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Me Sophie Gagnon, DG de Juripop, insiste : «La sanction à privilégier lors des cas d’agression sexuelle c’est la prison ferme. Les absolutions, c’est assez rare». Elle croit tout de même que les besoins en formation sur les crimes sexuels sont grands.
L’absolution conditionnelle accordée à Simon Houle, un ingénieur de 30 ans de Trois-Rivières, coupable d’agression sexuelle et de voyeurisme, suscite de vives réactions.
Étienne Fortin-Gauthier a discuté du dossier mardi avec Me Sophie Gagnon, directrice générale de Juripop, au bulletin Noovo Le Fil 22.
Simon Houle a reconnu avoir agressé sexuellement une femme en avril 2019, à l’occasion d’une soirée entre amis. Il a été condamné à une absolution conditionnelle accompagnée notamment d’une ordonnance de probation de trois ans.
Dans son jugement, le juge Matthieu Poliquin indique: «Une peine autre qu’une absolution aurait un impact significatif sur sa carrière d’ingénieur. Cette profession nécessite de voyager à travers le monde.»
Cette décision a provoqué de vives réactions autant dans la population qu’auprès des organismes œuvrant auprès des victimes d’agression sexuelle.
Me Sophie Gagnon tient d’ailleurs à rappeler qu’un jugement avec une absolution conditionnelle n’est pas la norme dans les tribunaux lors de cas d’agression sexuelle.
«La sanction à privilégier lors des cas d’agression sexuelle c’est la prison ferme. Les absolutions comme celle dont on discute, c’est assez rare, c’est important de le rappeler», insiste-t-elle.
Dans son jugement, le juge Poliquin a mis en lumière des éléments qui ont fait sourciller plusieurs personnes. Il explique notamment que les agressions sexuelles sont des gestes graves, mais que dans le cas de M. Houle, l’agression a été de courte durée et que l’accusé était ivre au moment des faits.
«Les propos qui m’ont le plus choqué sont ceux concernant la durée de l’agression sexuelle. De dire que le tout s’est déroulé rapidement, à mon humble avis, cela banalise une agression rapide en comparaison avec une agression sexuelle plus longue alors que dans les faits les conséquences d’une agression sexuelle sont indépendantes de la durée du crime. La durée n’a pas de pertinence dans la gravité du crime», estime Me. Sophie Gagnon.
La directrice générale de Juripop croit que de tels commentaires viennent renforcer la nécessité d’offrir des formations spécialisées en matière de crime sexuel aux juges et aux divers intervenants qui œuvrent auprès des victimes.
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Dans l’ordre normal des choses, le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a choisi de porter la cause en appel.
Un processus normal selon Me Gagnon.
«La manière dont le DPCP s’y prend pour décider de porter un appel ou non, c’est réglementé. Le DPCP suit des directives. C’est un comité des appels qui est chargé d’évaluer l’opportunité d’amener un dossier en appel ou non», explique-t-elle.
Rappelons que Simon Houle travaillait pour le groupe Canimex de Drummondville et que son employeur a mis fin à son contrat de travail mardi matin. Le vice-président des ressources humaines de Canimex Michel Goulet a indiqué que dans l’entreprise «c’est tolérance zéro sur toute forme de violence».