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Ce n’est pas en parlant des parties intimes d’Arnold Palmer que les républicains séduiront les indécis...
Après plusieurs rendez-vous manqués au cours des dernières années, Donald Trump et moi avons finalement eu notre soirée ensemble, accompagnés d’environ 3000 énergiques partisans de la Pennsylvanie. La dernière fois que nous avions été face à face était en janvier 2017 alors qu’il prêtait serment, main sur la Bible.
Les casquettes rouges MAGA se comptaient par centaines sur le tarmac de l’aéroport de Latrobe, municipalité de la région de Pittsburgh. Aucun partisan de Kamala Harris en vue. Au contraire, les conversations de mes voisins dépeignaient la candidate démocrate comme l’antéchrist communiste.
L’arrivée de l’ancien président était très impressionnante. L’avion qui porte son nom est passé au-dessus de nos têtes, juste avant le début de son discours.
Le début de son allocution n’est pas non plus passé inaperçu. Le républicain a enfilé les anecdotes sur le golfeur professionnel Arnold Palmer (aujourd’hui décédé) pendant 12 longues minutes. Il a même profité de l’occasion pour commenter autant ses talents sur le terrain de golf que... ses attributs physiques, observés lorsqu’il était sous la douche. Vous avez bien compris.
Bien que les anecdotes sur l’ancien pro étaient terriblement longues, j’ai pu constater à quel point Donald Trump savait séduire une foule. Dans la première moitié de son allocution, le showman était très efficace. À fond dans le discours à saveur populiste, il n’a pas hésité à se présenter en allié des travailleurs, blaguant et utilisant même quelques sacres pour colorer son discours.
Comme des centaines d’autres, j’ai véritablement décroché après le cap des 60 minutes (ou même avant si je suis totalement honnête). L’énergie n’était plus la même, les réactions de la foule non plus. Il s’agissait plutôt d’une répétition de ce qui avait été présenté plus tôt: la situation à la frontière est un désastre, Kamala Harris est pire que Joe Biden, le pays est à la dérive, les garçons veulent jouer dans des équipes féminines, les prisonniers ont des opérations de changement de sexe, l’élection est la plus importante de l’histoire et j’en passe.
Trump serait, à mon humble avis, beaucoup plus efficace s’il réduisait le temps qu’il passe sur scène.
La Pennsylvanie est l’État le plus convoité de la présente élection. Il avait permis à Trump de battre Hillary Clinton en 2016 et à l’inverse en 2020, il avait permis à Joe Biden de battre le président sortant. Ce n’est pas pour rien que les actuels candidats multiplient les visites du keystone state. Sur les terrains privés, et même publics, c’est la bataille des pancartes. Les organisateurs démocrates sont bien au fait que la course est extrêmement serrée et quelques milliers de voix pourraient faire la différence entre la défaite et la victoire.
J’ai pu le constater lors d’une activité porte-à-porte avec les bénévoles du parti. «La dernière fois l’élection s’est jouée avec cinq ou six voix dans certains bureaux de circonscription», martelait-on. «On doit gagner la présidence, mais aussi le Sénat et envoyer des représentants démocrates au Congrès. Rien n’est gagné.»
Le problème pour le parti de Harris: le manque de motivation de nombreux électeurs qui n’ont pas été convaincus par les quatre années de Biden au pouvoir. Certains m’ont confié être déçus de l’implication américaine dans les conflits à l’international au détriment des programmes sociaux qui pourraient être bonifiés avec les milliards utilisés pour armer les nations alliées. Du côté républicain, les partisans semblent gonflés à bloc, mais est-ce que ce sera suffisant? Ce n’est pas en parlant des impressionnantes parties intimes d’Arnold Palmer qu’ils iront séduire les indécis…
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