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En décembre 2020, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, s'engageait à « s'attarder rapidement» à cet enjeu. Un an et demi plus tard, c'est le statuquo, alors que la Nouvelle-Écosse, l'Île-du-Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick ont décidé de tirer un trait sur la vente de cette catégorie de produits au cours des deux dernières années.
Même constat au niveau fédéral. Depuis la publication d'un projet de règlement dans la Gazette du Canada en juin 2021 et malgré des consultations sur la question, la vente de produits aromatisés demeure toujours légale dans les provinces qui n’ont pas légiféré sur la question.
Pourtant, dans ce même document, Santé Canada estime que l’accès à ces centaines de saveurs «est l’un des principaux facteurs ayant contribué à l’augmentation rapide du vapotage chez les jeunes.»
«Je suis un peu déçu qu'il y ait eu un engagement d'agir rapidement, mais qu'il n'y a toujours pas eu d'actions, se désole le responsable des dossiers de défense de l'intérêt public à la Société canadienne du Cancer, David Raynaud. Plus on attend, plus le nombre de jeunes qui s'initient au vapotage va augmenter.»
La vente de produits de vapotage demeure importante au Canada. Crédit photo : INSPQ
Dans son projet de règlement initial, Santé Canada prévoyait aussi une exemption pour permettra la vente des saveurs de menthe et menthol, malgré l’avis défavorable de plusieurs experts.
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L'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) recommande plutôt une mesure stricte, limitant la vente de tous les arômes, sauf celui de tabac.
«Le Québec pourrait le faire. Les provinces ont la légitimité et la capacité d’interdire la vente, précise la conseillère scientifique à l’INSPQ, Annie Montreuil. Mais c’est certain que ce serait préférable au niveau canadien pour vraiment limiter l’accès de manière substantielle aux produits aromatisés.»
La Société de cancer du Canada promet de faire de cet enjeu l’une de ses priorités lors des prochaines élections provinciales à l’automne prochain.
«Après toutes ces décennies à lutter contre le tabagisme et les dangers de la nicotine par la cigarette, qu’on laisse la porte ouverte à ces produits, ça nous inquiète», estime son porte-parole.
La Société de cancer du Canada promet de faire du vapotage l’une de ses priorités lors des prochaines élections provinciales à l’automne prochain. Crédit photo : Tony Dejak | La Presse canadienne/AP Photo
Questionné par Noovo Info, le Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) n’a pas été en mesure de fournir de détails concernant la progression du projet visant l’interdiction de la vente des produits aromatisés, jetant la balle dans la cour du cabinet de Christian Dubé.
Par courriel, l’attachée de ce dernier affirme que «le travail se poursuit», et assure agir «en mode préventif afin de protéger la santé [des] jeunes.» À quand faudra-t-il donc s’attendre à une décision ? La question demeure en suspens.
De nouvelles données publiées en juillet par l’INSPQ, démontrent que la popularité de la cigarette électronique chez les élèves du secondaire a bondi dès la légalisation par le gouvernement fédéral de la vente de produits de vapotage à base de nicotine en 2018.
En 2016-2017, 10 % des jeunes interrogés avaient utilisé une vapoteuse dans les 30 jours précédant l’enquête comparativement à 17 % en 2018-2019.
La proportion de jeunes québécois du secondaire qui affirment avoir vapoté en 2018-2019 a augmenté de 7 % comparativement aux niveaux de 2016-2017. Crédit photo : INSPQ
«En mai 2018, on a légalisé [ces produits] et au même moment on a vu l’arrivée sur le marché canadien d’un nouveau type de système à capsules. On a vu en parallèle une augmentation de la consommation chez les jeunes, donc ça coïncide avec cette période-là», souligne Annie Montreuil.
Quatre ans se sont écoulés depuis la collecte de ces données. Depuis, quelques changements d’importance se sont opérés au pays.
La loi fédérale sur la publicité des produits de vapotage a été resserrée, des maladies pulmonaires liées à leur utilisation ont été détectées et une limite de nicotine (20 mg/ml) a été instaurée.
Certaines études américaines et canadiennes laissent présager que les mineurs auraient diminué leur consommation au cours de la pandémie, entre autres, car les occasions de socialiser, et donc de vapoter, ont été grandement restreintes.
«Il va quand même falloir davantage de données pour voir vraiment si la pandémie a influencé l’usage chez les jeunes», précise la conseillère scientifique, Annie Montreuil.
Pour la Société canadienne du Cancer, l’inquiétude demeure vive malgré tout, alors que les mesures sanitaires ont été abolies.
«Il y a une crainte que ça reparte comme avant la pandémie, avoue David Raynauld. La dynamique était lourde dans les dernières. Ça m’étonnerait que ça change du jour au lendemain.»
Santé Canada continue d’examiner les réponses reçues lors de la consultation de 2021 en vue de déterminer les futures étapes de ce dossier réglementaire.