déjà eu un entretien en tête-à-tête avec l’ex-président en octobre 2018. La rencontre dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche semblait surréaliste à l’époque. Quatre ans plus tard, voici qu’il se retrouve à nouveau à ses côtés, mais cette fois-ci accompagné d’un suprémaciste blanc notoire, Nick Fuentes. Ce commentateur de 24 ans est reconnu pour ses propos contre les juifs, son rejet de l’Holocauste, l’idée que la « race blanche » est supérieure, son intégrisme catholique et sa participation à la manifestation désormais tristement célèbre Unite the right à Charlottesville en 2017.
Bien que Trump ait affirmé après coup qu’il ne connaissait pas Fuentes, il reste très peu probable que l’homme ait pu partager un repas avec l’ancien président sans qu’il y ait eu des vérifications de base sur son identité. Donald Trump n’a pas eu le choix de justifier cette rencontre ayant farouchement choqué la communauté juive avec qui il entretient normalement une excellente bonne relation. Son ancien ambassadeur en Israël, Daniel Friedman, a critiqué directement son ancien patron sur Twitter : «Je veux dire à mon ami Donald Trump qu’il vaut mieux que ça. Toute rencontre, même de courtoisie, avec un antisémite comme Kanye West et une ordure comme Nick Fuentes est inacceptable.»
To my friend Donald Trump, you are better than this. Even a social visit from an antisemite like Kanye West and human scum like Nick Fuentes is unacceptable. I urge you to throw those bums out, disavow them and relegate them to the dustbin of history where they belong. 1/
— David M Friedman (@DavidM_Friedman) November 25, 2022
Kanye West avait lancé tardivement une campagne pour l’élection présidentielle de 2020 où il a récolté autour de 70 000 votes. Après la défaite de Trump la même année, il avait déjà laissé un indice clair sur ses intentions.
KANYE 2024 pic.twitter.com/Zm2pKcn12t
— ye (@kanyewest) November 4, 2020
Cette fois-ci, son annonce survient deux ans avant le scrutin. Pour l’instant, la paperasse officielle ne semble pas avoir été signée, une étape nécessaire pour être officiellement déclaré candidat républicain à la présidence. À moins qu’il se présente comme indépendant ? Le fera-t-il ? Se rendra-t-il jusqu’au bout de ce projet ? Il reste à voir si tout cela est véritablement crédible ou s’il s’agit d’un autre geste impulsif du chanteur qui pourrait faire marche arrière.
Dans une vidéo à saveur électorale, Ye raconte avoir annoncé son ambitieux projet à Donald Trump, qui est lui-même candidat au 1600 Pennsylvania Avenue. Mais ce n’est pas tout. Il est allé jusqu’à lui demander d’être son colistier, c’est-à-dire que Trump abandonne sa propre campagne pour devenir le candidat à la vice-présidence de Kanye West. Pour un homme qui veut gagner à tout prix et être à l’avant-plan en tout temps, l’idée qu’il soit le numéro 2 de West est complètement farfelue. Toujours selon le rappeur, Trump lui aurait crié après en lui disant qu’il allait clairement perdre. Au moment d’écrire ses lignes, la vidéo semble avoir mystérieusement disparu du fil Twitter de l’homme concerné.
Pourquoi cette annonce, si elle se concrétise, peut-elle faire mal à Donald Trump ? Parce qu’elle divise le vote de sa base, celle qu’on associe au mouvement MAGA, Make America Great Again. Plusieurs personnes qui constituent «sa base MAGA» ont salué les derniers gestes d’éclat de West : des commentaires complètement disgracieux visant les juifs, aux controversés chandails White Lives Matter présentés à la semaine de la mode de Paris avant d’être remis à des sans-abris de Los Angeles.
Il s’est aussi entouré de Trumpistes connus comme Candace Owen et est récemment revenu triomphant sur la plateforme Twitter après avoir été banni. Avec Ron DeSantis qui ira chercher d’autres votes de cette même base, s’il se lance aussi dans l’arène, Trump n’a pas fini de s’inquiéter.
Est-ce que ce souper avec West et Fuentes à Mar-A-Lago n’était qu’un coup publicitaire du duo ou Trump a-t-il été instrumentalisé, quand ce n’est pas être carrément le dindon de la farce ? L’avenir nous le dira peut-être. Reste que je crois que le principal intéressé aurait pu s’en passer.